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Cap Protéines : des observatoires soja au cœur du programme

16 sept. 2022

Dans les Hauts-de-France, six observatoires ont été réalisés sur les campagnes de 2021 et 2022 dans le cadre de Cap Protéines (pois d’hiver, colza, tournesol et soja). Les Hauts-de-France est une région qui présente une diversité au niveau des productions agricoles. Avec une telle diversité culturale, la place du soja dans nos assolements et sa rentabilité face à d’autres cultures déjà rentables posent questions.

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Dans les Hauts-de-France, 6 observatoires ont été réalisés sur les campagnes de 2021 et 2022 : 3 de ces observatoires portaient sur le pois d’hiver, le colza et le tournesol ; 3 autres sur le soja. Un observatoire a été réalisé en partenariat avec les chambres d’Agriculture des Hauts-de-France en 2021 et a été reconduit en 2022. Un autre observatoire sur le soja a été réalisé en agriculture biologique en 2022.

Pourquoi s’intéresser au soja dans les Hauts-de-France ?

Le soja est une culture peu présente dans cette région. Le climat froid, le risque de récoltes tardives et l’absence d’une filière soja peuvent être des freins à l’introduction de la culture dans la région.

Pourtant, l’insertion du soja dans un système de culture présente des intérêts : une contribution à l’autonomie protéique, une diversification de la rotation et des atouts agronomiques.

Avec les changements climatiques des dernières années et l’inscription de variétés plus précoces, l’introduction du soja dans les systèmes de culture dans la région est aujourd’hui envisageable. C’est pour cela que plusieurs observatoires soja ont été mis en place dans les Hauts-de-France, pour pouvoir étudier la faisabilité de la culture.​​​

Retour sur l’observatoire en 2021

Onze parcelles ont été suivies en 2021. La campagne a débuté le 22 avril avec les premiers semis qui se sont étalés jusqu’au 11 mai. Faute d’une bonne levée, une parcelle a dû être resemée tardivement le 4 juin. Les variétés semées sont majoritairement des variétés très précoces du groupe 000. Les conditions météorologiques ont été plutôt favorables du semis (avril-mai) à la floraison (juillet) dans l’ensemble de la région.

De la floraison à la maturité, les conditions climatiques ont différé au sein de la région.
Pour rappel, le soja est une plante sensible au stress hydrique de la floraison à la première gousse brune.

Le Nord-Pas-de-Calais a bénéficié d’une bonne pluviométrie durant l’élaboration des composantes de rendements (nombre de gousses et de graines, PMG). Alors qu’en Picardie, les sojas ont pu être impactés par les conditions plutôt sèches.

Sur les 11 parcelles suivies, 8 ont été récoltées du 8 au 20 octobre avec des rendements de 18 à 40 q/ha (18 à 29 q/ha en Picardie et 20 à 40 q/ha dans le Nord-Pas-de-Calais). 3 parcelles n’ont pas été récoltées car elles ont été abandonnées pour les raisons suivantes : forte hétérogénéité, fort salissement et forte pression pigeons à l’implantation. Aucune parcelle n’a été abandonnée à cause du climat froid en 2021, considéré comme frein au soja dans les Hauts-de-France.

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Retour sur les observatoires 2022 (toujours en cours)

10 parcelles sont suivies dans le cadre de l’observatoire en partenariat avec les chambres d’Agriculture et 10 parcelles dans le cadre de l’observatoire « agriculture biologique ».

Les premiers semis ont eu lieu mi-avril et se sont poursuivis jusque fin mai. Les conditions météorologiques ont été moins clémentes que l’an passé. Le printemps a été marqué par une sécheresse provoquant une levée hétérogène des sojas et des désherbages pas toujours efficaces.

A cause de ces conditions non favorables, ce sont 4 parcelles qui ont été abandonnées en raison de forts salissements, de fortes hétérogénéités et parfois du fait d’une forte pression pigeons. Les mauvaises conditions climatiques se sont prolongées durant la période estivale avec un fort manque d’eau aux mois de juillet et août. Ce manque d’eau a pu impacter les sojas non irrigués qui présentent parfois très peu de gousses avec des graines petites.

Du fait des conditions climatiques, des sojas ont déjà pu être récoltés précocement début septembre. En agriculture biologique, les premières récoltes donnent des rendements de 11,6 à 16 q/ha.

Rentabilité du soja dans les Hauts-de-France

Les Hauts-de-France sont une région qui présente une diversité au niveau des productions agricoles. On y produit des céréales, des cultures fourragères, de la betterave, de la pomme de terre, des oléagineux dont le colza, des légumes industriels dont le pois de conserve et les haricots verts et enfin des protéagineux comme le pois protéagineux ou la féverole. Avec une telle diversité culturale, la place du soja dans nos assolements et sa rentabilité face à d’autres cultures déjà rentables posent questions.

En 2020, le prix de vente du soja était de 300-400 €/t. Avec des charges opérationnelles élevées (≈ 460 €/ha) et des objectifs de rendements avoisinant les 25 q/ha, la culture du soja était difficilement compétitive face à d’autres cultures présentes dans les Hauts-de-France qui sont bien plus rentables.

Cependant le contexte actuel pourrait bien faire évoluer les choses en faveur du soja.

  • Le soja étant une légumineuse, elle ne nécessite pas d’apport en azote. Dans un contexte où le prix de l’azote est élevé, ce gain peut être intéressant.
  • Le prix de vente du soja est en forte augmentation depuis 2020 passant de 300-400 €/t à 600-700 €/t en deux ans. Cette augmentation de prix de vente pourrait permettre de se dégager une meilleure marge brute et donc rendre la culture plus rentable.
  • La société et les marchés évoluent en faveur du soja.

En alimentation animale, le marché du « non OGM » est en forte expansion, favorisant la production de soja français au détriment de l’exportation de soja OGM d’Amérique du Sud.
En alimentation humaine, les habitudes alimentaires changent. La consommation de viande diminue au profit parfois d’aliments à base de soja « soyfood » (boisson végétale, steak végétal…), ce marché est en croissance de 3-4 %/an.

Bien que le soja ne soit pas une culture compétitive face à d’autres cultures dans les Hauts-de-France, le contexte actuel pourrait lui permettre de devenir une culture rentable dans cette région.

Contact : Maurane Pagniez m.pagniez@terresinovia.fr

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La responsabilité des ministères en charge de l’agriculture
​​​​​​​et de l’économie ne saurait être engagée.

 

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