Une journée technique sur la cameline
La cameline en dérobée est une nouvelle culture d’intérêt pour les agriculteurs. Une journée a été organisée, le 13 mars dernier à Baziège (31), pour partager résultats technico-économiques et facteurs de réussite alors que les débouchés de cette espèce s’avèrent croissants dans les années à venir.
La journée cameline a eu lieu le 13 mars à Baziège (31)- Photo D. Jamet
La cameline recèle de beaux atouts agronomiques et des débouchés prometteurs, notamment pour les biocarburants dans l’industrie aéronautique lorsqu’elle est cultivée en dérobée (débouché « Carburant d’Aviation Durable »).
Pour faire découvrir cette culture aux agriculteurs et à leurs conseillers, les instituts techniques Terres Inovia et Arvalis ainsi que le transformateur Saipol avaient organisé une journée, à Baziège (31) dans le cadre du projet européen CARINA. Une cinquantaine de participants étaient venus de différentes régions, qu’ils soient agriculteurs, conseillers d’organismes économiques et de chambres d’agriculture ou représentants de firmes.
Au fil de la journée, les résultats techniques, les facteurs de réussite et les questions en suspens sur la conduite de culture de cameline en dérobée d’été et d’hiver ont été partagés et un essai variétal et sur les effets de précédent a été visité.
Les facteurs de réussite pour la dérobée d’été
L’institut technique Terres Inovia est intervenu, en particulier, pour « rappeler les clés de réussite de la cameline en dérobée d’été : la réussite de l’implantation, la gestion des adventices et mettre toutes les chances de son côté pour récolter précocement (semis précoce, variété précoce, choix de la bonne zone géographique…) », indique Domitille Jamet, chargée d’études à l’institut technique.
Bilan de campagne 2024 : des enseignements partagés
Photo : D. Jamet
Domitille Jamet a également partagé le bilan de la campagne 2024, aux résultats mitigés du fait des conditions climatiques compliquées de l’année avec un automne très humide. Il ressort malgré tout de ce bilan des enseignements pour améliorer notre conduite de l’espèce : le constat d’une bonne résistance de la cameline aux ravageurs et aux maladies, l’intérêt marqué du précédent pois d’hiver, l’importance du semis précoce et la nécessité d’une bonne gestion des adventices pour sécuriser la récolte.
Culture d’été en dérobé : un complément de marge significatif
Arvalis et Terres Inovia ont aussi diffusé les résultats économiques de l’insertion en dérobé d’été et d’hiver de la cameline. « Pour la culture en dérobé d’été, les résultats de marges à l’échelle de la culture et de la rotation sont positifs en marge brute, avec en particulier un intérêt technico-économique d’associer un précédent en pois d’hiver et une implantation en semis direct. La marge peut être variable selon les situations mais la cameline peut représenter un complément de marge qui peut être significatif à certaines conditions », précise Vincent Lecomte, chargé d’études en agroéconomie chez Terres Inovia.
Les semenciers étaient présents pour partager l’avancée variétale sur cette culture : Camelina Company et Nuseed (pour la moutarde d’Abyssinie) ont présenté les variétés disponibles et les critères utilisés pour sélectionner de nouvelles espèces (précocité, tolérance aux herbicides notamment).
Le transformateur Saipol est intervenu sur un sujet clé pour la réussite de la culture : les réglages de la moissonneuse batteuse pour optimiser la récolte de cameline. L’industriel, filiale du groupe Avril, a aussi présenté l’état du marché et des débouchés, en particulier, pour les intercultures (d’été ou d’hiver), celui des biocarburants durables à destination de l’aviation civile.
Enfin, les résultats obtenus dans les autres pays européens, partenaires du projet Carina, ont pu être partagés.
En savoir plus sur la cameline
• Le guide de culture publié par Terres Inovia
• Le projet CARINA
• Une conférence au Salon International de l'Agriculture
SIA 2025 : la cameline, une culture qui multiplie les atouts et les débouchés
Et si on s’intéressait à la cameline ? Culture robuste, ses atouts agronomiques et ses débouchés, notamment pour les biocarburants dans l’industrie aéronautique, ont de quoi séduire les agriculteurs.
