Récolte du tournesol : choisir un matériel adapté et maximiser la marge
Récolte du tournesol : choisir un matériel adapté et maximiser la marge
La récolte est une étape essentielle. Parmi les points clés figurent le réglage adéquat de la moissonneuse-batteuse, le choix du bon stade et d’un système de coupe adapté au contexte de production. Récolter à l’humidité optimale permet de maximiser la marge économique.
Les suivis de chantiers de récolte du tournesol, réalisés par Terres Inovia entre 2020 et 2022 avec des conditions satisfaisantes (absence de verse, humidité des graines proches des normes commerciales de 9%), montrent des niveaux de pertes de graines libres et de capitules réduites, à la fois au niveau de la coupe et à l’arrière de la moissonneuse-batteuse.
Exemple de coupe standard aménagée avec des plateaux. Ici, les doigts des rabatteurs ne sont pas recouverts d’une plaque. Celle-ci limiterait le risque de « piquer » des capitules, qui peuvent alors être éjectés de la coupe. La forme arrondie et convexe du diviseur limite les phénomènes de « blocage » des plantes. Celui-ci entraîne leur verse à côté de la coupe. Il est à l’origine de l’essentiel des pertes (capitules au sol) lors d’un chantier de récolte. Crédit : Terres Inovia
Dans des conditions satisfaisantes de récolte, avec un réglage optimal de la machine et une coupe standard aménagée pour le tournesol, les pertes – sous forme de capitules éjectés au sol ou de tiges sectionnées ou écrasées avec le capitule – ont été comprises entre 10 et 1000 capitules/ha, soit un maximum de 80-100 kg/ha, équivalent à une perte maximale de 40 (en conventionnel) à 80 (en agriculture biologique) €/ha (1). Dans le cas de tournesols versés, les pertes peuvent être beaucoup plus élevées si le système de coupe n’est pas adapté à cette situation délicate mais exceptionnelle.
Ainsi, pour être récolté, le tournesol nécessite une adaptation de la coupe classique destinée à la récolte des céréales à paille.
Choisir un système de coupe adapté
Les coupes standards aménagées avec des plateaux sont une adaptation d’une coupe à céréales à paille et sont le premier équipement à s’être développé pour récolter le tournesol. L’investissement est limité puisqu’elles ne nécessitent pas l’achat d’une coupe spécifique et elles permettent de récolter des tournesols avec différents écartements entre rangs. En revanche, le débit de chantier est limité (plafond conseillé de surface récoltée estimé à 50 ha/an selon les constructeurs) et elles ne permettent pas de récolter des tournesols versés.
Les coupes intégrales spécifiques au tournesol peuvent être équipées d’un broyeur de cannes positionné sous la coupe. Dernièrement, ce type d’équipement est en progression en France. Le débit de chantier est important grâce à une vitesse d’avancement élevée (8 à 15 km/h), elles offrent un confort de récolte et de larges coupes (≥ 6 m), elles sont capables de récolter du tournesol avec différents écartements entre rangs et, pour certains modèles, de récolter et broyer en un seul passage. En revanche, l’investissement dans ce type de coupe spécifique au tournesol est important [avec un prix indicatif de 3 à 7 k€ HT (2) par mètre linéaire en 2024 ainsi qu’un surcoût significatif du broyeur ou d’une coupe pliable]. De plus, elles ne permettent pas de récolter des tournesols versés.
Les conditions de battage peuvent être différentes selon les parcelles et les variétés. Pour minimiser les pertes et obtenir une récolte propre, après avoir réalisé un premier réglage souvent automatique des différents organes de battage, il est essentiel de faire des ajustements durant le chantier de récolte. Crédit : Terres Inovia
Parmi les coupes intégrales, les coupes de type « stripper » ont un rouleau cranté sous la coupe qui tire les tiges pour une coupe juste au-dessous du capitule. Elles sont destinées à la récolte de grandes surfaces grâce à leur débit de chantier élevé. Avec des largeurs de coupes réduites, elles sont par ailleurs utilisées en tournesol de semences. En limitant la quantité de matière à battre, elles facilitent la récolte d’une culture encore humide, situation fréquente en production de semences.
Les becs cueilleurs sont soit de type maïs grain avec l’ajout d’un kit d’adaptation pour la récolte du tournesol, soit spécifiques à l’oléagineux. L’écartement entre les becs cueilleurs doit correspondre à l’écartement entre rangs du semoir. Cela peut être une limite pour les entrepreneurs de travaux agricoles qui récoltent chez différents clients qui possèdent des semoirs de divers écartements entre rangs. Ce type d’équipement permet de récolter des tournesols versés et, de façon générale, d’être particulièrement adapté à la récolte de tournesol hauts et végétatifs. S’agissant des kits adaptatifs, l’investissement dans un kit adaptateur est limité et cela permet de disposer d’un seul cueilleur pour le maïs grain et le tournesol. Les becs cueilleurs spécifiques au tournesol permettent un débit de chantier élevé. Ils représentent quant à eux un investissement significatif, de l’ordre de 3,5 à 5 k€ HT par rang.
Pour aller plus loin |
(1) Hypothèse de prix de vente du tournesol : 400 €/t en conventionnel et 800 €/t en agriculture biologique.
(2) k€ = 1000 €.
Contact : V. Lecomte, v.lecomte@terresinovia.fr
Et pour lire l'article dans Arvalis & Terres Inovia, c'est ici.