Prix payés aux producteurs des légumineuses à graines : « il existe une demande sur ces marchés »
Prix payés aux producteurs des légumineuses à graines : « il existe une demande sur ces marchés »
L’Observatoire des prix payés aux producteurs des légumineuses à graines vient de publier sa seconde enquête. Elle a été réalisée par Terres Inovia et l’Interprofession Terres Univia dans le cadre du programme Cap Protéines+. Les explications de Vincent Lecomte, chargé d’études économiques de Terres Inovia.
Les légumineuses à graines sont des cultures de diversification qui répondent à plusieurs enjeux actuels de transition alimentaire, agroécologique et d’atténuation du changement climatique. Or, le développement pérenne de ces espèces dans les assolements passe par une connaissance fine des débouchés de ces filières, et notamment des prix payés aux producteurs, qui constituent l’un des facteurs clés de leur rentabilité.
C’est pourquoi Terres Inovia et Terres Univia ont mis en place en 2022 un Observatoire des prix payés aux producteurs de légumineuses à graines (OPP LAG). Après une première édition diffusée en 2022 sur les récoltes 2019-2021, l’Observatoire vient de publier les résultats pour la campagne de commercialisation 2022/23, menés dans le cadre du programme Cap protéines+, cofinancé par le ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire.
Ces deux éditions permettent d’établir les prix de vente moyens entre 2019 et 2023 de six légumineuses à graines (pois, soja, féverole, lentille, pois chiche et lupin) selon le mode de production (conventionnel et biologique) et les principaux débouchés.
Retrouvez les principaux résultats de l’Observatoire sur le dernier Point Eco de Terres Univia
Vincent Lecomte, chargé d’études agroéconomiques chez Terres InoviaPourquoi l’Observatoire des prix payés aux producteurs des légumineuses à graines a-t-il été créé ? Quels en sont les enjeux ?Différents travaux consacrés aux économies des filières montrent qu’une meilleure diffusion des informations sur les prix est essentiel pour développer ces filières de façon pérenne avec un meilleur partage de la valeur entre l’amont et l’aval. Face à l’enjeu du développement des légumineuses à graines intégré par différentes politiques publiques aux échelles nationale et européenne, un observatoire a été créé dans le cadre du projet Cap Protéines, poursuivi avec Cap Protéines+, pour suivre et analyser les prix payés aux producteurs des différents débouchés de ces espèces que ce soit en agriculture conventionnelle et biologique. Avant de partager ces données, la première étape est de les recueillir, ce qui n’était pas réalisé jusqu’à présent. Nous nous appuyons sur un partenariat avec La Coopération Agricole et Négoce Village, deux organismes fédérateurs que je tiens à remercier, de même que l’ensemble des organismes économiques ayant répondu à cette enquête. En quoi cet observatoire peut-il être utile ?Parmi ses différents usages possibles, cet observatoire est un outil pouvant être utile pour les agriculteurs et leurs conseillers pour calculer des marges économiques prévisionnelles de ces espèces, par exemple dans la cadre du projet d’un agriculteur d’insérer des légumineuses dans l’assolement de sa ferme. Cet observatoire va d’enrichir au fil du temps par de nouvelles données. Il sera une source de plus en plus robuste pour réaliser des travaux économiques d’intérêt pour les producteurs. Quelles sont les grandes tendances des prix des légumineuses à graines entre 2019 et 2022 ?Sur cette période, nous constatons une hausse tendancielle des prix sur toutes les espèces, en sympathie avec les autres matières premières agricoles. Elle a été plus marquée en agriculture conventionnelle qu’en agriculture biologique. Ainsi, l’écart de prix entre les deux modes de production conventionnel et biologique s’est réduit, tout en restant largement favorable à ce dernier mode de production. En outre, nous observons que les débouchés en alimentation humaine sont en tendance mieux rémunérés que l’alimentation animale, sauf exception, par exemple pour des marchés de niche, à l’exemple du pois vert pour le débouché oisellerie mais qui ne représente que 3% des tonnages totaux collectés dans l’échantillon des répondants. Comment interpréter ces résultats?Ces tendances illustrent qu’il existe une demande de légumineuses à graines pour les différents débouchés. Dans le même temps, les charges opérationnelles ont connu une forte hausse mais elles ont été beaucoup plus modérées pour les légumineuses à graines que chez les autres espèces, grâce à l’absence d’engrais minéraux azotés apportés. Ainsi, sous l’angle économique et hors effet du rendement, la rentabilité des légumineuses à graines a en tendance progressé sur la période. Quelles sont les suites données à cet Observatoire ?Il va se poursuivre grâce aux financements de Cap Protéines+. Ainsi nous allons lancer dans les prochaines semaines une 3ème campagne de collecte de prix (prix payés sur la campagne de commercialisation 2023/24). Un de nos objectifs est d’augmenter le taux de réponses afin d’améliorer encore la représentativité des prix moyens pondérés par les tonnages. Parallèlement, nous collaborons avec FranceAgriMer pour améliorer les synergies sur suivi des prix payés aux producteurs de légumineuses à graines. |