03,15,43,63
Lutte contre l’ascochytose, maladie principale du pois chiche
L’ascochytose (Ascochyta rabiei), est la maladie principale du pois chiche. C’est aussi le bioagresseur le plus courant et le plus préjudiciable pour la culture sur tout le territoire. Il existe plusieurs voies de contamination, la plus courante étant la voie aérienne (vent, splashing…) puis une propagation dans la parcelle, en cours de cycle, souvent durant la phase reproductive
Attention cependant, la semence peut également être vectrice : cette contamination, dite « primaire » est très préjudiciable - Voir article implantation du pois chiche
Les tous premiers symptômes sont apparus fin avril. A ce jour, ils sont peu fréquents et peu intenses mais il convient d’être réactif dès lors que la maladie est détectée. Les conditions sont actuellement réunies pour observer des contaminations.
Le développement de l'infection est possible entre 5°C et 30°C, avec une température optimale autour de 20°C. Si l'humidité relative (HR) est supérieure à 98%, avec 20°C, il faut au minimum 7h pour déclarer l'infection, et 17h pour une infection sévère.
Le cycle de contaminations secondaires est très rapide, (4 à 5 jours)
Reconnaitre l’ascochytose et limiter son apparition ?
Quelle stratégie adopter lorsque la maladie est présente ?
Application d’une protection dès l’observation des premiers symptômes afin de protéger la période de floraison est préconisé. Si l’application est tardive, avec des symptômes déjà bien installés, privilégier des spécialités commerciales à base de triazoles ou sdhi.
Exemple de stratégie possible :
Gestion d’héliothis, un ravageur de plus en plus présent
A la faveur d’étés chauds et secs qui se répètent, l’héliothis entraine de plus en plus régulièrement des dégâts dans les parcelles de pois chiche. Les campagnes 2024, 2023 et 2022 en sont de bons exemples. Sur ces campagnes, en fonction des secteurs, et de l’année, la pression a été telle que la gestion en parcelle a pu être très difficile. Le Sud-Ouest et le Sud-Est sont les principaux bassins touchés à ce jour.
Extrait du BSV - 12 juin :
Sud: Risque moyen, à fort pour les parcelles les plus précoces, à l’Est du territoire. Grande vigilance pour les prochaines semaines. La grande majorité des parcelles vont entrer dans la période de risque d’ici les prochains jours. Soyez attentif. Les conditions climatiques actuelles sont propices à l’activité du ravageur.
L’héliothis, c’est quoi ?
L’héliothis ou noctuelle de la tomate, appartient à la famille des lépidoptères et touche de nombreuses espèces cultivées : légumes plein champ (melon, tomate, haricots, etc.), maïs, sorgho, soja ,... Ce lépidoptère peut être très préjudiciable à la culture via son impact direct sur le potentiel de rendement mais aussi sur la qualité des graines. On considère que les dégâts peuvent atteindre 30 à 40% de perte de rendement et peuvent même aller jusqu’à 90% dans les situations les plus propices au ravageur.
Gestion du risque héliothis
La lutte repose sur le suivi des papillons et la détection des pics de vol, qui annoncent de prochaines pontes. En effet, ce sont les larves qui s’alimentent des graines en formation. Le suivi du ravageur passe par le piégeage des papillons mâles via des pièges à phéromone de type Funnel. Le piégeage n’est qu’un indicateur du vol : il permet de détecter le début de vol, la cinétique et les pics. Ce n’est pas un outil de lutte contre le ravageur.
Pour l'Occitanie, Les informations de piégeage sont transmises via le BSV en Occitanie.
Heliothis est attiré par l’apparition des premières fleurs. La phase de risque débute lorsque les plantes atteignent le stade « premières gousses ». Le cœur de la phase de risque s’étend entre les stades « premières graines » et « remplissage des graines », le risque prend fin avec l’apparition des premiè-res gousses mûres.
Dans la période de risque et lorsqu’un pic de vol est observé il est conseillé de déclencher une protection (voir solutions autorisées ci-après). Attention, le ravageur étant polyphage, il se peut que, malgré le pic de vol et la culture dans la phase de risque (ex : stade premières graines), les pontes soient réalisées sur une autre culture plus attractive au moment du vol.
On note deux à trois générations par an (mais il peut en avoir jusqu’à quatre). Généralement, il y a deux générations durant le cycle du pois chiche.
Les jeunes larves, dites L1, L2 consomment surtout du feuillage, elles restent sur le haut du couvert et sont plus faciles à détecter. A ce stade, elles ne causent que peu de dégâts. Les larves L3, L4 consomment particulièrement les graines en cours de remplissage, elles sont donc dommageables à la culture. Elles restent cachées dans les gousses, à l’intérieur du couvert et on note leur passage par les trous laissés sur celles-ci après leur passage.
Des dynamiques multi-partenariales Sud-Ouest pour répondre aux enjeux de l’héliothis
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Dérogation 120j ALTACORAfin de répondre aux enjeux de la lutte contre le principal ravageur de la culture, une demande de dérogation 120 jours (art 53 REG 1107/2009) déposée auprès du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire par TERRES INOVIA en accord avec FMC a reçu un avis favorable. La spécialité commerciale ALTACOR (AMM 2100122, FMC) bénéficie d’un usage dérogatoire pour la campagne 2025, du 25 avril au 23 août 2025 pour le pois chiche au sein de l’usage Légumineuses potagères (sèches)*Trt Part.Aer.*Chenilles phytophages (uniquement pois chiche). ALTACOR est composé de chlorantraniliprole (350g/kg) et est autorisé à la dose maximale d’emploi de 0,07 kg/ha des stades BBCH40 à BBCH89 en 1 application maximum (délai de rentrée : 6 heures et délai avant récolte : 14 jours). Plus d’informations sur l'article dédié: Dérogation Altacor 2025 |
Stratégies de lutte contre héliothis
Avec Altacor
Sans Altacor
Voir conditions d’emploi sur ephy.anses.fr
La stratégie de lutte contre l’héliothis vise à atteindre les jeunes larves (L1, L2). L’efficacité des solutions disponibles sur les larves les plus développées (L3, L4) est moindre, il faut donc positionner la protection le plus tôt possible après les pontes.
Nos essais 2024 démontrent que les populations d’héliothis sont résistantes aux pyréthrinoïdes : l’efficacité de cette famille d'insecticides n’a donc plus d’intérêt dans la lutte contre le ravageur. Privilégier les solutions alternatives comme les solutions à base de Bt (Dipel DF, Xentari, Delfin par ex), de baculovirus (Helicovex) ou Altacor (dérogation campagne 2025 120 jours, art 53 REG 1107/2009). Les solutions à base de Bt comme par ex Dipel DF et Helicovex sont sensibles au lessivage par les pluies (respectivement 20 mm pour le Bt et 50 mm pour Helicovex - source firme). Leur niveau de rémanence d’action est d’environ 10 jours.
Pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs, ne pas appliquer durant la floraison ou en période de production d'exsudat, à l'exception des usages bénéficiant de la mention abeille (F, PE, FPE) ou emploi possible. L'arrêté du 20 novembre 2021 encadre les horaires d’application : dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil et dans les 3 heures qui suivent le coucher du soleil.
Lutte contre l’héliothis (noctuelle de la tomate) du pois chiche - Dérogation 120 jours ALTACOR®
L’héliothis (Helicoverpa armigera) peut s’attaquer au pois chiche, dès le début de la floraison avec une phase de risque importante dès l’apparition des gousses et jusqu’à l’entrée en maturité de la culture. Le ravageur impacte le potentiel de rendement et la qualité des graines sur les parcelles touchées. La pression héliothis a été très importante ces deux dernières campagnes.
Cette année, les semis se sont déroulés de mi-décembre dans le Sud-Est à début avril pour les secteurs de production dans le Centre-Ouest. Dans le Sud-Est, les conditions climatiques de la fin d’hiver ont été pluvieuses, entraînant des retards à la levée et des resemis. Pour les autres secteurs de production la levée a été correcte. Les parcelles vont entrer en floraison d’ici 2 à 3 semaines pour les parcelles les plus précoces.
Afin de répondre aux enjeux de la lutte contre le principal ravageur de la culture, une demande de dérogation 120 jours (art 53 REG 1107/2009) déposée auprès du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire par TERRES INOVIA en accord avec FMC a reçu un avis favorable. La spécialité commerciale ALTACOR (AMM 2100122, FMC) bénéficie d’un usage dérogatoire pour la campagne 2025, du 25 avril au 23 août 2025 pour le pois chiche au sein de l’usage Légumineuses potagères (sèches)*Trt Part.Aer.*Chenilles phytophages (uniquement pois chiche).
ALTACOR® est composé de chlorantraniliprole (350g/kg).
ALTACOR® est autorisé à la dose maximale d’emploi de 0,07 kg/ha des stades BBCH40 à BBCH89 en 1 application maximum.
Délai de rentrée : 6 heures Délai avant récolte : 14 jours
Protection de l’eau et de l’environnement
• SPe 1 : Pour protéger les organismes aquatiques, ne pas appliquer ce produit ou tout autre produit contenant du chlorantraniliprole plus d'une année sur deux sur les sols artificiellement drainés.
• SPe 2 : Pour protéger les organismes aquatiques, ne pas appliquer sur sol artificiellement drainé ayant une teneur en argile supérieure ou égale à 45 %.
Protection des organismes aquatiques, des arthropodes et des plantes non cibles
• SPe 3 : Pour protéger les organismes aquatiques, respecter une zone non traitée de 20 mètres comportant un dispositif végétalisé permanent non traité d’une largeur de 5 mètres en bordure des points d’eau.
• SPe 3 : Pour protéger les arthropodes non-cibles, respecter une zone non traitée de 5 mètres par rapport aux zones non cultivées adjacentes.
Protection des abeilles
• SPe 8 : Peut être dangereux pour les abeilles. Application possible durant la floraison et sur les zones de butinage, en dehors de la présence d’abeilles, dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil ou les 3 heures suivant le coucher du soleil.
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Dose ALTACOR® à appliquer : 0,07 kg/ha Une seule application autorisée par campagne que l’on positionnera en début de programme une fois entrée dans la période de risque et en présence de capture significative de papillons (via réseau de piégeage). L’efficacité d’ALTACOR® est dépendante de la qualité de l’application, adapter le volume de bouillie à la végétation pour en recouvrir la totalité (viser à minima 300 l/ha de bouillie) et du stade des larves (meilleure efficacité sur stades jeune L1-L2). Si les captures d’héliothis se poursuivent, la protection pourra être complétée dans la suite du cycle par des spécialités autorisées à base de Bacillus thuringiensis (Dipel DF, Xentari, Delfin…) ou de baculovirus (Helicovex). |
Pour plus d’informations sur l’héliothis du pois chiche, un article plus complet sur la stratégie de gestion d'héliothis sera disponible très prochainement
- Laurent Ruck - l.ruck@terresinovia.fr - Ingénieur de développement - Protection intégrée des cultures Intrants & Biocontrôle
- Quentin Lambert – q.lambert@terresinovia.fr - Référent national pois chiche et régional Centre et Est Occitanie
Les colzas abordent le stade de sensibilité vis-à-vis du méligèthe
A la faveur des températures douces et de l’allongement de la durée d’ensoleillement, les colzas sont aujourd’hui dans une phase de croissance active. Avec le maintien des températures conjugué à un retour des pluies et un bon enracinement, toutes les conditions devraient être réunies pour assurer au colza une poursuite de son développement sans entrave majeure dans les jours à venir. Dans ce contexte et jusqu’à l’entrée en floraison, le risque lié au méligèthe est à prendre en compte à travers une surveillance rigoureuse.
Pour bien prendre en compte votre situation, nous vous conseillons de vous référer à votre BSV régional:
La gestion de ce ravageur repose sur la mesure du risque la plus juste possible, pour décider d'intervenir ou de ne pas intervenir.
Visiter les parcelles pour évaluer le risque
Les règles de décision mises au point pour lutter contre les méligèthes visent à maintenir la population à un niveau acceptable (et non de l’éradiquer) pour que la floraison puisse s'engager franchement et que les capacités de compensation du colza, importantes à cette période du cycle, puissent s'exprimer.
Observer les parcelles du stade D1 (BBCH50) correspondant à l’apparition des boutons accolés toujours cachés sous les feuilles jusqu’au stade F1 (BBCH60) correspondant aux 1ères fleurs ouvertes sur la moitié des plantes :
- Au stade D1 lorsque les boutons floraux sont présents et encore dissimulés sous les feuilles terminales, les méligèthes sont plus difficiles à observer. Il faut prendre le temps de bien analyser la zone de feuilles entourant les boutons. Au stade D2 (BBCH53) et E (BBCH57), les boutons sont complètement visibles et les méligèthes sont plus facilement repérables.
- Les comptages en bordure ou sur les plantes les plus hautes ne sont pas représentatifs de la situation. Evitez les plantes pièges si elles sont présentes. Comptage sur 4 x 5 ou 2 x 10 plantes consécutives.
Prendre en compte l’état du colza et le nombre de méligèthes par plante
Rappelons qu’un colza vigoureux et sain, pourra supporter une présence, même importante de méligèthes. Au contraire, un colza chétif, stressé, dans un contexte contraint sera particulièrement vulnérable.
