Publié le 10 juin 2025 | Modifié le 16 décembre 2025

Couverts végétaux : Mode d’emploi pour une réussite agronomique

​​​​​​​Dans le Sud-Ouest, les couverts végétaux peinent encore à s’imposer, malgré leurs nombreux atouts agronomiques. Le réseau d’agriculteurs Syppre Lauragais livre ici les enseignements tirés de plusieurs campagnes d’essais, pour aider les agriculteurs à franchir le pas. Clé de leur réussite : un choix du couvert raisonné, en cohérence avec la rotation, le type de sol, et les objectifs visés. 

Encore peu présents sur les coteaux argilo-calcaires du Sud-Ouest, les couverts végétaux ont pourtant un rôle essentiel à jouer. Le suivi de 30 parcelles d’agriculteurs dans le Lauragais, nous a permis de vous proposer un chemin pour choisir le couvert qui convient à vos parcelles et votre exploitation. 

Un choix guidé par vos objectifs

Avant tout, il s'agit d'identifier pourquoi on implante un couvert : structuration du sol, protection contre l’érosion, apport d’azote ou encore lutte contre les adventices. Ce premier filtre permet de cibler les espèces les plus adaptées. Le deuxième sera la période d’implantation avec également plusieurs options proposées.  

1 - Quand semer ? 

Trois grandes fenêtres de semis se distinguent. La première, Juillet, juste après les moissons. Lors de cette période d’implantation privilégier des espèces à cycle court, supportant la sécheresse (Sorgho, moha…). La seconde, Août/ Septembre. Sur cette période, on parle plutôt de couvert automnal, avec des espèces vigoureuses et à croissance rapide. Sur la dernière période possible, Septembre/octobre choisir des espèces hivernales avec une bonne vigueur au démarrage, résistantes au froid et au gel et un bon développement au printemps (légumineuses d’hiver, céréales…). Dans toutes les situations, il sera important de faire attention à la rapidité de floraison et détruire le couvert en cas de grenaison. 

2 - Miser sur la diversité et équilibrer des mélanges

Aujourd’hui, le mélange de 4 – 5 espèces est fortement recommandé. Il offre plusieurs avantages : combiner les atouts des familles botaniques, sécuriser l’implantation : chaque espèce ayant des exigences différentes, le mélange s’adapte mieux à l’incertitude climatique et standardise les pratiques : un mélange cohérent peut être utilisé sur plusieurs parcelles.

 

ACACIA - GIEE MAGELLAN — Triple PerformanceL’outil ACACIA V4, développé par le GIEE Magellan, aide à construire un mélange personnalisé selon le contexte et les objectifs de l’exploitation. L'outil est disponible dans cet article également complémentaire : Choix des couverts d'interculture

 

 

Le semis doit concilier les exigences de toutes les espèces. Les tailles de graines doivent être assez proches entre espèces associées pour rester sur une plage de profondeur de semis du même ordre, à moins d’accepter de semer en deux fois les espèces. Eviter que les petites graines soient enterrées trop profondément. L’idéal reste de choisir des espèces aux profondeurs de semis compatibles et trouver l’équilibre de profondeur de semis.
Le couvert doit s’intégrer dans la rotation sans créer de problèmes sanitaires ou agronomiques. Il faut être vigilent à : 

  • Ne pas utiliser une espèce de la même famille botanique que la culture suivante, pour éviter la prolifération de ravageurs ou pathogènes communs. 
  • Éviter les graminées avant céréales (risque de piétin échaudage). 
  • Proscrire les crucifères en rotation avec colza fréquent. 
  • Prendre en compte la date de floraison pour éviter une montée à graines. 

Exemple : Un couvert performant avec une base féverole

Un mélange composé de 120 kg/ha de féverole d’hiver, 5 kg/ha de vesce massa, 2,5 kg/ha de phacélie et 2,5 kg/ha de radis chinois a été implanté fin septembre sur une parcelle argilo calcaire du Lauragais. Le semis a été réalisé à 3 cm de profondeur, à l’aide d’un semoir direct, après un léger déchaumage à disques. Ce couvert a généré 4,1 t de matière sèche par hectare dès le mois de mars.
L’association légumineuses/crucifère/hydrophyllacées a permis un bon équilibre entre production de biomasse, structuration du sol et apport potentiel en azote. Ce type de mélange constitue une option robuste pour des intercultures longues implantées à l’automne. 

3 - Adapter les densités et proportions

Quelques repères pour ajuster les doses :
En général, la densité de semis de chaque espèce dans un mélange s’ajuste en divisant sa dose en pur par le nombre total d’espèces. Mais ce calcul de base peut être affiné : quelques ajustements ciblés permettent d’optimiser les performances du couvert. 

Quelques ajustements permettent d’affiner la densité de semis pour maximiser les services du couvert :

  • Crucifères : viser une faible densité en semis précoces (juillet), autour de 15 à 20 pieds/m², pour limiter la concurrence avec les autres espèces. En revanche, en semis plus tardifs (fin août), on peut monter à 30 pieds/m².
  • Légumineuses : si l’objectif principal est la restitution d’azote, il est pertinent d’augmenter leur part dans le mélange, jusqu’à 50 % minimum.
  • Conditions d’implantation : en cas de semis direct, de présence de résidus (paille) ou de contexte sec, une surdensité de 10 à 30 % est souvent nécessaire pour compenser les pertes à la levée ou viser un objectif de production fourragère.

Pour garantir une bonne levée du couvert, le choix du matériel de semis est déterminant. L’essentiel est d’assurer un bon contact sol-graine, indispensable à la germination. Cela peut se faire avec les outils disponibles sur l’exploitation : semoir à céréales classique, semoir à dents, semoir direct (SD) ou encore semis à la volée avec enfouissement léger.

L’objectif reste le même : obtenir un couvert homogène, bien développé, capable de répondre aux besoins fixés en amont (limitation de l’érosion, apport de matière organique, structuration du sol, etc.).

Dans un contexte de changement climatique et d’importants phénomènes érosifs, les couverts végétaux apparaissent comme un levier stratégique. Encore faut-il les intégrer avec méthode et cohérence dans la rotation.
Le meilleur conseil reste simple, mais essentiel : observer, tester, ajuster. C’est en expérimentant sur vos propres parcelles, en tenant compte de vos objectifs et de vos contraintes, que vous affinerez les choix techniques et construirez vos propres références. 


Votre contact régional : Clémence de Saintignon -c.desaintignon@terresinovia.fr