Baisse des surfaces de colza : comment Terres Inovia se bat pour sécuriser le présent et préparer l’avenir ?
Baisse des surfaces de colza : comment Terres Inovia se bat pour sécuriser le présent et préparer l’avenir ?
En dépit d’une conjoncture difficile, l’Interprofession, entourée de ses familles professionnelles, n’a pas faibli dans son souci constant de rendre les cultures oléo-protéagineuses toujours plus compétitives. Son institut technique Terres Inovia a justement œuvré pour anticiper les difficultés des producteurs par des recommandations particulièrement suivies des opérateurs. Les actions menées ont été mises en lumière à l’occasion du bilan de l’action de l’institut au cours du plan CVO de 3 ans qui arrive à son terme. Illustration avec le cas emblématique du colza. L'analyse de David Gouache, directeur adjoint de Terres Inovia.
Quel bilan feriez-vous de ces trois dernières années ?
David Gouache : Il est à mi-chemin entre la préparation d’un avenir qui doit être positif, étant donné les ambitions de souveraineté protéique, et la nécessité de faire face à des vents contraires et des difficultés, qui ont impliqué une mobilisation forte. Ainsi, pour le colza, notre culture emblématique, Terres Inovia a été force de proposition sur le sujet polémique des néonicotinoïdes.
Ses recommandations ont ainsi conduit à infléchir l’arrêté du 5 février 2021 qui autorise pour une durée de 120 jours l’emploi de semences de betteraves sucrières protégées avec des produits contenant de l’imidaclopride ou du thiamethoxam. Cet arrêté reconnait ainsi le rôle essentiel du colza dans le bol alimentaire des pollinisateurs. Cela a permis de sauver potentiellement 70 000 ha de colza, qui aurait été condamnées par une autorisation en N+3 uniquement.
L’Institut se bat actuellement pour que le retrait probable du phosmet se fasse avec le calendrier le plus long possible, afin de laisser les solutions alternatives se mettre en place : l’enjeu est de taille, car ce sont jusqu’à 300 000 ha qui sont ici en jeu.
Comment Terres Inovia a adapté son conseil pour accompagner les producteurs et organismes stockeurs face à ces difficultés ?
David Gouache : les experts de l’Institut ont, depuis 3 ans, engagé une refonte complète de leurs recommandations et règles de décision, qu’il s’agisse de l'implantation, de la lutte contre les insectes.
Ces préconisations, et la présence sur le terrain de l’Institut ont eu un réel impact sur les exploitations : les surfaces de colza associé aux légumineuses -un mode de culture dont l’Institut a vanté les atouts- ont augmenté (20 % des surfaces sont concernées), les dates de semis ont évolué à la suite des recommandations de l’Institut et de nombreux opérateurs (organismes stockeurs, semenciers) déclinent des conseils analogues à notre démarche « colza robuste », sous différentes « marques » ou « logos » qui leurs sont propres.
Quels autres leviers sont mobilisés par Terres Inovia ?
David Gouache : l’Institut est très mobilisé pour maximiser l’utilisation du levier variétal. Les équipes ont mis au point de l'évaluation de la résistance au virus TuYV dès l’arrivée sur le marché des premières variétés résistantes, comme nous l’avons fait pour les colzas associés aux légumineuses ou les mélanges de variétés pièges à méligèthes. Actuellement, nous déployons nos premières évaluations de variétés vigoureuses et plus tolérantes aux dégâts d’insectes. Nous engageons enfin des travaux sur des démarches de plus long terme, pour maximiser la régulation naturelle des ravageurs via les populations d’auxiliaires et d’autres approches d’ingénierie écologique : le projet R2D2 en est un emblème. D’autres techniques de rupture sont aussi en test (kairomones, plantes attractives et répulsives, semis ultra décalés).