- La vigilance doit à présent être maintenue par un dénombrement régulier sur les plantes pour se situer par rapport aux seuils.
- Dès que les fleurs sont ouvertes, le pollen étant libre d’accès, la nuisibilité du méligèthe devient généralement nulle et le traitement inutile.
- Surveillance de rigueur également dans les situations avec une variété haute et très précoce (ex : ES Alicia ou DK Exavance) en mélange. Cette pratique permet de maîtriser certaines attaques faibles à moyennes mais n’exclue pas la surveillance ! En cas de fortes attaques, au-delà des seuils indiqués ci-dessous sur les plantes d'intérêt, un contrôle des populations de méligèthes peut se justifier.
- Il est important de ne pas intervenir trop rapidement afin de toucher le maximum d'insectes lors de l'application.
- Toute intervention est à éviter à partir de l’apparition des premières fleurs dans la végétation sauf si la pleine floraison ne se produit pas une semaine après l’apparition des premières fleurs.
Les seuils d'intervention
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Etat de la culture |
Conseil et seuil d'intervention |
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Si le colza n’est pas vigoureux en sortie d’hiver (petits colzas dus aux levées tardives, infestations larvaires ...) et/ou si les conditions environnementales sont défavorables aux compensations (températures faibles, plantes stressées en eau, dégâts parasitaires antérieurs de type larves d'altises, charançons du bourgeon terminal). |
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Si le colza est vigoureux (sain, bien implanté, dans un sol profond et en l'absence de stress printanier significatif). |
Attendre le stade E (boutons séparés) et intervenir uniquement si le seuil de 4 à 6 méligèthes par plante est dépassé. |
Quels insecticides utiliser ?
Les méligèthes sont résistantes aux pyréthrinoïdes en «ine» lambda-cyhalothrine, deltaméthrine, cyperméthrine,… Le taufluvalinate et l'étofenprox sont 2 pyréthrinoïdes qui échappent à la rapide métabolisation par les méligèthes et conservent leur potentiel d’efficacité.
Les substances actives efficaces sur méligèthes
- l'étofenprox (TREBON,30EC, UPPERCUT 0.2 l/ha)
- le tau-fluvalinate (MAVRIK SMART, TALITA 0.2 l/ha)
Recommandations d’utilisation
- Volume de bouillie, un optimum autour de 200 l/ha : pour optimiser l'efficacité d'une pulvérisation insecticide, il est conseillé de travailler à volume « normal », en évitant les trop bas-volumes, inférieurs à 100 l/ha.
- Le contexte de réalisation est important : réglage du pulvérisateur, conditions climatiques, caractéristiques du produit appliqué.
- Protection des abeilles: Dangereux pour les abeilles (phrase SPE8) : pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs, ne pas appliquer durant la floraison et/ou en période de production d'exsudat, à l'exception des usages bénéficiant de la mention abeille F, PE, ou FPE. En cas d’intervention tardive (par exemple, stade E avec apparition des premières fleurs), utiliser impérativement les solutions efficaces et bénéficiant d’une dérogation abeille : MAVRIK SMART, TREBON 30EC (stade limite d’utilisation BBCH61) Attention : ces applications font l’objet d’un arrêté encadrant les horaires d’application : dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil et dans les 3 heures qui suivent le coucher du soleil.
Une utilisation raisonnée de ces solutions est indispensable. Lire attentivement les étiquettes et la documentation disponible et respecter les recommandations d'emploi.
Vos contacts en région :
- Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr) – Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur
- Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
- Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Occitanie
Semis - Rechercher les conditions optimales
Le semis joue un rôle capital dans l’obtention d’un tournesol robuste. La réussite de cette opération clé doit se traduire par un démarrage rapide de la culture et une moindre exposition des jeunes plantules aux ravageurs de début de cycle (limaces, oiseaux, taupins), par l’obtention d’un peuplement régulier, et par la limitation du risque mildiou.
Réaliser les dernières préparations sur sols ressuyés
En sortie d’hiver, les conditions d’humidité dans lesquelles sont réalisées les opérations de destruction des couverts végétaux et de préparation au semis sont déterminantes. Un passage d’outil dans des conditions d’humidité du sol inadaptées aura des conséquences rédibitoires sur l’enracinement du tournesol, le pivot du tournesol étant très sensible aux accidents structuraux tel que tassements ou lissages. Il convient par conséquent i- de saisir les créneaux favorables (sol à consistance friable, sous les doigts, les mottes s’émiettent sans coller et donnent de la terre fine), sinon ii- d’attendre, avant de réaliser toute intervention, un ressuyage correct. Cela implique une surveillance régulière de l’état d’humidité du sol. En présence d’un couvert en phase de croissance rapide (cas d’une féverole en préfloraison), de surcroit avec des températures douces, une surveillance quotidienne s’impose.
Viser une levée avant le 1er mai
Les semis précoces, s’ils sont réalisés dans de bonnes conditions, montrent un avantage sur les résultats techniques du tournesol. Cette tendance a été majoritairement observée sur les dernières campagnes de production. Elle est corroborée par une analyse multivariée des enquêtes sur les pratiques culturales du tournesol réalisées par Terres Inovia entre 1996 et 2019 (sur treize campagnes). Celle-ci met en évidence un intérêt significatif des semis précoces (avant le 15 avril) par rapport au rendement.
Si les conditions météo sont favorables, sans pluies abondantes au cours des jours suivant le semis, tenir l’objectif d’un semis avant la mi-avril sera possible dans un grand nombre de situations. Il s’agit d’être opportuniste pour ne pas manquer les bons créneaux, et ainsi positionner au mieux le cycle de la culture par rapport à l’offre climatique (températures, et surtout esquive de la contrainte hydrique estivale). Le tournesol doit lever avant le 1er mai pour viser une entrée en floraison début juillet. Précisons enfin que les dates de semis doivent être adaptées à la précocité de la variété choisie.
Ne décaler la date de semis que pour des raisons sanitaires
- En situation de risque mildiou (symptômes observés par le passé), il est recommandé de retarder le semis, si de fortes pluies sont annoncées dans les 5 jours. La contamination des plantules ayant lieu au moment de leur émergence, la présence d’eau libre durant cette phase favorise la germination des spores de mildiou qui vont alors infecter le tournesol.
- En situation fortement infestée par des adventices estivales difficiles (ambroisie, datura, xanthium), la réalisation de faux-semis printaniers peut s’avérer un levier efficace. Cette pratique nécessite de décaler la date de semis pour laisser le temps aux adventices de lever, puis d’avoir une fenêtre climatique favorable pour les détruire. Ce décalage de la date de semis est à réserver pour les situations où la priorité est placée sur la gestion des flores problématiques. En effet, en l’absence de ces adventices il n’est pas spécialement conseillé de décaler le semis du tournesol, pour ne pas risquer d’entamer le potentiel de rendement.
