L’étrille rotative ou rotoétrille
Vous venez d’acquérir une étrille rotative ? Vous pouvez la rentabiliser sur plusieurs cultures de votre rotation car il n’y a pas besoin d’écartement particulier. Moins connue que les autres outils de désherbage mécanique classiques, des références sur l’utilisation en oléo-protéagineux sont en cours d’acquisition.
Outil de désherbage mécanique plus récent et donc beaucoup moins connu que la herse étrille ou la houe rotative, la rotoétrille est composée de dents fines disposées en étoiles inclinées (autour de 30° par rapport au rang) qui roulent sur le sol. Il y a ainsi aucun effet de bourrage, y compris en présence de résidus végétaux. L’outil travaille toute la surface (rang + inter-rang). Il peut être utilisé en présence de cailloux sur la parcelle.
L’angle des étoiles détermine l’agressivité de l’outil. La vitesse de passage et la profondeur joueront aussi sur l’agressivité. Il est toujours nécessaire d’affiner les réglages de l’outil en le testant sur un coin de parcelle avant d’intervenir, afin de trouver le meilleur compromis d’agressivité entre efficacité sur les adventices et sélectivité sur la culture (pertes de pieds).
L’étrille rotative est efficace sur adventices jeunes (de germination à 2-3 feuilles) en les recouvrant de terre ou en les arrachant.
Pour une intervention réussie, il faut :
- Un sol bien nivelé avec une bonne structure (ni tassé ni trop souple)
- Une culture homogène et vigoureuse
- Un sol bien ressuyé et un temps séchant (pas de pluie annoncée dans les 2 jours suivant l’intervention)
Ce dernier point est capital car s’il pleut après le passage mécanique superficiel, celui-ci risque de au contraire faire un effet de faux-semis ! Il est donc très important d’intervenir uniquement lorsque la météo annonce un temps sec les jours qui suivent.
Les premiers résultats semblent montrer que la rotoétrille serait a priori plus efficace que la herse étrille et également plus sélective des cultures, y compris aux stades jeunes des cultures (moins de pertes de pieds). L’outil parait aussi plus polyvalent en termes de types de sol et stades d’intervention. Cependant son prix est assez élevé.
Références
Des références sont en cours d’acquisition sur pois de printemps et lentille.
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Gérer les adventices dans la rotation pour réduire et gérer les risques de résistance
Pour éviter la sélection de populations adventices résistantes, il faut diversifier les familles herbicides utilisées et actionner les leviers agronomiques.
Pour cela, la diversification des cultures dans la rotation permettra d’éviter une flore spécialisée et offrira une palette plus large de modes d’action herbicides. Elle permettra aussi de combiner les leviers agronomiques de gestion des adventices (labour, déstockage/faux-semis, décalage de la date de semis, couverts…) diminuant ainsi la pression adventices dans les parcelles et donc le recours aux herbicides.
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La houe rotative
Vous avez une houe rotative ? Plus adaptée aux sols limoneux (mais pas trop battants quand même) que la herse étrille, elle peut vous servir d’écroûteuse et vous permettre de désherber une large gamme de cultures au début de leur cycle : colza, tournesol, soja, pois, féverole, lin, lentille… mais aussi céréales. Efficace surtout sur adventices très jeunes uniquement, il faut la passer le plus précocement possible.
La houe rotative est constituée de roues étoilées équipées de dents aux extrémités en forme de cuillers qui vont frapper le sol à haute vitesse et soulever les premiers centimètres de terre mettant « à nu » les graines d’adventices tout juste germées et arracher superficiellement les jeunes adventices. Elle peut servir aussi d’écrouteuse. De ce fait, elle s’utilise plutôt dans les sols de limons à tendance battante (mais sur un sol très battant, aucun outil ne pourra rentrer dans le sol). Elle travaille toute la surface de la parcelle (rang + inter-rang).
Le réglage est uniquement la résultante de la profondeur de travail et de la vitesse (qui doit être plus rapide que celle de la herse). Il est toujours nécessaire d’affiner les réglages de l’outil en le testant sur un coin de parcelle avant d’intervenir, afin de trouver le meilleur compromis d’agressivité entre efficacité sur les adventices et sélectivité sur la culture (pertes de pieds).
Pour un bon passage de houe rotative, il faut :
- un sol pas trop soufflé, plutôt motteux
- une culture vigoureusement implantée, homogène et « poussante » au moment du passage
- un sol bien ressuyé et un temps séchant (pas de pluie annoncée dans les 2 jours suivant l’intervention)
Ce dernier point est capital car s’il pleut après le passage mécanique superficiel, celui-ci risque de au contraire faire un effet de faux-semis ! Il est donc très important d’intervenir uniquement lorsque la météo annonce un temps sec les jours qui suivent.
En tendance, l’efficacité de la houe rotative est globalement inférieure à celle de la herse étrille, à conditions d’intervention comparables (stade des mauvaises herbes, état du sol, météorologie lors de l’intervention et les jours suivants).
L’efficacité diminue fortement quand le stade des adventices augmente.
| Germination | Cotylédons | 2 Feuilles | 3 Feuilles | 4 Feuilles | 5 Feuilles | |
| Houe rotative | ++ | ++ | + | - | -- | -- |
| Légende | |
| Efficace | ++ |
| Moyennement | + |
| Peu efficace | - |
| Efficacité nulle | -- |
Intervenir sur des adventices très jeunes et peu développées est donc le premier gage d’efficacité avec la houe rotative.
Un passage en prélevée peut être intéressant pour détruire les adventices en train de germer ou au stade fil blanc mais l’intervention doit être raisonnée selon plusieurs critères, notamment l’humidité du sol et la météo des jours suivant le semis.