Domitille Jamet (Terres Inovia) au Salon International de l'Agriculture, mercredi 26 février
Comment participer au développement de la bioéconomie de demain ? Avec la cameline ! Cette culture cache un fort potentiel. Au Salon International de l’Agriculture, une conférence organisée par Terres Inovia, Arvalis et Saipol, mercredi 26 février, sur le stand de l’Acta, a permis d’en savoir plus.
Une plante rustique peu exigeante en eau et en intrants
« La cameline intéresse beaucoup les agriculteurs et les industriels par ses atouts agronomiques et par son ouverture vers les nouveaux marchés de la bioéconomie », confirme Domitille Jamet, chargée d’études en systèmes de culture et agronomie pour Terres Inovia.
Son originalité ? « Un cycle court lui permettant d’être cultivée en dérobé et une plante peu exigeante en eau et en intrants, d’autant qu’elle résiste très bien aux excès de températures et aux bioagresseurs ».
Implantée en culture principale, elle est semée à l’automne ou au printemps, mais aussi en interculture. « Elle est pratiquée aussi en culture pure ou en association avec des légumineuses ou des céréales. Elle est aussi beaucoup cultivée en bio ».
Cameline : des surfaces selon deux modes de production
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Zoom sur trois modes de production
La cameline en interculture d’hiver
- Une production valorisable comme carburant d’aviation durable (RED III)
- Peu d’intrants sont nécessaires : entre 40 et 60 unités d’azote sont suffisantes.
- En culture intermédiaire d’hiver, elle offre une bonne couverture hivernale du sol et permet de lutter contre l’érosion.
- Un effet allélopathique à confirmer, exprimé au champ
La cameline en interculture d’été
- Une production valorisable comme carburant d’aviation durable (RED III)
- Peu d’intrants nécessaires
- Valorisation économique de l’interculture sans impact sur la culture principale
- Couverture du sol en interculture
- Espèce mellifère car la floraison se déroule à une période creuse en termes d’offre alimentaire pour les abeilles
La cameline en association
- Associations possibles avec des cultures de printemps (lentilles, pois, pois chiche…), des cultures d’hiver (pois, orge…) et de la lentille (très courant en agriculture biologique)
- De nombreux débouchés (alimentaire, cosmétique…) hors biocarburant pour l’aviation
- Un mode de culture qui favorise les interactions positives entre espèces
Des débouchés variés et prometteurs
Riche en huile et en acides gras, la graine de la cameline est très intéressante pour la consommation humaine et les tourteaux, mais aussi la cosmétique.
Les biocarburants constituent un débouché avec un énorme potentiel, en lien avec la décarbonation du secteur aérien.
La cameline en interculture : le débouché des biocarburants aériensLa cameline en interculture renferme un gisement de croissance conséquent avec la décarbonation du secteur aérien. « Le secteur de l’aviation européenne va devoir incorporer petit à petit un certain pourcentage de biocarburant, passant de 2% en 2025 à 60% en 2050 », précise Cédric Dufour, de Saipol, filière du groupe Avril et spécialisé dans la transformation des graines oléagineuses. Or, la Commission européenne ayant validé l’usage des intercultures pour les biocarburants aériens, ce débouché prend tout son sens pour la cameline. |
La cameline au cœur d’un vaste projet R&D européen : Carina
En 2023, un projet européen a été initié pour diversifier durablement les systèmes agricoles des pays de l’Union européenne en introduisant deux cultures mineures de graines oléagineuses, Brassica Carinata (moutarde d’Abyssinie) et Camelina Sativa (cameline). « L’objectif est de maitriser cette production et de voir comment insérer la cameline dans les associations de culture », précise Sylvain Marciac, d’Arvalis, l’un des 19 partenaires, avec Terres Inovia, de ce projet doté d’un budget de 8 millions d’euros.