Attendre que le sol soit suffisamment réchauffé
Il est impératif de semer sur un sol ressuyé et suffisamment réchauffé à 5 cm de profondeur, avec une température supérieure à 8°C durant plusieurs matinées consécutives.
- Une mesure de la température, avec un simple thermomètre de sol, au niveau du lit de semence est par conséquent un indicateur utile pour décider de la date de semis.
- Consulter les prévisions météorologiques est également nécessaire. L’annonce d’une baisse notable des températures doit inciter à la prudence, surtout si le sol est humide.
- A l’inverse, si le sol est bien ressuyé, un semis en conditions fraiches peut être envisagé si un réchauffement des températures est annoncé pour les prochains jours.
- Le lit de semence doit être assez fin pour permettre un bon contact sol/graine et une parfaite fermeture du sillon, en évitant toutefois l’excès de terre fine, en particulier en sol battant. En argilo-calcaire l’idéal est de rechercher une proportion équivalente de mottes et de terre fine.
Prendre le temps de semer
Parce que la régularité de peuplement compte autant que la densité, le semis doit être réalisé à vitesse modérée, 4km/h, avec un maximum de 6km/ha. Les semoirs monograines de nouvelle génération, dit « rapides » à distribution électrique, permettent néanmoins d’augmenter le débit de chantier.
Des essais menés en 2021 et 2022 ont montré que des semis réalisés à 10-12 km/h avec ce type de semoir « rapide » donnaient lieu à une levée, un peuplement et un rendement similaires à ceux obtenus avec un semoir classique à vitesse modérée. Pour des vitesses de semis au-delà de 12 km/h, une perte de rendement est observée.
Prendre le temps de semer permet une meilleure maitrise de la profondeur de semis.Viser 2 à 3 cm de profondeur dans un sol frais, et 4 à 5 cm grand maximum si le sol est sec en surface. Cette profondeur est évaluée par rapport « à l’épaisseur de terre que le tournesol a au-dessus de la tête », on ne tient pas compte de la hauteur des billons formés par les chasse-mottes. Attention sur les sols légers car les billons peuvent s’affaisser; la graine peut alors se retrouver à une profondeur trop importante.
Décider d’une densité de semis adaptée à chaque situation
Outre les conditions de semis, le peuplement dépend particulièrement de la densité semée.
L’optimum de densité est dépendant de la contrainte hydrique de la parcelle (type de sol et profondeur), de l’écartement entre rangs et du secteur géographique, en particulier si la parcelle est située dans une région qualifiée de « fraîche » ou à fin de cycle humide qui va impacter la capacité des capitules à sécher rapidement.
- En moyenne la densité de semis optimale se situe entre 65 et 70 000 graines/ha pour atteindre les objectifs de rendement et de richesse en huile visés.
- Dans les situations à large écartement (supérieur à 60 cm), attention aux surdensités sur la ligne qui peuvent induire une concurrence entre les pieds.
- Préférer un écartement de 40 à 60 cm : selon les régions et le potentiel de la parcelle, 1 à 4 q/ha sont à gagner par rapport à un écartement large de type maïs (75 à 80 cm) à densité équivalente de semis.
Maitriser les dégâts des ravageurs de début de cycle
Les dégâts seront d’autant plus faibles que la levée sera rapide ; au-delà de la première paire de feuilles, les jeunes plantes seront hors risque oiseau, il faudra attendre le stade 2 paires de feuilles pour être hors risque limaces !
Limaces
Les plantules de tournesol sont vulnérables de la levée jusqu’au stade 2 feuilles
- Si les conditions au semis sont humides et si une attaque est attendue (risque à évaluer avant le semis en fonction de l’historique et des pratiques), appliquer une protection anti-limaces à la surface du sol juste après le semis (une ou des applications relais peuvent être nécessaires en fonction de l’activité du ravageur et de la vitesse de délitement des granulés).
- Pour les parcelles jouxtant un cours d’eau, utilisez un appareil qui contrôle l’épandage en bordure (type SPANDO TDS), ou utilisez un anti-limace à base de phosphate ferrique (autorisé en culture BIO).
Taupins et noctuelles terricoles
Ils occasionnent dans certaines situations des pertes de pieds importantes. Outre une levée rapide, une légère augmentation de la densité de semis permettra d’anticiper et compenser les pertes éventuelles. Pour les situations à risque taupin – antécédents d’attaques ou précédents favorables (prairie, friches, culture fourragère ou légumineuse) – un insecticide pourra être appliqué au semis.
Plusieurs produits en micro-granulé sont autorisés en application au semis. Veillez à respecter les prescriptions réglementaires sur l’utilisation des diffuseurs: en particulier, les microgranulés à base de lambda-cyhalothrine et de téfluthrine doivent être incorporés respectivement à 4 et 3 cm de profondeur minimum et donc sans diffuseur.
- Belem 0.8MG/Daxol (cyperméthrine) à 12kg/ha,
- Karate 0.4GR (lambda-cyhalothrine) de 12 à 15 kg/ha,
- Trika Expert+ (lambda-cyhalothrine) à 15 kg/ha
- Force 1.5G (téfluthrine) à 10 kg/ha
Votre contact régional
• Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
• Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr)- Occitanie
• Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr) – Auvergne Rhône alpes et Provence Alpes Cote d’Azur
Quel choix variétal en soja en Auvergne Rhône-Alpes en 2025 ?
Terres Inovia s’appuie en 2024, en Auvergne Rhône-Alpes sur les résultats de 9 essais conduits en collaboration avec ses partenaires, pour accompagner les producteurs dans leur choix variétal.
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Dernières actualités Variétés sur Myvar: |
Pour choisir la précocité, il est essentiel de considérer à la fois le débouché et la situation pédoclimatique. Le groupe de précocité 00 s'avère le plus adapté à la région Sud-Est. Selon l'altitude, le climat et le type de sol, il est possible d'opter pour différents groupes de précocité. Dans les zones d'altitude ou sous des climats continentaux, les variétés doivent être précocifiées pour éviter des récoltes trop tardives, susceptibles d'être affectées par des épisodes pluvieux. Le long de la vallée du Rhône, le climat méditerranéen permet une plus grande diversité de précocité, avec des variétés provenant des groupes 0, voire du groupe I, au sud de Rhône-Alpes.
Classification des variétés testées dans le réseau Terres Inovia en 2024 en Auvergne Rhône-Alpes
13 variétés du groupe 00 ont fait l’objet d’une évaluation à travers 5 essais, tandis que 8 variétés du groupe 0 ont été testées sur 4 essais en 2024 (voir Tableau 1).