L’efficacité moyenne d’un passage d’outil n’est jamais très élevée. Elle peut assez fortement varier selon les conditions d’intervention : stade des mauvaises herbes en premier lieu, mais aussi état du sol, conditions météo suivant l’intervention etc. Il est donc nécessaire de renouveler les passages au moins 2 fois pour détruire la majorité des adventices, mais également pour gérer les nouvelles levées, spécialement pour les espèces aux levées échelonnées.
Enfin, l’efficacité est plus faible sur graminées que sur dicotylédones, car à stade équivalent les graminées sont plus difficiles à détruire en raison de leur système racinaire mieux ancré au sol.
Les liens utiles
Utiliser la houe rotative en colza : https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mecanique-ou-mixte-du-colza-avec-la-houe-rotative et https://www.terresinovia.fr/-/la-lutte-mecanique-en-colza
Utiliser la houe rotative en tournesol : https://www.terresinovia.fr/-/lutte-mecanique-avec-herse-etrille-ou-houe-rotative-en-tournesol et https://www.terresinovia.fr/-/la-lutte-mecanique-en-tournesol
Utiliser la houe rotative en soja : https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mecanique-du-soja ; https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mixte-du-soja
Utiliser la houe rotative sur pois : https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mecanique-ou-mixte-du-pois
Utiliser la houe rotative sur féverole : https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mecanique-ou-mixte-de-la-feverole
Utiliser la houe rotative sur lin oléagineux : https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mecanique-et-mixte-du-lin-oleagineux
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La herse étrille
Vous venez d’acquérir une herse étrille ? Vous pouvez la rentabiliser sur plusieurs cultures de votre rotation : colza, tournesol, soja, pois, féverole, lin, lentille… mais aussi céréales. La herse étrille a le plus souvent une meilleure efficacité que la houe rotative. Elle est efficace surtout sur adventices très jeunes à jeunes.
Equipée de dents longues et souples dont l’agressivité et les vibrations déracinent les plantules, la herse étrille travaille toute la surface de la parcelle (rang + inter-rang). Le réglage de l’agressivité de la herse est possible en jouant sur l’inclinaison des dents (plus les dents sont verticales, plus l’agressivité est forte), la profondeur de travail et la vitesse d’avancement (rapide pour une bonne efficacité mais plus lente pour une bonne sélectivité sur culture jeune). Il est toujours nécessaire d’affiner les réglages de l’outil en le testant sur un coin de parcelle avant d’intervenir, afin de trouver le meilleur compromis d’agressivité entre efficacité sur les adventices et sélectivité sur la culture (pertes de pieds).
Pour que la herse étrille donne toute satisfaction, il faut soigner les conditions de passage :
- une bonne structure du sol (éviter les sols excessivement tassés, battus ou au contraire trop souples).
- des résidus de culture absents (labour) ou bien dégradés
- une densité de semis + élevée pour compenser les pertes dues aux interventions (jusqu’à 10 %)
- une culture homogène, saine, vigoureuse et « poussante »
- une profondeur de passage de 2 à 4 cm selon l’état du sol et la sensibilité de la culture
- un sol bien ressuyé et un temps séchant (pas de pluie annoncée dans les 2 jours suivant l’intervention)
Ce dernier point est capital car s’il pleut après le passage mécanique superficiel, celui-ci risque de au contraire faire un effet de faux-semis ! Il est donc très important d’intervenir uniquement lorsque la météo annonce un temps sec les jours qui suivent.
A conditions d’intervention comparables (stade des mauvaises herbes, état du sol, météorologie lors de l’intervention et les jours suivants), l’efficacité de la herse étrille est globalement supérieure à celle de la houe rotative.
Cependant, son efficacité diminue fortement quand le stade des adventices augmente.
| Germination | Cotylédons | 2 Feuilles | 3 Feuilles | 4 Feuilles | 5 Feuilles | |
| Herse étrille | ++ | ++ | ++ | + | + | - |
| Légende | |
| Efficace | ++ |
| Moyennement | + |
| Peu efficace | - |
| Efficacité nulle | -- |
Intervenir sur des adventices jeunes et peu développées est donc le premier gage d’efficacité avec la herse étrille.
Un passage en prélevée peut être intéressant pour détruire les adventices en train de germer ou au stade fil blanc mais l’intervention doit être raisonnée selon plusieurs critères, notamment l’humidité du sol et la météo des jours suivant le semis.
L’efficacité moyenne d’un passage d’outil n’est jamais très élevée. Elle peut assez fortement varier selon les conditions d’intervention : stade des mauvaises herbes en premier lieu, mais aussi état du sol, conditions météo suivant l’intervention etc. Il est donc nécessaire de renouveler les passages au moins 2 fois pour détruire la majorité des adventices, mais également pour gérer les nouvelles levées, spécialement pour les espèces aux levées échelonnées.
Enfin, l’efficacité est plus faible sur graminées que sur dicotylédones, car à stade équivalent les graminées sont plus difficiles à détruire en raison de leur système racinaire mieux ancré au sol.
