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Le travail du sol en interculture : plusieurs stratégies pour la gestion des adventices

Article rédigé par
  • Fanny VUILLEMIN (f.vuillemin@terresinovia.fr), Franck Duroueix (f.duroueix@terresinovia.fr)
Le travail du sol en interculture : plusieurs stratégies pour la gestion des adventices
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    Modifié le : 12 sept. 2023

    Le travail du sol a des effets importants sur l’évolution de la flore adventice dans les systèmes de culture (destruction des plantes levées, enfouissement ou remontée de graines, levée de dormance ou mise en dormance des graines, etc...). Les intercultures sont les périodes propices à ce travail du sol. Leur bonne gestion a donc une importance pour le pilotage du désherbage à l’échelle de la rotation.

    Le labour : détruire les adventices et enfouir les graines

    Le labour enfouit une grande majorité du stock semencier superficiel et remonte les graines jusqu’alors incapables de germer car trop profondes. Il élimine, par la même occasion, les adventices levées. Comme les graines de graminées perdent leur viabilité en profondeur beaucoup plus rapidement que les graines dicotylédones (leur Taux Annuel de Décroissance est bien plus élevé), le labour occasionnel dans la rotation (tous les 3-4 ans, avant une céréale de préférence) peut s’avérer intéressant comme stratégie d’épuisement progressif de certaines espèces : bromes, vulpins, ray-grass... 
    Attention cependant, le labour peut aussi favoriser la remontée de graines viables enfouies au cours des années antérieures de géranium et de crucifères, non négligeables en colza.

    • Il est conseillé de labourer lentement, en terre bien ressuyée, à 20-25 cm de profondeur. 
    • Laisser un intervalle de 3 à 4 ans entre chaque labour est optimal.
    • Le labour occasionnel est conseillé pour lutter contre les graminées hors folle-avoine (bromes, vulpins, ray-grass, panics, sétaires, digitaires) mais il n’est pas approprié dans le cas de dicotylédones aux levées printanières (amarantes, chénopodes, morelles, renouées, datura, ambroisie…).

     

    Les déchaumages et les faux-semis : faire lever puis éliminer pour déstocker

    Le déchaumage doit être réalisé avant la grenaison des adventices, par exemple dans la foulée de la récolte.
    Il peut stimuler la levée groupée de certaines espèces (bromes, ray-grass fin août-septembre, vulpins en septembre-octobre), à la faveur d’un temps humide et doux dans les jours qui suivent l'opération. On obtient alors le résultat recherché par la technique du faux-semis (réaliser alors un travail superficiel rappuyé). Pour détruire des adventices à des stades avancés, privilégier les déchaumeurs à socs larges et plats (type Horsch Terrano) ou les cultivateurs à dents rigides (type Lemken Smaragd). Les déchaumeurs à disques indépendants (type Carrier) ou cover-crops sont moins efficaces et nécessitent des passages croisés.
    Le déchaumage est impératif en présence d'ambroisie, en raison du risque allergisant du pollen. 

    Le faux-semis consiste à préparer un lit de semences fin et rappuyé très tôt avant le vrai semis de la culture, pour favoriser la levée des adventices. Avant tournesol, il s'avère efficace pour limiter en amont l'enherbement dans la culture, s'il est réalisé assez tôt avant le semis (ex mi-mars). Le sol ne doit pas être travaillé par la suite (ou superficiellement) pour ne pas remettre des graines en germination. La destruction des adventices levées peut s'envisager de façon mécanique (outil de déchaumage, herse étrille) ou de façon chimique par un herbicide non sélectif. Il est souvent plus préférable d’utiliser un herbicide total en présemis ou postsemis - prélevée de la culture car une façon superficielle risquerait d’assécher le sol en surface. En tournesol, le faux-semis couplé à un report de date de semis (fin avril) apporte un intérêt tout particulier dans la lutte contre des espèces annuelles capables de germer tôt dans le tournesol : renouée liseron, ammi élevé, ambroisie, tournesol sauvage et xanthium par exemple.

    Principe du faux-semis avant tournesol :

    Pour réussir les faux-semis : après la reprise du labour, dès les premiers signes de réchauffement, faire une première préparation superficielle du sol avec un outil à dents (vibroculteur, herse plate, herse de déchaumage ou herse étrille), à une profondeur ne dépassant pas 5 cm, sur sol ressuyé et avant une petite pluie. Compléter par un rappuyage.  Dès que le sol reverdit, renouveler l’opération si possible, et ce à des profondeurs décroissantes pour ne pas remonter de graines en surface (on peut terminer les préparations du sol à la herse étrille par exemple). Enfin, détruire les dernières levées avant le vrai semis (celui-ci s’en retrouve souvent -mais pas obligatoirement- décalé, ce qui facilite la gestion des adventices).

    En sol argileux, une préparation précoce est nécessaire. En sol limoneux, les façons printanières suffisent. 

    Cependant, la réussite du faux-semis est très dépendante de la météo ! Si une pluie est nécessaire pour favoriser la levée des adventices, ce sont cependant des conditions séchantes qui sont requises après la destruction mécanique des levées pour éviter que les graminées continuent de lever ensuite dans la culture.
    Attention, les passages répétés d’outils légers superficiels (herse étrille) peuvent favoriser la formation d’une croûte de battance par un affinage excessif. Dans les sols fragiles (sols limoneux) intervenir en conditions parfaitement ressuyées, préférer un déchaumeur à faible profondeur et finir avec un seul passage de herse étrille s’il y a lieu.
    Sur le long terme, la répétition annuelle de faux-semis permet de réduire le stock semencier de la parcelle et peut s'avérer très utile sur les adventices problématiques.

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