Les résultats attendus du projet Carina• Une introduction réussie de nouvelles cultures en identifiant des modes d’insertion dans les systèmes de culture les plus favorables et adaptés à chaque contexte, ainsi que la production de références et recommandations techniques associées. |
Plus d'informations sur la cameline
- Le guide de culture sur la cameline
- Webinaire Jeudi de TI sur la cameline
Bioéconomie : cameline et Brassica carinata
Le volet technique du développement des intercultures oléagineuses pour les carburants d’aviation durables se structure avec les acteurs des projets Carina et 4CE-Med.
Paris, le 25 avril 2024 - Arvalis, Terres Inovia et Saipol ont réuni les agriculteurs, institutionnels et acteurs du monde agricole le 12 mars dernier pour une journée technique appelée « journée cameline : relever les défis techniques de l’amont à l’aval », organisée dans le cadre des projets européens Carina et 4CE-Med. Cet événement, qui s’est tenu sur la ferme expérimentale d’Arvalis à Boigneville, a permis aux partenaires de partager les dernières recommandations techniques pour accompagner le développement de cameline et Brassica carinata en intercultures, qui seront utilisées notamment pour le développement des carburants d‘aviation durables.
Un programme d’expérimentation soutenu par Carina et 4CE-Med
Les deux projets européens Carina et 4CE-Med étudient des systèmes de culture mobilisateurs de nouvelles ressources durables pour l’énergie en limitant les concurrences d‘usage des sols.
Le projet Carina soutenu par l’Union européenne vise à diversifier les systèmes de culture grâce à la culture de deux plantes oléagineuses, la Brassica carinata et la cameline. Les différentes stratégies de diversification étudiées pour ces deux cultures aux cycles courts visent à réduire la concurrence d’usage des sols. Les conduites en interculture de la cameline ou
de Brassica carinata, en association ou sur terres marginales sont travaillées avec les acteurs des filières afin de développer des systèmes de culture durables en tenant compte de différents modes d’insertion et d’itinéraires techniques associés. La valorisation de ces productions est travaillée dans une optique d’économie circulaire pour valoriser les coproduits en substances de biocontrôle. En combinant stratégiquement ces cultures, le projet Carina vise à renforcer la stabilité des rendements, à améliorer les revenus des agriculteurs et à promouvoir la durabilité globale des systèmes agricoles. En outre, cette initiative vise à contribuer à la croissance et au développement du secteur de la bioéconomie. Afin de faciliter le déploiement de systèmes innovants, Carina abordera également les questions de certification des matières premières à faible impact sur l'environnement destinées à l'industrie biosourcée.
Le projet 4CE-MED soutenu par PRIMA a initié les travaux sur la cameline dans des systèmes de double culture en zone méditerranéenne. Ce projet a également permis de travailler sur les voies d’insertion de cette culture avec les acteurs des filières dans une logique de durabilité et de co-conception, notamment dans des systèmes en agriculture de conservation.
A l’occasion de la journée technique, les instituts techniques agricoles Terres Inovia et Arvalis ont partagé les résultats de leurs derniers travaux sur la cameline : ils ont mis en avant les différents modes d’insertion de la cameline dans les systèmes de culture, et proposé des recommandations techniques adaptées pour les différents modes de production, les points d’attention et les conditions de réussite. Les instituts devront également explorer de nouvelles questions dans le cadre de leurs activités de recherche sur la cameline, comme le préfauchage pour avancer la récolte, les modalités de semis et de gestion de la paille du précédent, les zones de faisabilité de la culture en fonction du contexte pédoclimatique... A noter que de gros enjeux existent encore pour les dérobés : stabilisation des rendements sur la cameline en dérobé estivale dans un contexte climatique incertain, capacité de récolter la cameline assez précocement pour pouvoir implanter une culture après pour la cameline en dérobée hivernale par exemple.