Les liens utiles
Utiliser la herse étrille en colza : https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mecanique-ou-mixte-du-colza-avec-herse-etrille et https://www.terresinovia.fr/-/la-lutte-mecanique-en-colza
Utiliser la herse étrille en tournesol : https://www.terresinovia.fr/-/lutte-mecanique-avec-herse-etrille-ou-houe-rotative-en-tournesol PUIS https://www.terresinovia.fr/-/itineraires-de-desherbage-mixte-avec-herse-etrille et https://www.terresinovia.fr/-/la-lutte-mecanique-en-tournesol
Utiliser la herse étrille en soja : https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mecanique-du-soja ; https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mixte-du-soja
Utiliser la herse étrille sur pois : https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mecanique-ou-mixte-du-pois
Utiliser la herse étrille sur féverole : https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mecanique-ou-mixte-de-la-feverole
Utiliser la herse étrille sur lin oléagineux : https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mecanique-et-mixte-du-lin-oleagineux
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La bineuse
Vous avez une bineuse ? Son utilisation dans le système de culture peut être multiple selon les cultures semées en rang présentes dans la rotation : tournesol, soja, colza, féverole, betterave, maïs… La bineuse est un outil de désherbage mécanique intéressant car très efficace dans l’inter-rang et utilisable plus tardivement que la herse étrille ou la houe rotative.
Equipée de socs (plats ou en forme de pattes d’oie) qui sectionnent les racines des mauvaises herbes présentes dans l’inter-rang, la bineuse a une bonne efficacité dans l’inter-rang. Sur le rang, la projection de terre au pied des plantes peut étouffer les adventices présentes sur le rang (fonction buttage), lorsque les disques protège-plantes sont relevés. Les lames « Lelièvre » et les moulinets (doigts kress par exemple) permettent de se rapprocher le plus possible du rang.
Par rapport à la herse étrille et la houe rotative, la bineuse est efficace contre des adventices plus développées donc son utilisation se fera à des stades de développement plus tardifs.
Pour une bonne réussite du binage, il faut en amont soigner la préparation du sol, bien entendu prévoir un grand écartement (au moins 40 cm) et exclure les parcelles à gros cailloux. Le sol doit être ressuyé et le temps séchant les jours suivants pour éviter que les mauvaises herbes ne se repiquent. Plusieurs binages par temps séchant peuvent s’envisager pour une meilleure efficacité. Il faut adapter alors la profondeur de travail, le choix des dents et socs au comportement du sol.
La vitesse de binage peut aller de 3 à 10 km/h (crescendo au fil du développement de la culture), mais cela dépend aussi du matériel de guidage. Il existe différents systèmes de guidage.
Comme pour tout outil de désherbage mécanique, l’efficacité est dépendante des conditions d’intervention : stade des mauvaises herbes, état du sol, météo dans les jours qui suivent notamment.
L’efficacité dans l’inter-rang dépend beaucoup du stade des adventices : elle est très bonne sur des mauvaises herbes jeunes (jusqu’à 3-4 feuilles pour les dicotylédones et avant tallage pour les graminées), et si les adventices sont plus développées l’efficacité du binage sera moyenne.
| Germination | Cotylédons | 2 Feuilles | 3 Feuilles | 4 Feuilles | 5 Feuilles | |
| Bineuse | ++ | ++ | ++ | ++ | ++ | ++ |
| Légende | |
| Efficace | ++ |
| Moyennement | + |
| Peu efficace | - |
| Efficacité nulle | -- |
Les liens utiles
Pour le binage du colza : https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mecanique-ou-mixte-du-colza-avec-binage et https://www.terresinovia.fr/-/la-lutte-mecanique-en-colza
Pour le binage du tournesol : https://www.terresinovia.fr/-/lutte-mecanique-du-tournesol-avec-le-binage PUIS https://www.terresinovia.fr/-/tournesol-itineraires-techniques-mixtes-combinant-bineuse-et-herbicides et https://www.terresinovia.fr/-/la-lutte-mecanique-en-tournesol
Pour le binage du soja : https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mecanique-du-soja ; https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mixte-du-soja
Pour le binage de la féverole : https://www.terresinovia.fr/-/desherbage-mecanique-ou-mixte-de-la-feverole
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Colza et tournesol : La nuisibilité des adventices en question
Les adventices exercent une concurrence pour les ressources (eau, éléments minéraux, lumière…) vis-à-vis de la culture en place. Cette concurrence peut s’exercer dès la levée de la culture et peut s’avérer très préjudiciable sur les grandes cultures, y compris le tournesol et le colza, en se traduisant par des pertes de rendement (nuisibilité directe). Mais le préjudice est également indirect : les mauvaises herbes peuvent induire des gênes à l’implantation et à la récolte (pertes machine) ou encore une dégradation de l’état sanitaire de la parcelle ou de la qualité de grains récoltés.
Anthémis étouffant une culture de colza
De plus, une population d’adventices présente une année donnée sur une parcelle engendrera une nouvelle génération via l’enrichissement du stock de graines d’adventices sur la parcelle, entrainant une infestation encore plus importante et embarrassante les années suivantes.
Cependant, les adventices sont plus ou moins nuisibles selon leur espèce. Si le mouron est peu compétitif, les graminées en forte population exercent une forte compétition vis-à-vis des ressources, tandis que la matricaire ou le gaillet peuvent gêner la récolte en plus d’être compétitive. Enfin, l’ambroisie entraine de surcroît des problèmes de santé publique (allergie) et le datura dégrade la qualité sanitaire des graines (alcaloïdes).
Malgré cette différence de pouvoir concurrentiel d’une adventice à l’autre, il n’est pas aisé de déterminer des seuils précis de nuisibilité par espèce. En effet, la compétition pour les ressources en particulier dépend de la quantité disponible de ces ressources mais également de la vigueur de la culture et de son pouvoir couvrant (une culture couvrante et/ou vigoureuse se laissera moins concurrencer par les adventices).
La nuisibilité dépend également de la concordance plus ou moins forte entre les périodes de levée préférentielles à la fois de la mauvaise herbe et de la culture.
