Publié le 15 mars 2024 | Modifié le 15 décembre 2025

Comment se prémunir contre le Sclérotinia et l’Oïdium et reconnaitre les symptômes de Mycosphaerella

Dans les régions du sud de la France et en Auvergne-Rhône-Alpes, les parcelles se dirigent progressivement vers la floraison.L’eau, bien que souvent excédentaire, est un facteur favorable à cette entrée en floraison en bonnes conditions. C’est le moment de raisonner la protection fongicide colza lorsqu’elle est nécessaire.

Celle-ci doit être réalisée dès le stade G1, marqué par la chute des premiers pétales, environ 10 à 12 jours après le début de la floraison. En l’absence de pluie depuis le début floraison, dans les conditions du sud-ouest (hors façade atlantique et piémont pyrénéen) l’application peut être retardée de quelques jours de façon à mieux couvrir le risque oïdium sur la fin de cycle. En effet, dans les terres, le risque oïdium est supérieur au risque sclérotinia, et peut justifier cette adaptation de stratégie.

Pour la gestion du risque sclérotinia, les analyses réalisées par les kits pétales, dans le cadre du réseau BSV, permettront d’évaluer le niveau de risque avec plus de précision. 

Une gestion préventive pour le sclérotinia, curative pour l’oïdium 

La lutte contre le sclérotinia en végétation repose exclusivement sur une gestion préventive. Il s’agit de protéger les colzas avant la contamination des organes (tiges, feuilles) par le mycélium de sclérotinia ayant germé et étant présent sur les pétales. En effet, lorsque les pétales chutent, ces derniers se déposent sur les organes de la plante et les contaminent.

Pour l’oïdium, la protection de type curative est conditionnée par l’observation des premiers symptômes. Néanmoins, bien qu’efficace, la lutte curative contre l’oïdium est parfois difficile à mettre en œuvre car les colzas sont hauts et avancés lorsque les premiers symptômes ,de tache étoilée sur feuilles apparaissent, (Droite de la photo).

Il convient donc d’adapter le programme pour englober les potentiels risques sclérotinia et oïdium. Pour cela, il est opportun de choisir un produit fongicide efficace sur sclérotinia et avec des arrières-effets suffisants pour contrôler l’oïdium. Deux traitements ne se justifient généralement pas.

Dans le Sud-Est (Est Occitanie, PACA) où les attaques d’oïdium sont régulièrement fortes, viser une protection contre l’oïdium systématique au stade G1. Dans quelques situations (sclérotinia observé par le passé, ou parcelles en rotation avec des cultures maraîchères, (melons en particulier) on visera à la fois une protection contre oïdium et sclérotinia. 

Faire le tour des parcelles pour repérer le stade début floraison (F1)

L’entrée en floraison, stade F1, est un stade facile à identifier (soit 50% des plantes avec ouverture des premières fleurs), qui permet d’anticiper la chute des premiers pétales, stade G1, moment opportun pour protéger les colzas face au risque maladies. (6 à 12 jours séparent ces deux stades). 

Quel produit choisir pour optimiser le rapport coût/efficacité

 
Au-delà des performances sur sclérotinia, il est essentiel de choisir une solution permettant de contenir également la pression oïdium. Globalement les solutions à base de prothioconazole seul (JOAO ou générique à 0,7 l/ha), associé à une autre triazole : le tébuconazole (PROSARO 0.8 l/ha) ou à une SDHI (PROPULSE 0,8 l/ha) présentent les meilleures efficacités sur sclérotinia avec une très bonne action sur oïdium.

Compte-tenu des pressions sclérotinia généralement modérées voire même faible dans le Sud-Ouest, il est possible d’optimiser le rapport coût/efficacité de ces solutions. En effet, des diminutions de doses peuvent s’envisager, jusqu’à 0,5 l/ha par exemple pour un PROSARO ou une spécialité à base de prothioconazole seul. PROPULSE à 0.5 l/ha est à réserver aux situations d’absence de symptômes d’oïdium au moment du traitement. L’efficacité sur sclérotinia restera suffisante tout comme les arrières-effets sur oïdium.

