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Réduire les émissions de GES : zoom sur une ferme pilote du projet ClieNfarms

24 juil. 2023

Terres Inovia participe à un projet européen qui vise à accélérer la transition de l’agriculture pour contribuer à la neutralité carbone à l’horizon 2050. Visite d’une ferme pilote dans les Ardennes qui teste des leviers bas-carbone.

Le projet ClieNFarms vise à réduire les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) des exploitations agricoles. Lancé en janvier 2022 pour quatre ans, il implique de 33 partenaires européens, dont Terres Inovia. Après la visite du site de démonstration le 13 avril dernier, l’une des huit fermes pilotes impliquées dans le projet a ouvert ses portes le 23 mai 2023.

 

Diagnostic carbone : méthodologie

Il faut savoir que, dans le cadre des grandes cultures, on considère essentiellement les émissions nettes de GES en calculant la différence entre les émissions de GES (source) et le stockage du carbone dans les sols (puits) - se reporter à l'encadré. Le diagnostic carbone initial d’une ferme est établi sur la base des données de campagne des 3 dernières années, dites de référence. Ensuite par simulation des leviers, il est possible d’estimer la baisse des émissions de GES ou l’augmentation du stockage de carbone sur la ferme. Chaque tonne de CO2 équivalent qui sera ainsi économisée pourra alors être traduite en crédit carbone si l’agriculteur décide de s’engager dans un projet bas carbone.

Si l’agriculteur s’engage dans le cadre du cadre de certification « Label bas carbone »   de la France, la réduction de ces émissions liée à la mise en place de leviers d’actions pendant 5 ans est prise en compte et sera valorisée en crédits carbone sur la marché volontaire.

La neutralité carbone par l’insertion du pois d’hiver dans les rotations

La parcelle de pois située dans les Ardennes appartient à Yves Clément, un agriculteur qui met en place plusieurs leviers afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et de démontrer leur impact.

Le levier présenté lors de cette visite de la ferme pilote est l’insertion du pois d’hiver dans la rotation culturale. Le pois étant une légumineuse, il ne nécessite pas d’apport d’azote.

En effet, une relation symbiotique avec une bactérie lui permet de capter l’azote disponible dans l’atmosphère. L’insertion du pois (ou d’une autre légumineuse) dans un assolement permet donc d’économiser des intrants azotés (source d’émissions de CO2 et N2O), de laisser de l’azote disponible dans le sol pour la culture suivante tout en améliorant les performances de cette dernière. Ainsi, pour un blé qui suit du pois cultivé l’année précédente, on peut réduire la dose d’azote de 20 à 60 unités d’azote tout en déplafonnant son rendement.

Selon des études menées en 2022 dans le contexte Grand Est, ce levier d’atténuation garantit une amélioration significative du bilan carbone de l'exploitation lorsque les surfaces de légumineuses récoltées augmentent de 15 à 20%.

Les effets d'atténuation sont également accrus lorsqu’on conjugue ce levier avec l’augmentation de la proportion et de la biomasse des couverts d’interculture. Il a donc été décidé de mettre en œuvre ce levier comme un des leviers testés dans le territoire d’étude Nord-Ouest du projet ClieNFarms, avec la production, selon le contexte régional, de pois, de féverole ou de soja.

Bien réussir son pois

Pour bien réussir sa culture de pois, il est important de suivre les étapes clés du diagnostic agronomique qui a été présenté par Bastien Remurier, référent national pois et féverole. Une version provisoire a été présentée lors de ce tour de plaine afin de sensibiliser les agriculteurs sur le fait d’observer et diagnostiquer leur pois et mieux évaluer leurs pratiques pour sécuriser leur rendement.

Les moments clés du cycle de croissance du pois au cours de la campagne agricole. (Terres Inovia 2023)

 

L’accent a été mis sur l’importance de l’implantation et de la date de semis pour sécuriser son potentiel et atténuer le risque de gel et de maladies précoces tel que la bactériose, souvent préjudiciables au pois d’hiver.

Dates de semis du pois : impact sur le rendement ou les risques de bactériose. (Terres Inovia 2023)

 

​​​​​​​​​​​​De nouvelles visites de fermes pilotes ClieNFarms sont prévues pour la présentation de leviers bas carbone variés et les dates seront prochainement communiquées.

 

Comprendre les processus en jeu dans les émissions de GES

Si les trois principaux GES se retrouvent dans les émissions agricoles, c’est le protoxyde d’azote (N2O), qui est le principal GES en agriculture étant donné son fort pouvoir réchauffant global, bien supérieur au CO2.

Le protoxyde d’azote est issu des processus naturels du fonctionnement du sol mais il peut être fortement augmenté après l’apport de fertilisants azotés sur la parcelle.

La mobilisation d’engrais azotés représente la source majoritaire des émissions de N2O sur les ateliers grandes cultures. De façon plus minoritaire, les combustibles mobilisés lors de travaux agricoles (tracteurs, irrigation, etc.) participent à des émissions de CO2.

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Sources d’émissions de GES et pouvoir réchauffant (IPCC 2018)

Le stockage du carbone dans les sols est lié à la dynamique des sols et aux pratiques modulant le retour de la matière organique au sol.

En effet, par le processus de la photosynthèse, nécessaire à leur croissance, les plantes capturent le CO2 et le carbone devient alors constitutif de la plante. Si une partie est exportée à travers la récolte, une autre (racines, pailles) reste dans la parcelle.

Cette biomasse va se dégrader en libérant du dioxyde de carbone (CO2) et des composés organiques qui, en se décomposant sous l’influence du climat et des conditions ambiantes du sol, vont évoluer sous des formes plus stables telles que l'humus. Elle va alors permettre un stockage du carbone dans les sols dans le temps.

Les matières organiques résiduelles (effluents d’élevage ou résidus industriels ou urbains) utilisées comme intrants sur les cultures sont aussi des entrées potentielles de carbone avec des dynamiques spécifiques selon leur composition. L’évolution du stock de carbone organique dans les sols résulte donc de l’équilibre entre les apports de matières organiques au sol et leur minéralisation.

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