Concernant la nuisibilité secondaire, les adventices ont également des caractéristiques différentes d’une espèce à l’autre : le potentiel grainier d’une matricaire sera bien plus élevé (plus de 10 000 graines par pied) que celui d’un géranium par exemple (moins de 500 graines par plante) (source : www.infloweb.fr ) et la persistance des graines dans le sol est bien plus forte chez l’ambroisie que chez le brome par exemple.
Les essais désherbage de Terres Inovia sont un moyen de caractériser la nuisibilité directe des adventices car ils incluent des témoins non désherbés. Cependant, dans ces données provenant d’essais herbicides, les programmes ne sont pas toujours efficaces sur la flore adventice. Pour cette raison, le rendement du témoin est ici comparé au rendement de la meilleure parcelle de l’essai. C’est pour cela que les chiffres sont sensiblement différents de la publication du Columa ci-jointe (voir plus bas), qui s’est appuyée sur la moyenne de toutes les modalités désherbées, en comparaison au témoin non traité.
Colza
Sur 15 essais Terres Inovia mis en place entre 1993 et 1996 en culture de colza, la différence de rendement entre le témoin non traité et la meilleure modalité désherbée est en moyenne de 6,5 quintaux, soit une perte potentiellement due aux adventices de 20,4 % (voir graphique). Cette perte varie tout de même selon les essais entre 1,7 et 17,1 quintaux.
Comparaison des rendements des parcelles désherbées et non désherbées, en colza. 15 essais Terres Inovia
Notons toutefois que les herbicides du colza de l’époque de ces données ne permettaient pas de désherber de manière satisfaisante les crucifères et les géraniums. Ainsi les parcelles désherbées n’étaient pas toujours vraiment « propres » ; il devait donc y avoir un impact sur le rendement des parcelles traitées. D’autre part, lorsque la pression adventice est faible dans l’essai, il n’y a pas beaucoup d’écart de rendement entre les parcelles désherbées et le témoin non traité.
En outre, rappelons que le colza est une culture capable de compenser une croissance faible en début de cycle. Son pouvoir compensateur (notamment surtout par la capacité à ramifier) est assez élevé et il sera vraiment en difficulté tant qu’il n’atteint pas sa biomasse verte critique de 500 g/m² à l’entrée de l’hiver. D’autre part, le colza est moins sensible à la compétition pour l’eau que les cultures de printemps mais davantage pour la lumière et surtout pour l’azote. En effet, si le colza est carencé en azote, il ne peut être compétitif et sera très concurrencé par les adventices.
A gauche colza sans adventice ; à droite colza pénalisé par une forte infestation de géranium
Enfin, il est également important de signaler que l’impact d’un enherbement très fort peut également avoir lieu à la moisson. En raison d’une maturité décalée avec la culture, la biomasse encore verte des adventices engendre des pertes à la récolte importante (par exemple, matricaire ou gaillet en forte densité).
Tournesol
Sur le tournesol, des essais de Terres Inovia analysés entre 2007 et 2009 montrent que la différence de rendement entre le témoin non traité et la meilleure modalité désherbée est en moyenne de 6,3 quintaux, soit une perte potentiellement due aux adventices de 22,3 % (voir graphique). Cette perte varie entre 1,4 et 17,6 quintaux selon les essais.
Comparaison des rendements en tournesol entre parcelles désherbées et non désherbées. 18 essais Terres Inovia
Il est important de noter que cette synthèse peut minimiser la nuisibilité des adventices car elle exclut les essais avec lampourde (xanthium) et ambroisie qui sont des espèces adventices beaucoup plus envahissantes et concurrentielles.
Il est donc nécessaire de lutter contre les adventices présentes dans les cultures, et ce le plus tôt possible dans le cycle, ou tout du moins avant que les adventices exercent une compétition vis-à-vis de la culture. Les moyens sont multiples avec des mesures de prophylaxie à mettre en place avant le semis de la culture (rotation choisie, travail du sol à l’interculture, gestion de la récolte, date de semis pour éviter d’être en phase avec les périodes de levées préférentielles des mauvaises herbes, etc…), mais aussi des mesures de lutte directe dans la culture. Cette lutte directe comprend à la fois un travail avec des outils mécaniques – lorsque c’est possible/faisable - mais également une gestion chimique avec des herbicides adaptés aux populations adventices présentes dans les parcelles.
La concurrence des adventices sur la ressource en eau peut avoir des répercutions très fortes sur le rendement du tournesol
L’analyse des données des essais désherbage se poursuit pour mieux comprendre la nuisibilité des adventices dans les différentes cultures.
Article publié au Columa en téléchargement ci-dessous :
La méthodologie de cet article est différente car le gain de rendement du désherbage est obtenu via la moyenne de toutes les modalités désherbées, celles efficaces comme celles non satisfaisantes.
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Infloweb
Terres Inovia, l’Acta, AgroSup Dijon, Arvalis - Institut du végétal, la FNAMS, INRAe, l’Itab et l’ITB proposent un site web qui rassemble toutes les informations sur plus de 40 adventices majeures des grandes cultures : biologie, nuisibilité et moyens de lutte agronomiques, chimiques et mécaniques….