Il convient de noter que deux essais ont été réalisés cette année avec les groupes de précocité 000 ainsi qu’un essai avec les groupes de précocité I. Les résultats de ces essais ne sont pas inclus dans cette étude en raison d'un manque de données suffisantes. Pour obtenir les résultats spécifiques, vous pouvez les consulter respectivement aux pages 7 et 16 de la synthèse variétale nationale soja 2024.
Groupe 00
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Tableau 1 : classification des variétés 00 et 0 dans le réseau variétal Terres Inovia 2024 en Auvergne Rhône-Alpes La longueur des barres illustre la régularité de la variété par rapport à l’ensemble des variétés évaluées ; elle est égale à 2 écarts types (ET). Plus la barre est longue, plus la variété est irrégulière. |
Relation protéines-productivité des variétés 00 de soja en Auvergne Rhône-Alpes en 2024
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Le rendement moyen des cinq essais en soja de groupe 00 s’élève à 34,3 q/ha, tandis que la teneur moyenne en protéines sur matière sèche atteint 41,3 % sur quatre essais.
En tête du classement, la variété ANNABELLA se distingue par sa combinaison optimale de rendement et de teneur en protéines, affichant également une excellente régularité au cours des cinq essais de 2024.
Les variétés LID CONSTRUCTOR et LID EDUCATOR montrent de belles performances en matière de productivité, bien qu'elles présentent des écarts-types plus importants et soient moins performantes en termes de teneur en protéines. LID EDUCATOR, étant une variété de fin de groupe 00 et début de groupe 0, est la plus tardive de la série.
ADELFIA se distingue par une bonne productivité, avec un indice supérieur à 100, ce qui signifie qu'elle dépasse la moyenne des cinq essais, tout en maintenant une teneur en protéines satisfaisante, c’est une valeur sûre de par ses performances depuis 5 ans.
Au coude à coude en termes de productivité, AMEVA et SU ADEMIRA affichent des rendements et des teneurs en protéines conformes à la moyenne des essais. Juste en dessous de la moyenne en rendement, on trouve RGT STUMPA, suivi de SOFLO, bien que RGT STUMPA soit largement en retrait en ce qui concerne la teneur en protéines.
En termes de rendement, PROLIX, SQUADRA et SUZA se positionnent en retrait, avec SUZA se démarquant par sa bonne richesse en protéines. Attention toutefois à relativiser la performance de PROLIX qui présente des densités plus faibles dans 2 essais sur 5.
Enfin, en bas du classement des rendements, la variété historique ES MENTOR, bien qu'elle soit dépassée en rendement, demeure une valeur sûre en matière de teneur en protéines.
Groupe 0
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La variété ES ADVISOR est présente dans ce réseau en tant que témoin de précocité à maturité, mais elle n’est plus commercialisée.
Les nouvelles variétés, telles que LID BOUTONDOR et ARTESIA, se classent parmi les meilleures en termes de productivité.
En deuxième position, la variété GL LILAS se distingue par sa bonne régularité et son excellente teneur en protéines. Cependant, il convient de noter que GL LILAS est la plus tardive du groupe. Elle est quasiment charnière 0/I.
Parmi les variétés proches, RGT SICILIA et RGT STARBELA se démarquent par leur productivité et leur teneur en protéines, qui dépasse 43,5% MS. Elles affichent également une précocité intéressante, proche de la moyenne des essais au 02/10. Elles offrent la meilleure combinaison rendement/protéines/précocité. Ce sont les valeurs sûres de la série.
En revanche, les variétés RGT SPEEDA et CAMERON accusent un recul en rendement. CAMERON est également en retrait en termes de teneur en protéines, tandis que RGT SPEEDA présente une teneur élevée.
Préconisations du choix variétal en soja en Auvergne Rhône-AlpesLes recommandations du choix variétal en Auvergne Rhône-Alpes, ci-dessous, sont basées sur les résultats pluriannuels du réseau Terres Inovia et permettent d’orienter les producteurs vers des variétés adaptées aux contextes locaux et aux exigences de qualité des débouchés. Pour le groupe 00:La variété ADELFIA présente à la fois une productivité et une teneur en protéines élevées, tout en étant une des plus précoces du groupe. Les nouvelles variétés SOFLO et LID EDUCATOR combinent également un bon rendement et une richesse en protéines, bien que plus tardives, LID EDUCATOR se situant même à la limite entre les groupes 00 et 0. Côté rendement, ACARDIA et ALTONA affichent les meilleures performances. ANNABELLA et LID CONSTRUCTOR, tout comme la nouveauté SQUADRA, offrent un bon compromis entre productivité et teneur en protéines. Pour un objectif orienté protéines, ES MENTOR reste une référence malgré un rendement désormais plus limité, tandis que RGT SIROCA et la nouveauté PROLIX assurent un bon niveau protéique avec une meilleure stabilité en rendement. Enfin, ABIOLA se démarque par la plus forte teneur en protéines du groupe. Du côté du groupe 0:RGT SICILIA et GL LILAS se démarquent en alliant productivité élevée et bonne richesse en protéines (> 43 %), faisant d’elles des choix stratégiques pour maximiser la valorisation des grains. RGT SICILIA se distingue par une insertion de première gousse plus haute, et est plus précoce que GL Lilas. Les nouvelles variétés comme LID BOUTONDOR et ARTESIA montrent un fort potentiel productif bien qu’à confirmer sur plusieurs années, tandis que RGT SPEEDA, plus tardive, se distingue par sa stabilité et sa teneur en protéines élevée. |
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Laura Cipolla (l.cipolla@terresinovia.fr)
Les incontournables de la préparation du sol avant les semis du tournesol
Assurer une bonne implantation est essentiel pour obtenir un tournesol robuste. La préparation du sol avant le semis est une étape déterminante qui doit être réalisée dans des conditions idéales d’humidité.
Deux enjeux majeurs pour la préparation au semis
1-Préserver l’état structural du sol
Sur sols argileux, les opérations d’automne ont dû permettre l’obtention d’une structure ouverte sur les 20-30 premiers centimètres de sol, afin que les pivots du tournesol soient le moins possible coudés ou fourchus, et qu’ils atteignent au moins 20cm de profondeur. Cet état structural doit absolument être préservé durant la préparation au semis. Aussi, en fin d’hiver, le travail profond des sols argileux est à éviter, hormis en conditions exceptionnelles de parfait ressuyage sur la profondeur de travail qui peuvent ponctuellement être rencontrées et offrir des possibilités de fissuration et d’aération du sol.
Pour les sols limoneux, un travail profond de fissuration ou un labour peuvent, s’ils sont nécessaires, être envisagés même tardivement, juste avant le semis du tournesol.