Les instituts techniques ont aussi proposé à cette occasion des recommandations pour différents itinéraires techniques : dérobé d’été et dérobé d’hiver, sous formes de fiche disponibles auprès des instituts.
Les instituts techniques prêts à accompagner le développement des intercultures sur le terrain
En interculture d’été, aussi appelée dérobée estivale, la cameline a été étudiée dans un vaste réseau de parcelles agriculteurs par Terres Inovia, Saipol et différentes coopératives. Pois d’hiver et orge sont les deux précédents majeurs pour un semis avant le 10/07, avec de moindres contraintes techniques après pois. La gestion du mode d’implantation après céréale doit être bien travaillée, préférentiellement en semis direct à dents. Une fertilisation de 10 à 40 unités selon le précédent permet d’améliorer l’implantation de la culture. Le semis doit être réalisé dès la récolte. L’organisation du travail pour assurer récolte et le semis dans la foulée est un enjeu majeur. En dépit de la tolérance à la sécheresse de la cameline, les potentiels de production dépendent de la pluviométrie estivale, notamment à la levée : de 0,5 à 1,5 t/ha. La récolte se déroulera fin septembre début octobre.
Cette même cameline peut être semée à l’automne juste avant la campagne de semis de céréales (1 au 20/10 du Nord au Sud) pour être récoltée en mai avant l’implantation d’une culture principale d’été (sorgho, tournesol, soja, sarrasin, maïs) un peu tardive. La date de récolte est une condition de réussite essentielle de cette succession ; le choix de culture alimentaire et des variétés associées seront aussi déterminants. Le pré-fauchage est une technique étudiée et serait une option d’intérêt (Pour en savoir plus : Impact du fauchage-andainage sur la récolte de cameline d’hiver - arvalis.fr (youtube.com)). Les besoins en fertilisation azotée sont aussi réduits (40 à 60 kg N/ha).
Les points clés de chaque mode de production sont à l’étude : l’alimentation hydrique pour les intercultures d’été et la réussite des cultures principales après cameline en interculture d’hiver. Des techniques comme le relay cropping sont aussi travaillées face à ces contraintes.
Un déploiement progressif dès 2024 cadré par un débouché industriel proposé par Saipol
Acteur industriel du projet Carina en relation avec les metteurs en marché, Saipol a présenté les résultats des expérimentations des années précédentes et exposé les ambitions pour 2024. Afin d’accompagner la montée en puissance des cultures intermédiaires oléagineuses pour répondre aux futurs besoins en carburants d’aviation durables, Saipol initie dès 2024 le marché des intercultures oléagineuses en France en proposant un prix attractif pour les graines de cameline en interculture.
Concrètement, par l’intermédiaire des organismes collecteurs ciblés, les graines de cameline bénéficieront d’un prix incitatif ainsi que d’une « garantie récolte » si le cahier des charges est respecté. Véritable opportunité pour les agriculteurs et les organismes collecteurs, Saipol a pour objectif de préparer le terrain à une montée en puissance des volumes dès la récolte suivante (voir le communiqué).
Saipol compte transformer jusqu’à 2 000 tonnes de graines d’intercultures françaises dès 2024 puis multiplier par 5 les volumes transformés dès la récolte 2025, prenant le leadership en Europe sur la transformation des intercultures pour les carburants d’aviation durables, en assurant le partage de la valeur.
Autres axes à l’étude
La journée du 12/03 a également permis d’aborder d’autres voies de production pour des marchés bas carbone : les cultures en association ou en culture principale après d’autres cultures intermédiaires pour le biogaz par exemple. Cette journée sera renouvelée annuellement pour faire part des avancées des travaux et sera complétée de visites d’essais en cours.
Pour aller plus loin
• Projet Carina : https://www.carina-project.eu/about/
• Projet 4CE-Med : https://www.4cemed.eu/accueil/
• Le guide de culture cameline, publié par Terres Inovia, téléchargeable en ligne : https://www.terresinovia.fr/p/cameline-guide-de-culture
Documents à télécharger
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