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Les intercultures pièges : un levier de gestion territorial des altises d’hiver

Article rédigé par
  • Aurore Baillet (a.baillet@terresinovia.fr)
Les intercultures pièges : un levier de gestion territorial des altises d’hiver
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    Modifié le : 28 avr. 2025

    La stratégie de lutte contre les altises d’hiver s’étoffe avec un nouveau levier de gestion à l’échelle du territoire : les intercultures pièges. En complément des leviers déjà mis en place à l’échelle de la parcelle pour réduire les dégâts du ravageur (colza robuste, lutte insecticide), cette pratique doit permette de réduire les infestations.

    Le colza est soumis à une pression croissante des altises, favorisée par l’élévation des températures et l’expansion des résistantes fortes aux pyréthrinoïdes. La lutte intégrée contre ce ravageur mobilise déjà des leviers de gestion à l’échelle de la parcelle (itinéraire technique). L’enjeu est de les sécuriser avec une stratégie territoriale qui vise à détourner les altises d’hiver des parcelles de colza en les attirant sur des parcelles d’interculture puis à réguler leur population en détruisant les larves dans les couverts.

    Une pratique facile à mettre en œuvre

    ​​​​​​​Les altises adultes, à leur sortie d’estive, recherchent des sites pour s’alimenter et pondre. Si elles sont particulièrement attirées par le colza, d’autres brassicacées comme le radis chinois ou la navette présentent un attrait équivalent, voire supérieur. En revanche la moutarde blanche et le radis fourrager ne sont pas adaptés.

    Fort de ces constats, l’idée des intercultures pièges à germer. La pratique consiste à semer des plantes attractives (radis chinois) dans les couverts d’interculture pour diluer la population du ravageur à l’échelle du territoire, puis de détruire les larves grâce à la destruction mécanique du couvert en entrée d’hiver (cf. figure ci-dessous).

    Une expérimentation à grande échelle

    ​​​​​​​Cette stratégie, initiée par un collectif sur les plateaux de Bourgogne, a été testée dans d’autres territoires sur trois campagnes dans le cadre du Plan d’action de sortie du phosmet, soutenu par le ministère de l’Agriculture via le fond Casdar.
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    Entre 2022 et 2024, 41 parcelles d’interculture ont été implantées avec des mélanges comportant au moins 20 pieds/m² de radis chinois et 74 parcelles de colza à proximité ont été suivies. Dans ce pool de situations (pas toujours optimisées), l’efficacité de la pratique est très variable, allant de 0 % à 89 %. En moyenne 29 % de la population d’altise ont été détournés des champs de colza.

    Des conditions de réussite identifiées

    Terres Inovia a d’ores et déjà identifié plusieurs facteurs de réussite de la pratique :

    • Une densité minimale de 20 pieds/m² de radis chinois dans l’interculture.
    • Une surface de parcelle piège importante, idéalement au moins équivalente à celle du colza.
    • La proximité entre les intercultures pièges et le colza.
    • Le semis de l’interculture sur la même période que le colza. Le radis est plus attractif lorsqu’il est jeune. Les semis d’interculture au mois de juillet conduisent souvent à un développement trop important de la plante piège.
    • Une destruction des intercultures en entrée d’hiver, de préférence mécaniquement.

    Une coordination territoriale, favorisant une mise en œuvre concertée entre exploitations voisines, permettra d’optimiser la mise en œuvre et de maximiser l’impact. Le déploiement à grande échelle de cette pratique augmentera l’efficacité de la technique car elle améliorera la probabilité d’interception des insectes lors de leurs déplacements. Seuls les secteurs avec des problématiques de hernie des crucifères ou de nématodes doivent être exclus de cette mise en œuvre.

    En parallèle, des recherches sont en cours pour optimiser la méthode, notamment en explorant l’usage de médiateurs chimiques capables d’attirer ou de repousser les altises. Ces solutions pourraient encore améliorer l’efficacité des intercultures pièges et renforcer leur complémentarité avec les leviers de gestion à l’échelle de la parcelle.

    Une pratique sécurisée

    Avant de déployer à grande échelle les intercultures pièges, Terres Inovia a mis en place des essais spécifiques pour s’assurer que les larves d’altises étaient bien détruites lors de la destruction des intercultures. L’institut recommande une destruction mécanique avant l’hiver pour sécuriser la pratique. Dans cette configuration, on dénombre 90 % d’adultes émergeants en moins que sur un colza.

    Aurore Baillet - a.baillet@terresinovia.fr - Alsace, Lorraine

     

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