2-Obtenir un lit de semence qui comporte au moins autant de terre fine que de mottes pour assurer un bon contact terre-graine.
Attention, un trop grand nombre de passages peut générer de la terre fine en excès, ce qui peut être préjudiciable dans les sols sensibles à la battance ou à l’érosion.
Raisonner le type d’outils, nombre de passages est indispensable
La préparation des parcelles en sortie d’hiver s’appuie sur plusieurs piliers :
- Travailler des sols ressuyés, à consistance friable sur tout le profil travaillé. C’est le cas si les mottes, pétries dans la main, s’émiettent sans coller et donnent de la terre fine. Cette règle fondamentale invite à un suivi régulier du sol, pour déclencher les opérations de reprise dans les meilleures conditions d’humidité possibles. Si la fin d’hiver est pluvieuse, l’expérience de la campagne 2024 est encore bien présente dans les esprits, il s’agit de ne pas rater les premiers créneaux favorables et d’être prêt à semer dès le début du mois d’avril.
- Le choix et les conditions d’utilisation des outils de travail du sol. Outre l’état du sol au moment de l’intervention, ces deux autres critères s’avèrent déterminants pour réussir la préparation au semis.
- Privilégier les outils à dents non animés pour préparer le lit de semences. Si 2 passages sont envisagés, le 1er peut être réalisé à 10-15cm de profondeur, sans rouleau pour favoriser le réchauffement du sol. Le 2ème passage à 6-8cm aura pour objectif principal de niveler et d’affiner
- Combiner les outils pour limiter le nombre de passages
- Lutter contre la compaction du sol, en utilisant des équipements de type roues jumelées ou pneus basse pression. En l’absence de tels équipements, vérifier et adapter la pression des pneumatiques.
Dans quel cas réaliser des faux semis printaniers ?
Sur des flores printanières et estivales qui lèvent tôt en saison comme l’ambroisie, la renouée liseron, le xanthium ou même un peu plus tardivement le datura, le faux-semis peut s’avérer efficace pour réduire les infestations dans le tournesol.
Le faux-semis consiste à réaliser un travail superficiel du sol assez tôt en saison pour faire lever les adventices, bien rappuyé avec un rouleau et positionné de préférence avant une pluie.
1 à 3 semaines après, on détruira ces levées, soit chimiquement dans les situations où le glyphosate est autorisé, soit mécaniquement, en veillant à remuer le sol le moins possible pour éviter de provoquer de nouvelles germinations. Cette stratégie s’accompagne souvent d’un décalage de la date de semis du tournesol de 15 à 20 jours, nécessaire à la réalisation de ces interventions.
Attention, des semis tardifs de tournesol, au-delà du 1er mai, peuvent pénaliser les résultats de la culture. Un compromis est donc à trouver entre bénéfices retirés du faux-semis, et risques occasionnés pour le tournesol. Ce décalage de la date de semis est à réserver aux situations où il est prioritaire d’alléger la pression exercée par les flores dites « problématiques », car difficiles à détruire et exerçant une forte concurrence sur la culture.
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- Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr) – Auvergne-Rhône-Alpes & Provence-Alpes-Côte-d’Azur Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
- Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Occitanie
Tournesol: irriguer pour sécuriser le potentiel de rendement
Les premières parcelles de tournesol atteignent déjà la floraison. A l’heure où les fortes chaleurs se sont installées et après une longue période sans précipitation sur l’ensemble du territoire, la question de l’irrigation du tournesol peut se poser. Voici quelques conseils pour maximiser l’effet de l’irrigation sur le tournesol.
Le tournesol et l’eau
Trois principales périodes du cycle sont tout de même plus sensibles vis-à-vis de situations de stress hydrique prononcé :
• la préfloraison,
• la floraison,
• le début du remplissage des graines
Au cours de ces périodes, si la culture ne dispose que de la moitié de ses besoins en eau, on s’expose à des pertes de rendement élevées, pouvant atteindre 30 à 40% du potentiel.
A l’inverse, sur la première partie du cycle, appelé phase végétative, on ne cherche pas à avoir un tournesol exubérant, et tout particulièrement si la culture est positionnée sur des sols superficiels. En effet, une croissance foliaire trop importante au cours de la phase végétative peut générer une sensibilité accrue au stress hydrique si les pluies ne se maintiennent pas durant les phases critiques (préfloraison, floraison et début du remplissage des graines). Dans les parcelles avec une réserve utile limitée et dans le cas où une absence de pluies en juillet serait observée, un relais d’irrigation sera par conséquent bienvenu, et permettra d’éviter une senescence précoce des feuilles. L’irrigation constitue par conséquent un levier important pour sécuriser le potentiel de rendement.
Quelle stratégie d’irrigation adopter ?
L’irrigation doit accompagner le tournesol pour qu’il maintienne sa surface foliaire verte durant la floraison, puis le plus longtemps possible après la floraison. Elle peut être pilotée à l’aide d’une règle de décision s’appuyant sur 3 critères principaux: le volume d’eau que le producteur peut allouer à la culture, la profondeur du sol (et au delà de la profondeur, la réserve utile du sol) et enfin de la croissance observée au stade bouton. L’irrigation du tournesol sera comprise entre 30 et 120mm/ha apportés en 1 à 3 tours d’eau, entre la préfloraison et la fin floraison + 10 jours.
Le tableau ci-dessous illustre les stratégies à adopter en fonction des situations :
Les besoins du tournesol en eau d’irrigation sont précoces et situés sur les mois de juin et juillet. A la différence des autres cultures d’été, ceci permet au tournesol d’esquiver les périodes les plus sèches, ainsi que les restrictions les plus sévères d’accès à l’eau, survenant généralement à partir du mois d’août.
| L’irrigation du tournesol est aujourd’hui une pratique qui reste peu répandue sur notre territoire. Dans le Sud-Ouest, un quart des surfaces de tournesol sont conduites sur des parcelles irrigables. Pour autant la surface réellement irriguée est comprise entre 2 et 5% en fonction des années (Source : enquêtes de Terres Inovia sur les pratiques culturales 2019 et 2021). En région Auvergne-Rhône-Alpes, c'est environ 20% des surfaces qui pourraient être irriguées. En pratique, les surfaces irriguées en tournesol sont comprises entre 7 et 9% de la sole générale de la culture en fonction des années (Source : enquêtes de Terres Inovia sur les pratiques culturales 2019 et 2021). Ce delta est expliqué par la pluviométrie estivale avec des années sèches (ex : 2019) ou humides (ex : 2021). |
Quel gain en attendre ?