Glyphosate : point d’actualité réglementaire et solutions alternatives
Depuis 2017, Terres Inovia est associé à l’Acta, Arvalis, ITB et FNAMS dans le cadre d’une cellule d’experts pour évaluer les enjeux pour les systèmes de grandes cultures d’un éventuel retrait du glyphosate dont il a été question. Les travaux ont débuté par l’identification des difficultés et impasses techniques que le retrait d’usages aurait impliqué. Cette action consistait également en une juste évaluation des alternatives en termes de faisabilité technique et économique, comme en termes de maturité. En 2019, ces éléments d’expertise ont été fournis à l’INRAe et à l’ANSES dans le cadre de l’analyse comparative (art50 du REG 1107/2009/CE) qui a débouché vers une nouvelle règlementation française en octobre 2020 (évaluation l’ANSES).
Réglementations française et européenne : où en est-on ?
Depuis octobre 2020, le glyphosate est autorisé à 1080 g/ha/an seulement dans les situations de non-labour ou labour d’été-début automne en sol hydromorphe ou en présence d’adventice règlementée (l’ambroisie est surtout concernée dans certains départements), dans ce dernier cas la dose peut aller jusqu’à 2880 g/ha/an. Depuis, la procédure européenne a abouti en 2023 par un vote des états-membres de l’Union Européenne pour la ré-approbation de la substance active glyphosate.
Pour rappel, 4 agences sanitaires (France, Suède, Pays-Bas et Hongrie) avaient été chargées de faire une évaluation ; leur rapport a été publié en juin 2021 et concluait que les critères d’approbation étaient remplis, le classement cancérigène n’étant pas justifié (comme pour la reprotoxicité, la toxicité par exposition répétée et le potentiel perturbateur endocrinien). Entre septembre 2021 et juin 2022, une phase de consultation publique avait été ouverte.
Usages, conséquences d’un éventuel retrait et pistes de substitution potentielles : le travail réalisé
Une enquête sur les usages du glyphosate et les pistes de substitution potentielles lancée par les instituts techniques de grandes cultures à l’automne 2019 montre que le glyphosate est surtout utilisé sur les cibles vivaces (73% des 6921 répondants) ou bien sur les annuelles ou repousses en interculture longue ou courte (50% des répondants pour chaque) dans le but de semer la culture suivante sur un sol propre. L’usage pour la destruction de couverts ne s’élève qu’à 30%.
L’enquête confirme également le niveau de tous ces enjeux, les craintes et les difficultés à venir.
Depuis 2017, Terres Inovia en collaboration avec l’Acta, Arvalis, ITB et FNAMS a évalué les alternatives possibles en termes de faisabilité technique et économique, comme en termes de maturité. Il en ressort que pour gérer les adventices à l’interculture et semer sur un sol propre, le travail du sol est la piste la plus sérieuse et la plus accessible, étant donné que le seul bioherbicide existant à ce jour (acide pélargonique) est peu efficace, que le désherbage électrique est énergivore et peu efficace sur graminées tallées en conditions humides (à l’instar du travail du sol) et que le roulage avec ou sans gel concerne les couverts.
Si le travail du sol est le principal levier mobilisable pour détruire les adventices, annuelles ou vivaces, pendant l’interculture, différents niveaux seront à envisager : des opérations superficielles jusqu’au retour occasionnel du labour (selon le niveau de la problématique adventice). Leur faisabilité et leur efficacité sont cependant dépendantes du climat. De plus, cela entraine potentiellement des changements parfois profonds : pratiques, investissement d’autres matériels, modification du système. La conciliation de ces évolutions avec la gestion des couverts est une difficulté supplémentaire.
Vous pouvez retrouver cette analyse ici :
- Glyphosate : peut-on s'en passer et avec quelles conséquences ?
- Efficacité des alternatives au glyphosate en cultures assolées
- Glyphosate : chronique d'une molécule herbicide
Une communication sur ce sujet avait également été faite au COLUMA de décembre 2019
Pour les vivaces, le 2,4 D ou le Dicamba sont efficaces sur dicotylédones (à condition de ne pas précéder une culture sensible telle que le colza), le labour en conditions sèches a un intérêt et les interventions de travail du sol répétées régulièrement au cours de l’été sur sol sec et sans pluie annoncée dans les jours suivants avec des outils à bon recouvrement (ailettes) contribuent à épuiser les réserves des vivaces (stratégie d’épuisement).
Dans le cas d’adventices graminées, il n’existe pas d’autre solution herbicide en interculture.
Une autre situation d’impasse est avérée. Il s’agit des systèmes en agriculture de conservation des sols avec du semis direct au sens strict, sans travail du sol en interculture.
Les alternatives autour du travail du sol : la gestion des intercultures reste délicate
Des essais sont mis en place par Terres Inovia sur la thématique « comment semer sur un sol propre ».
En l’absence de glyphosate, le travail du sol pour détruire les adventices présentes (voire les couverts maintenus jusqu’en sortie hiver) avant semis du tournesol (ou du soja ou du pois de printemps) a potentiellement des conséquences sur :
- une modification possible de la structure du sol, en profondeur comme au niveau du lit de semences (particulièrement en sols argileux)
- un dessèchement du profil
Ces deux éléments peuvent impacter la qualité d’implantation du tournesol (et donc la qualité du peuplement et le rendement).
- de nouvelles levées d’adventices possibles, présentes alors dans la culture.
Les essais ont été menés plutôt sur sols argileux hydromorphes ou sols superficiels caillouteux et en infestation de graminées (ray-grass, vulpin) car ce sont les situations les plus délicates. D’autres essais ont été menés plus spécifiquement sur ambroisie (faux-semis et destruction des levées avant le semis décalé du tournesol ou du soja).
