L’atténuation du changement climatique par une transition gagnante pour les agriculteurs

Le contexte

Le changement climatique renforce les vulnérabilités des productions agricole. Il est urgent d'agir à la fois pour s'y adapter et également pour l'atténuer.

Or, le secteur agricole a une responsabilité vis à vis des émissions de gaz à effet de serre (GES) qui ont changé l'équilibre climatique. En effet, l’agriculture est un émetteur prépondérant pour les émissions de méthane (CH4) et de protoxyde d’azote (N2O), deux gaz à effet de serre qui ont les plus forts pouvoirs échauffants.

L’agriculture était ainsi responsable de leurs émissions à hauteur, respectivement, de 68% et 88,6%, en 2018 (Rapport Secten 2020 du CITEPA). Le secteur agricole contribue pour 19% des émissions de la France et pour 88% des émissions de protoxyde d’azote  (N2O). Le secteur des grandes cultures représente un des plus forts potentiels de stockage de carbone en France.


L’enjeu carbone : Terres Inovia accompagne les volontaires

Il existe actuellement un besoin très important d’informations et d’accompagnement sur les enjeux du carbone ; producteurs, collecteurs, industriels, collectivités, chacun cherche son positionnement et certains se montrent déjà très engagés dans des projets.
Terres Inovia s’est engagée fortement sur la question de l’atténuation du changement. L’institut est, en effet, membre du Club Climat Agriculture et du Comité de rédaction de la méthode sectorielle Grandes cultures.
Il accompagne également toute personne intéressée par des projets qui peuvent apporter une rémunération supplémentaire aux agriculteurs s’engageant dans des systèmes et pratiques agricoles réduisant les émissions de gaz à effet de serre.


Le Label bas carbone, qu’est-ce que c’est ?

                              

 


Pour faciliter l’atteinte de ses objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), la France porte depuis 2019 un cadre de certification du marché carbone, le label bas carbone.  Des collectivités, des entreprises, et même des citoyens, sont prêts à rémunérer des actions bénéfiques pour le climat sur une base volontaire, par exemple pour compenser leurs émissions résiduelles. Le Label bas-carbone offre aux financeurs les garanties de qualité et d’intégrité environnementale des projets.

Objectif : rendre transparent un processus innovant offrant des perspectives de financement à des projets locaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans les secteurs agricoles et forestiers.
Il permet alors une nouvelle source de rémunération pour valoriser financièrement ceux qui, au sein de la production agricole, contribuent aux objectifs climatiques de la France.

Ce label incite les producteurs et autres partenaires à enclencher plus facilement des projets territoriaux vertueux. C’est bien par la combinaison des incitations et financements que la transition agricole sera possible. Outiller le secteur pour aller dans ce sens est nécessaire.  

Une méthode sectorielle pour les grandes cultures depuis août 2021

A la demande du consortium interprofessionnel des grandes cultures, Arvalis, Terres Inovia, ITB-ARTB, avec l’appui d’AgroSolutions, se sont attelés depuis 2020 à rédiger la méthode sectorielle des grandes cultures pour comptabiliser les réductions des gaz à effet de serre dans des projets territoriaux du Label Bas Carbone.


Le Comité de rédaction a associé à la mise au point de la méthodologie grandes cultures :
-Un comité scientifique composé des garants du cadre du label (ADEME, I4CE, DGEC)
-Un comité d’experts associés (issus des organismes de recherche et développement) via des groupes de travail
- Un comité des usagers (associations et privés) pour des points d’échanges au cours du temps.

Le rôle de Terres Inovia


Terres Inovia a spécialement œuvré sur les réductions liées à l’aval de la production agricole et l’animation du groupe sur les co-bénéfices. Il s’agit des bénéfices du projet qui sont supplémentaires à celui de l’atténuation du changement climatique, comme le maintien ou l’augmentation de la biodiversité et la réduction de l’érosion des sols.