On estime un gain de rendement de l’ordre de 1 q/ha par tranche de 10mm d’eau d’irrigation apportée (compilation de 18 années d’essais 1989-2009). Soit, un gain potentiel de 3 q/ha pour 30mm à 10 q/ha pour 100mm. Une étude récente réalisée à partir du modèle Sunflo a confirmé cette référence historique, et a même permis de l’affiner, en montrant que sur des sols superficiels et en année sèche, un seul tour d’eau de 35 mm bien positionné apporte un gain moyen de 6 q/ha par rapport à un tournesol mené sans irrigation.
L’irrigation permet également d’améliorer la teneur en huile et de favoriser la production nectarifère, étant par conséquent bénéfique aux pollinisateurs et à la fécondation de la culture.
Dans un contexte global plus contraint en eau, tant sur les volumes que sur les périodes d’irrigation, l’intérêt d’irriguer du tournesol dans l’assolement est accru. Pour 2025, l’intérêt d’une irrigation se fera au cas par cas, d’abord sur des semis tardifs et/ou sur des sols avec des réserves utiles limitées.
Le raisonnement de l’irrigation du tournesol repose sur des règles simples demandant une observation régulière de la parcelle à partir du stade « bouton étoilé » (préfloraison). Les volumes d’eau nécessaires pour déplafonner les rendements sont peu importants, notamment en sol séchant où, en tendance, le tournesol valorise particulièrement bien l’irrigation.
Vos contacts régionaux:
- Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
- Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Ouest Occitanie
- Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr)- Auvergne-Rhône-Alpes, PACA
Implantation du soja: Les points essentiels pour la réussite de la culture
La réussite d’une culture de soja commence bien avant la levée des premières plantules. À l’approche des semis, il est essentiel de garder en tête les étapes clés pour assurer une implantation optimale et poser les bases d’un rendement satisfaisant. Faisons le point sur les 6 points clés.
1. Choix de la parcelle
Tout d’abord, le choix de la parcelle est déterminant et se fera en prenant en compte le type de sol et les possibilités d’irrigation. Le soja peut se conduire en sec dans des sols profonds (RU>120mm) et intermédiaires mais avec une prise de risque sur l’atteinte du potentiel de rendement. Les sols superficiels (RU<80mm) pourront recevoir du soja à condition d’avoir accès à l’irrigation. Tout comme le maïs, le soja a des besoins en eau similaires estimés à 430 mm (mais pas au même moment) pour une production de 35 q/ha, la disponibilité en eau est donc cruciale dans le choix de la parcelle.
| Voir le tableau comparatif des performances technico-économiques des cultures d'été selon les types de sols et la disponibilité en eau |
D’autres critères sont à prendre en compte pour le choix de la parcelle. Une attention particulière doit porter également sur les caractéristiques du sol, l’historique sanitaire, son historique soja et sa flore adventice.
- La capacité du sol à se réchauffer rapidement : un atout qui permettra un démarrage rapide du soja. Les risques liés aux attaques fongiques (Pithium, Rhizoctone et autres Fusarium) y sont réduits, contrairement aux sols froids ou battants où les attaques sont plus communes.
- L’historique de la parcelle en matière de sclérotinia est également en prendre en compte, pour limiter les risques.
Avantage aux parcelles qui ont déjà porté du soja, car elles sont déjà colonisées par les bactéries spécifiques et indispensables à la fixation d’azote par les nodosités. Dans ces situations la nodulation est alors facilitée.
2. Le travail du sol : clé de voûte d'une implantation réussie du soja
La réussite du soja repose sur une préparation soignée du sol, adaptée aux conditions de la parcelle. L’objectif est d’obtenir un lit de semences fin et nivelé, garantissant un bon contact entre la graine et le sol sans favoriser la formation de croûtes superficielles. Il est également essentiel de préserver une structure aérée dans les 15 premiers centimètres du sol afin de favoriser la symbiose entre le soja et les bactéries fixatrices d’azote. Une bonne porosité facilite l’installation de ces bactéries et assure une nodulation efficace, indispensable à la nutrition du soja et à son autonomie en azote. En sols argileux, une fissuration peut améliorer l’infiltration de l’eau. Enfin, toute intervention doit être réalisée sur un sol ressuyé afin d’éviter le tassement et préserver la structure. Un sol bien structuré permet d’envisager des techniques simplifiées, limitant le nombre de passage, tandis qu’un sol compacté nécessite un travail plus profond pour favoriser son aération et l’enracinement. Lorsque toutes les conditions sont réunies, le semis direct est possible.
3. L’inoculation des graines : des précautions à prendre
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Un inoculum est un produit biologique fragile, prenez des précautions : Après achat, le produit inoculant doit être conservé à température fraiche et à l’abri de la lumière, pour conserver sa qualité. Semer dans le délai permis par la spécialité après l'ouverture du sachet d'inoculum .
Pas d’azote au semis ! Outre la qualité du produit, la nodulation est souvent soumise à deux facteurs limitants : le manque d’eau et l’excès d’azote minéral du sol, ce dernier ayant pour effet d’inhiber la nodulation. Ainsi, tout apport d’azote au semis est déconseillé car il empêche les nodosités de s’installer et de fonctionner. Pour aller plus loin:
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4. Date de semis, précocité variétale et situation pédoclimatique : le trio décisif pour sécuriser la récolte
Il s’agit en effet d’assurer une récolte dans de bonnes conditions, en tenant compte des risques d’arrière-saison humide.
- Sud-Ouest, Sud-Est : Le choix de précocité est globalement libre sur ce secteur. Privilégier des semis d’avril dans les secteurs les plus chauds d’Occitanie ou du Sud du Lot-et-Garonne où les arrière-saisons permettent d’envisager des récoltes sans trop de craintes.
- Pour les départements sous plus forte influence océanique, les secteurs de piémont pyrénéens ou les zones froides, des groupes I seront mieux adaptés sur les dates de semis classiques jusqu’à début mai. En cas de semis plus tardif sur ces zones, il sera plus sécurisant de recourir à un groupe 0, voire 00 pour la Dordogne et le nord Gironde, où le retour de conditions humides en fin de cycle peut perturber les chantiers de récolte à partir de fin septembre.
- Auvergne-Rhône-Alpes : Le groupe de précocité 00 s'avère le plus adapté à cette région, on ciblera des dates de semis classiques de début mai. Selon l'altitude, le climat et le type de sol, il est possible d'opter pour différents groupes de précocité. Dans les zones d'altitude ou sous des climats continentaux, les variétés doivent être précocifiées pour éviter des récoltes trop tardives, susceptibles d'être affectées par des épisodes pluvieux. Le long de la vallée du Rhône, le climat méditerranéen permet une plus grande diversité de précocité, avec des variétés provenant des groupes 0, voire du groupe I, au sud de la région (secteur Montélimar) où les arrière-saisons permettent d’envisager des récoltes sans trop de craintes.
