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Désherbage du pois de printemps : des stratégies adaptées au type et à la flore

05 déc. 2025

Terres Inovia propose, pour le protéagineux, un panorama des usages autorisés et des moyens de lutte selon les contextes.

Le 1er février, date de semis de bascule entre un pois considéré
comme hiver ou printemps. Crédit Terres Inovia.

En matière de désherbage des protéagineux (pois, féverole, lupin), la notion d’usage printemps ou hiver est importante à prendre en compte. Certaines solutions disponibles en pois d’hiver ne le sont pas en pois de printemps et inversement. Indépendamment du type variétal « printemps » ou « hiver » de la variété implantée, la date d’implantation de la culture permet de la considérer pour un usage printemps ou hiver.

Les protéagineux semés avant le 1er février sont considérés comme protéagineux d’hiver, et à partir du 1er février comme protéagineux de printemps. Un pois de type variétal « printemps » semé avant le 1er février est considéré comme un pois d’hiver du point de vue des usages des herbicides.

Les solutions telles que Prowl 400/Pentium Flo/Baroud SC, le Basagran SG ou encore les herbicides à base de cléthodime, autorisés en pois de printemps ne le sont pas en pois d’hiver. A l’inverse, Kerb Flo, utilisable en post-levée des pois d’hiver, est interdit sur pois de printemps.

Introduire une prélevée pour un spectre large

Ainsi, en pois de printemps, les stratégies ayant recours aux solutions de prélevée, seules ou relayées par une post-levée sont les plus sécurisantes. Elles permettent de recourir à une gamme de solutions plus étoffée qu’en post-levée. Le spectre d’action plus large permet de mieux contrôler les situations de fortes infestations, ou les situations où la flore est mal connue.

Pour les situations ou la pression en flore dicotylédone est faible à modérée, une intervention en prélevée seule est possible. Il en est de même en sols hydromorphes où les conditions ne permettent pas toujours de revenir sur les parcelles pour effectuer l’intervention de post-levée. Des programmes tels que Bismark 1,6 l/ha + Challenge 1,6 l/ha, Prowl 1,5 l/ha + Challenge 2 l/ha ou Nirvana 2l/ha + Challenge 2 l/ha offrent un spectre plutôt large qui assure un bon contrôle des levées en sortie d’hiver. 

Le recours aux anti-graminées foliaires constitue le dernier levier de gestion
contre les vulpins et les ray-grass. Crédit Terres Inovia.

Les stratégies de prélevée puis post-levée offrent un bon compromis technico-économique dans des contextes à forte pression. Il est recommandé de moduler la dose de prélevée (environ trois-quarts de la dose pleine) avec des solutions comme Nirvana, Prowl 400 ou Bismark CS, relayé par Challenge 600 0,5 l/ha + Basagran SG 0,3 kg/ha. Il est également possible, en substituant Challenge 600 par Colt, de fractionner la post-levée. La réglementation en matière de dose et de fractionnement de l’aclonifen (avec Challenge 600 ou Colt) est rappelée dans la figure 1.

Tout en post pour les situations de flores connues

La stratégie de gestion uniquement en post-levée est souvent plus économique, à condition de bien connaître la flore attendue. Bien adaptée aux faibles pressions des mauvaises herbes, elle reste délicate : adventices jeunes (stade cotylédons à 2-3 feuilles), conditions poussantes et en dehors de fortes amplitudes thermiques (sélectivité). Il devient très difficile d’aboutir à un bon contrôle des adventices trop développées telles que les renouées liseron ou les chénopodes.

La gestion des graminées constitue une difficulté à souligner en pois de printemps. Alors que Kerb Flo est utilisable en pois d’hiver, le pois de printemps ne dispose pas d’une solution racinaire d’efficacité comparable. Les flores telles que les vulpins et les ray-grass ne pouvant être contrôlées que partiellement en prélevée avec une association Prowl 400 + Challenge 600, le recours aux anti-graminées foliaires constitue le dernier levier de gestion. En situation de résistance aux fop/dimes souvent liées à des pressions fortes, nous sommes actuellement en situation d’impasse technique.

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Le désherbage mécanique en complément

Lorsque les conditions le permettent (type de sol, météo, accès au matériel), les programmes herbicides évoqués ci-dessus peuvent être combinés à des passages de herse étrille ou de houe rotative à l’aveugle (prélevée) ou sur les premiers stades.

En effet, les itinéraires mixtes présentent un intérêt en particulier les années sèches où l’efficacité des herbicides peut être mise en défaut. Pour le passage en prélevée, le stade germination du pois étant très sensible à l’écrasement des roues, il vaut mieux n’intervenir que si nécessaire (levée d’adventices) et préférer des outils larges pour diminuer la surface des passages de roues.  En post-levée, la herse étrille ou la houe rotative (moins efficace, à réserver aux sols de limons à tendance battante) sont à passer entre les stades 2 et 5 feuilles du pois. Les passages mécaniques sont à envisager lorsque les adventices sont encore jeunes pour être sensibles aux outils et lorsque le pois n’a pas encore de vrilles bien développées, lesquelles risquent de s’accrocher au matériel et de tout arracher. Il est conseillé de cibler l’intervention après et avant 2-3 jours de beau temps pour une meilleure efficacité. Pour des raisons de fenêtres climatiques, le désherbage mécanique sur pois s’applique plutôt sur des pois semés à partir du 1er février, c’est-à-dire les pois dits « de printemps ».

Les évolutions en désherbage des pois protéagineux

Les solutions Prowl 400, Pentium Flo et Baroud SC, herbicides à base de pendiméthaline, se voient retirer leur usage sur graines protéagineuses d’hiver. Cet usage inclut les pois, féveroles ou encore lupins implantés avant le 1er février. La date limite d’utilisation de ces solutions a été fixée au 25/09/2025. Les possibilités de recours notamment de demande de dérogation par Terres Inovia sont à l’étude pour permettre l’utilisation de ces solutions pour les implantations 2025. Au 1er octobre, il n’était pas permis de préjuger des conclusions des réflexions en cours. Cette évolution réglementaire n’impacte pas les graines protéagineuses (pois, féverole, lupin) de printemps.

 

Contact : Arnaud Micheneau, a.micheneau@terresinovia.fr

Lire l'article dans le n° de décembre d'Arvalis & Terres Inovia infos : ici (attention, l'encadré de la page 35 comporte une erreur, la version ci-dessus est correcte).

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