L’objectif de ces essais était d’affiner le conseil en situation d’alternative au glyphosate, notamment en testant différents types d’outils de travail du sol et d’emplois avant semis du tournesol pour :
- vérifier que les adventices présentes avant le tournesol soient bien détruites,
- s’assurer que la qualité d’implantation de la culture n’est pas affectée,
- vérifier que cela ne provoque pas trop de nouvelles levées d’adventices en culture.
Sur la même thématique, des essais concernant l’implantation du colza ont également été mis en place. Plusieurs modalités de destruction des repousses de céréales et des graminées sont évaluées (déchaumeur à disques indépendants, herse rotative, vibrodéchaumeur, glyphosate).
Ces essais ont été menés entre autres dans le cadre du projet Ecophyto II+ AGATE GC (Alternatives au GlyphosATE en Grandes Cultures) et du projet Casdar AGILE (Agroéquipements et Itinéraires techniques aLternatifs à l’usage du glyphosatE), tous deux centrés sur la problématique glyphosate.
Le projet AGATE contribuait au renforcement des actions d’accompagnement pour diffuser les solutions et trouver de nouvelles alternatives pour les usages pour lesquels il demeurait des impasses ; il mobilisait des réseaux territoriaux pour faire connaître et promouvoir les alternatives au glyphosate sur l’ensemble des territoires. Il a notamment réalisé des ateliers de réflexion collective sollicitant des experts, des acteurs techniques et des agriculteurs pour orienter identifier des solutions dans des situations précises.
Le projet AGILE, encore en cours de réalisation, se concentre sur l’identification de nouvelles solutions face à ces situations délicates et sur l’évaluation des itinéraires techniques testés vis-à-vis de plusieurs types de critères (économiques, techniques et environnementaux).
Les facteurs de réussite du travail du sol qui s’en dégagent
Sur la destruction des annuelles en interculture longue avant le semis d’un tournesol, d’un soja ou même d’une légumineuse, quelques facteurs de réussite du travail du sol sont à mettre en pratique.
Tout d’abord, concernant le choix des outils de travail du sol, il faut privilégier les outils permettant de travailler 100% de la surface (outils à socs larges ou équipés d’ailettes), sans rouleau pour éviter de rappuyer le sol et de préférence équipés d’une herse à l’arrière pour maintenir les adventices déracinées en surface et favoriser ainsi leur dessèchement. La herse rotative aussi a montré des bons résultats de destruction dans certaines conditions.
Il est impératif d’intervenir par temps séchant : sol sec et absence de pluie annoncée dans les jours qui suivent, afin d’éviter le repiquage ou la mise en germination de nouvelles graines. Une compilation des données d’essais d’Arvalis et de Terres Inovia (issus du projet AGATE notamment) montre que la destruction mécanique est autour de 100% sur les dicotylédones quel que soit leur stade ou des graminées jeunes, mais dès lors que les graminées commencent le tallage, il est beaucoup plus difficile de les détruire totalement, et ce particulièrement par temps humide. En interculture longue, il est alors conseillé de faire une destruction des graminées à l’entrée de l’hiver en visant des conditions sèches, car en début de printemps, ces graminées, plus développées, peuvent connaitre une destruction insuffisante.
Enfin, comme ce travail du sol peut favoriser la levée d’adventices printanières (exemple ambroisie), on veillera aussi à anticiper les programmes chimiques et mécaniques de désherbage dans la culture suivante.
Des stratégies à mettre en œuvre selon le type d’interculture
Avant colza
Si l’interdiction du glyphosate reste liée à la présence de labour, la question peut cependant se poser en non-labour, technique plutôt conseillée pour implanter un colza, notamment en sols argileux.
Au moment du semis du colza courant août, le temps est souvent séchant. Il peut cependant y avoir des repousses de céréales qu’il convient de détruire pour implanter le colza pour éviter d’avoir à les gérer en culture. En l’absence de glyphosate, le recours à du travail du sol s’impose pour cette destruction. Cependant, le risque est d’assécher le lit de semences par ce travail du sol, ce qui sera préjudiciable au colza. Par ailleurs, il n’est pas impossible que ce travail du sol avant semis provoque de nouvelles levées d’adventices qui se retrouvent alors présentes dans la culture.
Sachant qu’un semis précoce est conseillé (colza robuste) et que la priorité reste la qualité de la préparation du sol pour une levée optimale en condition de pluviométrie restreinte, deux scénarios se dessinent :
- s’il y a eu quelques pluies durant l’été, les repousses de céréales ou autres adventices pourront être détruites par un outil à dent (type vibrodéchaumeur) ou un outil à disque (travail superficiel) avant le semis ou par une herse rotative combinée en cas d’utilisation d’un semoir à céréales.
- Si la destruction mécanique compromet une humidité résiduelle du sol (par exemple après un orage), on doit privilégier la qualité de levée du colza. Dans ce cas, le salissement des repousses de céréales sera contrôlé en post-levée avec un anti-graminée foliaire (ici la substitution du glyphosate se traduit par une plus grande utilisation d’herbicide en culture).