5. Densité de semis : tenir compte des pertes à la levée
La densité de semis doit tenir compte du taux de faculté germinative et les conditions de semis, pour estimer les pertes, ainsi que la disponibilité en eau au cours du cycle.
Un test de germination est fortement recommandé pour un semis avec des graines de ferme. Si le taux de facultés germinatives est inférieures à 80%, l’augmentation des densités de semis peut se retrouver incompatible avec un semis au semoir monograine. Dans ces situations, il est préférable de privilégier les semoirs céréales, en bouchant une descente sur 2, de façon à tendre vers un peuplement optimal.
D’autres facteurs influençant le taux de levée, comme le type de sol, le travail du sol, ou encore le risque d’attaques de ravageurs du sol, influencent le taux de levée et sont à prendre en compte pour ajuster la densité de semis.
6. Écartement et bonnes conditions de semis : des choix déterminants
Le semis, moment clé de l’implantation, doit être réalisé dans de bonnes conditions. Pour garantir une levée rapide et homogène, la température du sol doit atteindre au moins 10°C sur les 5 premiers cm, dans les 24 à 48h après le semis. En dessous de cette température, la germination peut être affectée. Une profondeur de semis comprise entre 2 et 4 cm est idéale pour assurer une bonne émergence tout en limitant les risques de dessèchement des graines.
L’écartement des rangs joue également un rôle important et doit être adapté à la variété et aux conditions hydriques. Les variétés des groupes 0, I et II supportent des espacements de 25 à 60 cm, avec une meilleure capacité de ramification pour les plus tardives. Un écartement de 80 cm est envisageable pour le groupe I, bien que moins optimal.
Les essais de Terres Inovia (2014-2016) montrent que 60 cm est l’écartement le plus performant, notamment en conditions irriguées où le soja exprime mieux son potentiel. Cet avantage est encore plus marqué en sols profonds ou bien alimentés en eau.
Enfin, pour limiter le risque de sclérotinia, il est conseillé de privilégier des écartements d’au moins 50 cm afin d’améliorer l’aération du couvert et réduire les conditions favorables à la maladie.
| Voir aussi : Optimiser le peuplement pour maximiser rendement et rentabilité |
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Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Occitanie
Laura Cipolla - Auvergne-Rhône-Alpes, PACA
Gestion des graminées, l'après S-Métolachlore
Le 20 avril 2023, l’ANSES a procédé au retrait des principaux usages des herbicides à base de S-Métolachlore. Des délais de grâce ont alors été accordés, avec une possibilité de stockage et d’usage jusqu’au 23 juillet 2024, tandis que les dernières ventes ont été prolongées jusqu'au 23 avril 2024. Certaines exploitations ayant su anticiper le calendrier ont pu couvrir leurs besoins en s-métolachlore, et pourront y recourir au printemps 2024. Dans les autres cas de figure la gestion des graminées doit s’envisager d’autre manière.
Des alternatives en prélevée efficaces
La gestion d’une pression moyenne à forte en graminées passe en premier lieu par un désherbage de prélevée efficace. Alors que cette gestion reposait jusqu’ici sur 2 molécules, le retrait du S-métolachlore va faire supporter à la Pendiméthaline un poids plus important dans le contrôle de prélevée des graminées.
La figure 1 présente les efficacités comparées de la pendiméthaline (Atic-Aqua : 2l/ha) et le S-métolachlore (Mercantor Gold : 1.2 l/ha), associé au Proman (2,5 l/ha). Afin de limiter les risques de sélectivité de la pendiméthaline, il est proposé de retenir une dose à 1.8 l/ha sur les terrains argileux. Cette dose pourra être modulée à 1.5 l/ha sur les terrains plus limoneux, plus filtrants. Cependant, vis-à-vis d’une dose abaissée à 1000g/ha du S-métolachlore, les performances des deux molécules présentent des niveaux d’efficacité proches sur les graminées estivales.
Autre molécule à considérer: la Pétoxamide (Successor 600). En retrait sur panic pied de coq, cette solution peut présenter un intérêt sur sétaire ou digitaire, malgré semble-t-il, une possible irrégularité observée dans d’anciennes références. L’acquisition de résultats actualisés sur cette molécule permettra de mieux appréhender son niveau d’efficacité.
Un complément non négligeable de la post-levée
Bien que l’essentiel de la gestion des graminées repose sur l’efficacité de la base prélevée, une action complémentaire de post-levée apporte un complément d’efficacité dans les situations les plus infestées. Par ailleurs, avec des situations de printemps secs, comme en 2022, l’efficacité des prélevées décroit et devient insuffisante, nécessitant alors un complément en post-levée.
L’imazamox et la bentazone sont les 2 molécules employées dans les stratégies de post-levée, et ciblent prioritairement les dicotylédones. L’imazamox apporte un complément d’efficacité intéressant contre panic pied de coq et sétaire. Son efficacité sur sétaire est en retrait. La bentazone quant à elle n’apporte pas de bénéfices dans la gestion des graminées. L’association imazamox et bentazone dans le Basagran, n’apporte pas le grammage d’imazamox suffisant pour permettre un renfort efficace.
Dernier recours, les antigraminées foliaires.
Ces solutions (Agil/Etamine/ Fusilade /Pilot/Stratos etc.) présentent de bonnes efficacités contre panic pied de coq, panic faux millet, sétaire ou encore digitaire. Elles sont également un recours vis-à-vis des vivaces telles que le chiendent ou le sorgho d’Alep, contrairement à l’ensemble des autres solutions de pré comme de post-levée. Leurs efficacités restent néanmoins conditionnées à leurs conditions d’utilisation.
| Ainsi, privilégier l’application des stades 3 feuilles jusqu’à fin tallage des graminées annuelles et de 10 à 20 cm des graminées vivaces. Au-delà, les efficacités décroissent rapidement. Des conditions d’hygrométrie supérieures à 60% ainsi que des températures n’excédant pas ou peu les 20°C sont à privilégier. |
Les essais conduits par Terres Inovia ont démontré un effet antagoniste de l’association des antigraminées foliaires à l’imazamox. Parmi les produits testés entre 2010 et 2012 (Stratos, Pilot, Fusilade), seules les associations avec le Stratos n’ont pas mis en évidence d’antagonisme. Parmi les autres solutions testées, les baisses d’efficacité observées par rapport aux efficacités seules, impliquent donc de bien dissocier les applications. Par conséquent, dans les situations à forte pression, ou en présence de vivaces, on interviendra en premier lieu avec l’imazamox ou bentazone à 2-3 nœuds du soja pour viser spécifiquement les dicotylédones, et l’antigraminée foliaire sera à réaliser environ 7 jours plus tard sur la cible graminée.
Voir programme désherbage Soja 2024
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