Les vrai-faux de l’irrigation du tournesol
Les vrai-faux de l’irrigation du tournesol
L’eau est souvent le 1er facteur limitant le potentiel de rendement du tournesol. En 2019, près de 20 % des tournesols étaient cultivés sur des parcelles irrigables et 6 % d’entre eux seulement ont été irrigués. Pourtant, le tournesol dispose d’une bonne efficience à l’eau qui lui permet de très bien valoriser un volume d’eau d’irrigation modéré (70 à 100 mm). En particulier dans les situations sur des sols superficiels, voire intermédiaires, où le tournesol est de plus en plus souvent implanté une irrigation bien conduite apporterait une plus-value économique.
Certaines idées reçues circulent au sujet de l’irrigation du tournesol, Terres Inovia fait le point.
Le tournesol n’est pas consommateur d’eau : FAUX
Le tournesol peut consommer beaucoup d’eau quand elle lui est fournie en abondance. Cependant, l’atout du tournesol est de pouvoir atteindre son optimum de rendement avec une couverture de seulement 75% de ses besoins en eau.
Du début de la floraison et jusqu’à la fin du remplissage des graines, le tournesol est dans une phase de sensibilité maximale à la sécheresse ; c’est en effet durant cette période que le taux de nouaison et le PMG (Poids de Mille Graines) sont déterminés. Durant cette phase, 230 mm d’eau (Réserve Utile + pluie + irrigation) sont nécessaires pour assurer un rendement de 30 q/ha. La variation des résultats économiques en fonction du confort hydrique de la plante illustre bien cette valorisation de l’eau (graphique ci-dessus).
Avec une même quantité d’eau, le tournesol tire son épingle du jeu comparée à d’autres cultures d’été : VRAI
Si le tournesol est une culture d’été relativement robuste face au stress hydrique, l’irrigation peut être économiquement très bien valorisée.
Pour une même quantité d’eau apportée, la comparaison des marges dégagées par un tournesol, un soja et un maïs, montre que le tournesol tire son épingle du jeu dans les sols superficiels et intermédiaires.
Ce résultat a été obtenu avec des volumes d’apport limités (moins de 120 mm au total) et en s’adaptant à un arrêt précoce de l’irrigation (avant le 10 août) : une situation de plus en plus fréquente dans le contexte réglementaire et de changement climatique en cours !
L’irrigation du tournesol c’est simple : il suffit de l’intercaler avec les tours d’eau prévus dans le maïs voisin : FAUX
Les besoins en eau d’irrigation du tournesol sont inférieurs à ceux du maïs, moins de tours d’eau seront donc nécessaires. De plus, Les phases de sensibilité au stress hydrique sont également différentes. De ce fait il faut programmer les apports sur tournesol indépendamment de la conduite des autres cultures irriguées.
Il faut positionner son 1er tour d’eau obligatoirement avant la floraison (stade bouton) : FAUX
La quantité d’eau disponible, la croissance du tournesol et son état de stress hydrique, sont les indicateurs qui permettent de raisonner le 1er apport.
Le tournesol a la particularité de tolérer d’autant mieux le stress hydrique pendant la phase de sensibilité qu’il a subi une contrainte hydrique modérée pendant sa phase végétative.
A savoir
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Irriguer pendant la floraison est interdit : FAUX
Le principal écueil serait de favoriser le sclérotinia du capitule. Cependant, ce risque sera limité si on a choisi une variété à bon comportement face à cette maladie, et en irriguant par temps sec. Il vaut mieux répondre au besoin hydrique du tournesol plutôt que le laisser souffrir jusqu’à fin floraison.
Irriguer en sol superficiel et intermédiaire est rentable : VRAI
Avec un gain moyen de 1.2 à 1.4 q/ha par tranche de 10 mm apportés dans les sols superficiels, et de 0.8 à 1 q/ha dans les sols intermédiaires, l’avantage économique d’une irrigation maîtrisée est largement démontré dans ces sols.
En sol profond, la valorisation de l’eau d’irrigation est plus aléatoire car le tournesol, sous réserve d’être bien enraciné, est capable de puiser dans la réserve en eau du sol au-delà d’un mètre de profondeur.
70 mm d’eau apportés = 100 à 200 €/ha de marge supplémentaire, selon le contexte hydrique de l’année.
Une parcelle en sol superficiel et irriguée n’a pas besoin d’azote : FAUX
Irriguer n’est pas une alternative aux bonnes pratiques de production du tournesol : le respect des fondamentaux techniques (densité de semis, fertilisation etc.) est indispensable pour valoriser le potentiel de la culture.
La quantité d’azote à apporter se raisonne en tenant compte des reliquats de la parcelle et de l’objectif de rendement visé. Attention toutefois à éviter une sur-fertilisation qui pourrait conduire à une croissance foliaire exubérante avant floraison. Une telle situation mènerait à une évapotranspiration excessive pendant l’été qui pénaliserait le rendement par l’épuisement prématuré de la réserve utile (RU).
Privilégier une fertilisation azotée en végétation plutôt qu'au semis du tournesol
L’irrigation du tournesol va favoriser la visite des abeilles, et ainsi la production de graines : VRAI
En réduisant le stress hydrique du tournesol à la floraison, l’irrigation favorise la sécrétion de nectar, source d’alimentation essentielle pour les abeilles. Elle augmente de ce fait l’attractivité des plantes pour les insectes pollinisateurs sauvages et domestiques.
Lorsque la fréquentation des capitules par les insectes augmente, les transferts de pollen sont favorisés. Cela limite ainsi les défauts de fécondation, qui peuvent empêcher les variétés peu autofertiles d’atteindre leur potentiel de rendement grainier. Autre effet positif, la pollinisation entomophile augmente la teneur en huile des graines.
Les bénéfices de l’irrigation est un des thèmes portés par l’action « Téo® - De l’or dans vos rotations » (2020 – 2022) de Terres Inovia pour redynamiser la culture du tournesol |