Avant protéagineux d’hiver
Si des adventices sont présentes avant le semis, elles peuvent être détruites avec un vibrodéchaumeur équipé de pattes d’oie, une herse rotative, etc… Intervenir plusieurs fois si nécessaire, en cas de graminées tallées par exemple. Il est conseillé de privilégier la période précédant la mi-septembre pour ces destructions mécaniques, afin de bénéficier d’un climat moins humide pour faciliter les destructions (éviter les risques de repiquage). Si d’autres graminées lèvent, une dernière préparation avant semis sur une période sans pluie ou au semis (combiné) les éliminera pour une grande partie (car ce seront de jeunes levées). En présence de graminées développées (début ou plein tallage), un labour sera plus efficace
Application de glyphosate sur graminées en sortie d’hiver (photo Fanny Vuillemin, TI)
Avant légumineuse de printemps
On peut séparer cette situation en deux cas :
- En sol argileux non labouré ou en sol hydromorphe labouré en été ou en début d’automne : un travail du sol en novembre-décembre devra détruire les levées ainsi que les CIPAN et faire lever des adventices (effet de faux-semis). Ces jeunes levées pourront être détruites au glyphosate dans ces situations (dans la limite de 1080 g/ha/an) ou mécaniquement (mais plus superficiel), juste avant le semis du protéagineux en février-mars afin d’implanter la culture sur un sol propre. Cependant, à cause du risque de ne pas avoir suffisamment de fenêtres disponibles en sortie d’hiver, en l’absence de glyphosate une destruction mécanique le plus tard possible en décembre est plutôt conseillée ; en effet, en février-mars la priorité est au semis.
- En sol limoneux ou en labour d’hiver : dans ces situations le travail du sol tardif juste avant le semis en février-mars peut remplir cette mission. Il convient d’intervenir au plus près du semis pour détruire les éventuelles levées hivernales d’adventices et bien sûr préparer le lit de semences. Cependant, si ces adventices sont développées (reverdissement de labour par exemple), plusieurs passages peuvent être nécessaire pour pouvoir semer sur un sol propre, décalant ainsi parfois la date du semis. La limite étant, en condition humide, le repiquage des graminées.
Avant tournesol (ou soja)
Semer sur un sol propre le tournesol est fondamental, car en gestion des graminées hivernales et au-delà du simple revenu de la culture, la culture représente une vraie rupture pour le ray-grass ou le vulpin à condition que la gestion soit optimale. La première action consiste bien sûr à ne pas semer trop tôt la culture pour optimiser le déstockage grainier et diminuer le risque de levées en culture.
Si le sol est argileux et/ou hydromorphe, en prévision d’un tournesol il convient de :
- Soit labourer en fin d’été ou début d’automne et de préparer le semis précocement, c’est-à-dire avant l’hiver
- Soit, sans labour et en présence de couvert, de le détruire en entrée hiver et de préparer le semis précocement ;
En effet, en absence de glyphosate l’action mécanique est efficace sur jeunes graminées mais l’est beaucoup moins sur des graminées qui ont commencé leur tallage. C’est pour cela que l’intervention à l’automne est importante pour avoir des adventices moins développées en sortie hiver – printemps. Ensuite, après l’hiver une reprise de sol achèvera la préparation du lit de semences. Cette intervention peut suffire pour détruire des jeunes levées printanières avant le semis. Si le sol est reverdi de graminées assez développées, l’application de glyphosate est préférable (autorisé dans cette situation selon la règlementation d’octobre 2020) au plus près du semis qui permettra, outre l’élimination des graminées développées, de détruire également les jeunes levées provoquées par le travail du sol (effet de faux-semis) sans retoucher le sol avant l’implantation du tournesol.
En situation de sol non argileux ou non hydromorphe, le labour peut être réalisé en fin d’automne et jusqu’en sortie hiver, voire dans les jours précédant le semis en limons. S’il se reverdit ou s’il a mal enfoui des graminées tallées, il y a uniquement la solution du travail du sol pour les détruire (glyphosate non autorisé). Un vibroculteur ou un vibrodéchaumeur équipé de pattes d’oie ou une herse rotative auront alors pour but, outre la préparation du lit de semences, de détruire alors les adventices. Le travail du sol de tout début de printemps pourra aussi être réalisé dans une optique de faux-semis (dans le cas de flore ambroisie ou renouée liseron à « déstocker » par exemple). Il sera alors plus aisé de décaler la date de semis du tournesol pour laisser les adventices lever et les détruire ensuite mécaniquement par temps séchant, avant de semer sur un sol propre. Il faut alors garder en tête plusieurs points de vigilance : si le printemps est sec, ne pas trop multiplier les interventions pour éviter d’assécher le lit de semences, si le printemps est humide, intervenir sur sol suffisamment ressuyé pour ne pas provoquer de tassements et un lissage avec les outils à ailettes ou avec la herse rotative et enfin ne pas semer trop tardivement le tournesol (ne pas dépasser la mi-mai) pour préserver le potentiel de rendement.
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Le travail du sol en interculture : plusieurs stratégies pour la gestion des adventices
Le travail du sol a des effets importants sur l’évolution de la flore adventice dans les systèmes de culture (destruction des plantes levées, enfouissement ou remontée de graines, levée de dormance ou mise en dormance des graines, etc...). Les intercultures sont les périodes propices à ce travail du sol. Leur bonne gestion a donc une importance pour le pilotage du désherbage à l’échelle de la rotation.
Le labour : détruire les adventices et enfouir les graines
Le labour enfouit une grande majorité du stock semencier superficiel et remonte les graines jusqu’alors incapables de germer car trop profondes. Il élimine, par la même occasion, les adventices levées. Comme les graines de graminées perdent leur viabilité en profondeur beaucoup plus rapidement que les graines dicotylédones (leur Taux Annuel de Décroissance est bien plus élevé), le labour occasionnel dans la rotation (tous les 3-4 ans, avant une céréale de préférence) peut s’avérer intéressant comme stratégie d’épuisement progressif de certaines espèces : bromes, vulpins, ray-grass...
Attention cependant, le labour peut aussi favoriser la remontée de graines viables enfouies au cours des années antérieures de géranium et de crucifères, non négligeables en colza.
- Il est conseillé de labourer lentement, en terre bien ressuyée, à 20-25 cm de profondeur.