Une méthode validée


Approuvée « Label bas-carbone » par les pouvoirs publics le 23 août 2021, la méthode « LBC-Grandes cultures » vient s’articuler avec les méthodes déjà approuvées (comme celle pour le secteur des élevages bovins CarbonAgri et celle des Haies).
Elle s’articulera aussi avec d’autres méthodes en cours d’instruction comme celle sur le levier spécifique d’insertion des légumineuses à graines utilisées pour l’alimentation (méthode Légumineuses).

Des atouts pour les projets vertueux


En mobilisant la méthode grandes cultures, le porteur de projet pourra alors capitaliser sur les réductions d’émissions obtenues en cinq ans par la mise en œuvre d’une combinaison de leviers pour des quantités moindres d’émissions de GES directes et indirectes ou pour plus de stockage de carbone dans les sols. Si approuvée, la méthode Légumineuses se focalisera, quant à elle, sur la réduction des GES avec le levier d’insertion des légumineuses dans les rotations.


Les leviers d’atténuation de changement climatique impliquant nos cultures


Les systèmes de production incluant des cultures économes en intrants azotés (légumineuses et tournesol) ou rapportant beaucoup de matières organiques au sol (couverts ou colza) sont bien placés pour participer à l’atténuation du changement climatique.

Terres Inovia s’engage pour accompagner la transition écologique avec les acteurs volontaires pour viser :

-des réductions effectives et certaines d’émissions de GES avec les légumineuses à graines (soja, pois, féverole, lupin, lentille et pois chiche) d’abord par évitement d’émissions de GES liées à l’absence d’apports d’engrais azotés sur les cultures de légumineuses à graines et ensuite par réduction sous les cultures qui les suivent dans la rotation culturale. Il y a, en effet, moins d’émissions de N2O et de CO2 au champ et en amont que dans le cas des systèmes sans légumineuses à graines. Des études antérieures avaient estimé qu’inclure une légumineuse à graines dans un système de culture peu diversifié permet une réduction de 8 à 25% de GES.
En savoir plus sur le service climatique des légumineuses à graines

-la séquestration de carbone permise par la présence de colza ou encore l’ajout de couverts végétaux au sein des agrosystèmes : le colza favorise le retour de la biomasse au sol via ses résidus de culture et peut donc participer au maintien ou au stockage de carbone dans les sols sur le long terme, d’autant plus s’il est associé à des légumineuses gélives.


Des études de Terres Inovia et ses partenaires sont en cours pour analyser les quantifications des crédits possiblement générables par des projets utilisant la méthode Label bas carbone Grandes cultures, selon les contextes et leviers mobilisés sur les surfaces arables. Les instituts techniques agricoles français dont Terres Inovia sont impliqué dans un projet européen d’envergure, lauréat d’un appel à proposition du GreenDeal, qui va démarrer en 2022 pour 4 ans sous la coordination de l’INRAE (ClieNFarms).  

L’atténuation du changement climatique, en lien avec la souveraineté alimentaire


Comment les projets de relance pour accroître la production nationale de protéines végétales peuvent-ils converger vers les objectifs de réduction des GES de la France ? Les tourteaux d’oléagineux et les graines ou fourrages de légumineuses sont des sources de matières riches en protéines (plus de 15% pour leur teneur en protéines). C’est pourquoi la Stratégie Nationale Protéines Végétales est à combiner avec l’enjeu d’atténuation du changement climatique.

Les objectifs de Cap Protéines  sont de maintenir à 2 millions d’hectares d’oléagineux (colza et tournesol) et de doubler les surfaces de légumineuses (à graines et fourragères). Cela représente +500 000 ha de légumineuses à graines et donc une évolution de l’utilisation pour seulement 5% des 10Mha de la SAU des grandes cultures, ce qui ne perturbe donc pas la fonction exportatrice des céréales de la France. A l’échelle nationale, l’INRAe avait évalué que 1,2 Mha de légumineuses à graines représentent un levier de réduction de 1,7 MtCO2e (Pellerin et al 2013).

 

En savoir plus :
 Comment réduire les émissions de GES et stocker du carbone en systèmes de grandes cultures? «
Cap protéines œuvre à accroître notre souveraineté protéique

Le label bas carbone