Il est aussi possible d’employer d’autres substances actives, à moindre coût, comme le metconazole. L’efficacité sur sclérotinia est en léger retrait en comparaison des grandes références, mais peut suffire pour les pressions faibles à moyennes de la région. L’efficacité sur oïdium est bonne.
Pour les parcelles où le risque sclérotinia est plus marqué, lié à l’historique des attaques ou bien au pédoclimat plus favorable (ex : bordure atlantique). Une association du metconazole  à une SDHI, en l’occurrence du boscalide apportera un renfort sur cette maladie.

La solution TRESO apporte depuis 2022, un nouveau mode d’action (Phenylpyrroles (PP)) dans la lutte contre le sclérotinia via la substance active fludioxonil qui permet de limiter les résistances aux SDHI. Il n’est pas homologué pour l’usage oïdium et n’a pas été testé par Terres Inovia sur cette maladie. TRESO est uniquement disponible en association avec une autre solution, notamment du prothioconazole ou encore du metconazole.
D’autres solutions sont disponibles pour une gestion satisfaisante du sclérotinia comme REVYDAS à 0.8 l/ha (MEFENTRIFLUCONAZOLE + BOSCALIDE) ou des packs comme INTUITY FORCE ou POWER (MANDESTROBINE + METCONAZOLE ou PROTHIOCONAZOLE respectivement). Ces solutions n’ont pas été testées directement sur oïdium par Terres Inovia mais les modes d’action présent via les triazoles notamment sont efficaces contre ce pathogène.
 

N'hésitez pas à consultez le tableau des fongicides 2024

Situations à risque Mycosphaerella


Malgré l’absence de signalements de mycosphaerella en 2024 sur le territoire, certains secteurs du nord et de l’ouest de la Dordogne ou encore de la façade atlantique peuvent néanmoins se montrer plus exposés au risque. Les Charentes comme une large partie de la moitié nord de la France ont été particulièrement exposés à la maladie sur la dernière campagne. Une attention particulière est à porter sur l’apparition de la maladie.
Le traitement appliqué au stade G1 (chute des premiers pétales et 10 premières siliques de moins de 2 cm) contre le sclérotinia reste le pivot de la protection fongicide en colza. Ce traitement permettra également dans la majorité des situations de protéger contre mycosphaerella. En cas de présence bien visible de mycosphaerella au moment du traitement, il faudra appliquer au moins 80 % de la dose homologuée du fongicide à base de triazole seule ou associée, de préférence prothioconazole.


A noter, l’intérêt d’une application d’un fongicide/régulateur sur la montaison début mars n’a jusqu’ici pas été mise en évidence. Bien qu’un effet visuel sur l’expression des symptômes soit observé, aucun bénéfice sur le rendement n’a été noté (réseau de 7 essais Terres Inovia entre 2022 et 2024). Ce type de pratique sur des petits colzas, mal enracinés et/ou impactés par des insectes peut même à l’inverse pénaliser le rendement du colza.

Rhapsody, que penser de cette solution de biocontrôle ?

Rhapsody est désormais l’unique solution de biocontrôle destinée à la lutte contre le sclérotinia en application foliaire. D’une manière générale, l’efficacité intrinsèque de ce type de solution, appliquée seule est variable et peu satisfaisante. En association, l’efficacité finale reste très dépendante de la nature du fongicide associé. Les essais menés par Terres Inovia, ne montrent pas de gain d’efficacité des associations de produits de biocontrôle à une demi-dose de fongicide, par rapport à la demi-dose de fongicide seule. Il n’apparait donc pas d’intérêt technique particulier pour ce type de solutions. Par ailleurs, ces solutions n’apportent pas de bénéfices sur oïdium. Il n’y a pas de plus-value apportée par ces solutions de biocontrôle associées à un fongicide.
 

Vos contacts régionaux

  • Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr) - Auvergne, Rhône-Alpes, PACA
  • Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées   
  • Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Occitanie