- Laisser un intervalle de 3 à 4 ans entre chaque labour est optimal.
- Le labour occasionnel est conseillé pour lutter contre les graminées hors folle-avoine (bromes, vulpins, ray-grass, panics, sétaires, digitaires) mais il n’est pas approprié dans le cas de dicotylédones aux levées printanières (amarantes, chénopodes, morelles, renouées, datura, ambroisie…).
Les déchaumages et les faux-semis : faire lever puis éliminer pour déstocker
Le déchaumage doit être réalisé avant la grenaison des adventices, par exemple dans la foulée de la récolte.
Il peut stimuler la levée groupée de certaines espèces (bromes, ray-grass fin août-septembre, vulpins en septembre-octobre), à la faveur d’un temps humide et doux dans les jours qui suivent l'opération. On obtient alors le résultat recherché par la technique du faux-semis (réaliser alors un travail superficiel rappuyé). Pour détruire des adventices à des stades avancés, privilégier les déchaumeurs à socs larges et plats (type Horsch Terrano) ou les cultivateurs à dents rigides (type Lemken Smaragd). Les déchaumeurs à disques indépendants (type Carrier) ou cover-crops sont moins efficaces et nécessitent des passages croisés.
Le déchaumage est impératif en présence d'ambroisie, en raison du risque allergisant du pollen.
Le faux-semis consiste à préparer un lit de semences fin et rappuyé très tôt avant le vrai semis de la culture, pour favoriser la levée des adventices. Avant tournesol, il s'avère efficace pour limiter en amont l'enherbement dans la culture, s'il est réalisé assez tôt avant le semis (ex mi-mars). Le sol ne doit pas être travaillé par la suite (ou superficiellement) pour ne pas remettre des graines en germination. La destruction des adventices levées peut s'envisager de façon mécanique (outil de déchaumage, herse étrille) ou de façon chimique par un herbicide non sélectif. Il est souvent plus préférable d’utiliser un herbicide total en présemis ou postsemis - prélevée de la culture car une façon superficielle risquerait d’assécher le sol en surface. En tournesol, le faux-semis couplé à un report de date de semis (fin avril) apporte un intérêt tout particulier dans la lutte contre des espèces annuelles capables de germer tôt dans le tournesol : renouée liseron, ammi élevé, ambroisie, tournesol sauvage et xanthium par exemple.
Principe du faux-semis avant tournesol :
Pour réussir les faux-semis : après la reprise du labour, dès les premiers signes de réchauffement, faire une première préparation superficielle du sol avec un outil à dents (vibroculteur, herse plate, herse de déchaumage ou herse étrille), à une profondeur ne dépassant pas 5 cm, sur sol ressuyé et avant une petite pluie. Compléter par un rappuyage. Dès que le sol reverdit, renouveler l’opération si possible, et ce à des profondeurs décroissantes pour ne pas remonter de graines en surface (on peut terminer les préparations du sol à la herse étrille par exemple). Enfin, détruire les dernières levées avant le vrai semis (celui-ci s’en retrouve souvent -mais pas obligatoirement- décalé, ce qui facilite la gestion des adventices).
En sol argileux, une préparation précoce est nécessaire. En sol limoneux, les façons printanières suffisent.
Cependant, la réussite du faux-semis est très dépendante de la météo ! Si une pluie est nécessaire pour favoriser la levée des adventices, ce sont cependant des conditions séchantes qui sont requises après la destruction mécanique des levées pour éviter que les graminées continuent de lever ensuite dans la culture.
Attention, les passages répétés d’outils légers superficiels (herse étrille) peuvent favoriser la formation d’une croûte de battance par un affinage excessif. Dans les sols fragiles (sols limoneux) intervenir en conditions parfaitement ressuyées, préférer un déchaumeur à faible profondeur et finir avec un seul passage de herse étrille s’il y a lieu.
Sur le long terme, la répétition annuelle de faux-semis permet de réduire le stock semencier de la parcelle et peut s'avérer très utile sur les adventices problématiques.
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Les couverts d’interculture : facilitateurs pour gérer les adventices dans la rotation ou casse-tête ?
L’implantation de couverts en interculture longue est fréquente et dans certaines conditions elle peut s’avérer intéressante sur les adventices. En effet, des résultats d’essai ont montré qu’un couvert bien développé qui produit une forte biomasse a un effet répressif directement visible sur la biomasse et le développement (mais pas sur la densité) des adventices présentes en même temps que ce couvert, en comparaison avec un sol nu. Cependant, cet effet n’est plus visible ensuite dans les cultures suivantes.
Couvert couvrant de fénugrec
Il est à noter toutefois que cet effet n’existe que si le couvert présente une forte biomasse ; cela dépend donc de la qualité de son implantation (date de semis, qualité du lit de semences, météo), de sa densité et des espèces qui le composent. Toutefois, l’introduction des couverts d’interculture peut parfois rentrer en concurrence avec la mise en place de faux-semis, permettant de faire lever les adventices et de détruire ensuite les nouvelles levées dans le but de réduire le stock semencier des adventices dans le sol.
Adventices graminées dans un couvert de féverole et phacélie pas très étouffant
Par ailleurs, si le couvert est clairsemé, des adventices peuvent lever dans le couvert ; cela permettrait plutôt de les « déstocker », uniquement si celle-ci n’arrivent pas à grenaison, réenrichissant le stock semencier à leur tour. C’est pourquoi, une bonne gestion des adventices présentes dans le couvert est indispensable, et impacte également la date et le mode de destruction du couvert.
Pour plus d’informations sur les couverts vegétaux
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