L’agriculture, en marche vers l’autonomie protéique
L’agriculture, en marche vers l’autonomie protéique
Plan Protéines 2030 : quelle stratégie nationale pour les protéines végétales
Le Plan Protéines 2030 marque un vrai tournant, avec la signature d’une charte d’engagement entre la filière et les pouvoirs publics. « C’est le signal qu’on rentre dans un plan concret, avec des objectifs précis, un cap fixé et des moyens formalisés. C’est la première fois qu’on se donne une ambition nationale autour de la souveraineté protéique », a tenu à préciser Gilles Robillard, président de Terres Inovia.
Les objectifs sont ambitieux : des surfaces de légumineuses doublées en 2030, tout en conservant celles des oléagineux à 2 millions d’hectares. Et les attentes des producteurs élevées. « Il est essentiel d’augmenter l’indépendance des exploitations face au risque de pénurie d’engrais et à leur flambée sur les marchés. Or, valoriser l’azote naturel des légumineuses pour faire des productions plus durables et respectueuses de l’environnement permettra de sécuriser le revenu des producteurs », a ajouté le président de l’institut.
Cap Protéines : des solutions opérationnelles pour augmenter la souveraineté protéique
Pour renforcer l’autonomie en protéines végétales, le Plan Protéines 2030 comporte un volet recherche, développement et innovation : Cap Protéines. Lancé pour deux ans et coordonné par Terres Inovia et l'Institut de l'élevage, il élabore des références, méthodes et outils pour les agriculteurs et les éleveurs. Il a notamment pour objectif de « lever le verrou variétal en créant une dynamique d’amélioration variétale afin d’avoir des variétés adaptées aux différentes zones de production, aux différentes conditions pédoclimatiques, mais aussi plus résistantes pour mieux faire face aux aléas climatiques », a expliqué David Gouache, directeur adjoint de Terres Inovia.
Ce n’est pas tout. Avec la mise en place d’observatoires et de territoires pilotes, Cap Protéines accompagne les agriculteurs vers des systèmes plus agroécologiques. Une façon de lutter contre les importations, notamment de soja ? « Avec un effort d’innovation sur les process, nous sommes capables de rivaliser avec les tourteaux d’importation pour produire des tourteaux riches en protéines, made in France et plus durables. C’est cette excellence française que défend Cap Protéines ».
Autre objectif phare de Cap Protéines : accroître l’autonomie des élevages. « Il faut augmenter leur production de protéines, et notamment mieux valoriser les 13 millions d’hectares d’herbe, ce qui signifie que chaque hectare peut produire autant de protéines qu’un hectare de soja s’il est bien valorisé », a indiqué Anne-Charlotte Dockès, responsable du département Métiers d’éleveurs, transfert, impact et société à l’Institut de l’élevage (Idele). Essais agronomiques et zootechniques, mais aussi fermes expérimentales, testent cette autonomie protéique de manière innovante.
Au-delà du Plan Protéines : les pistes de réflexions
Faut-il aller plus loin que le programme d’actions défendu par le Plan Protéines ? « Ce Plan permet d’amorcer la transition protéique en commençant à réduire la quantité d’azote chimique dans les cultures, mais ce n’est pas suffisant », a tenu à préciser Pierre-Marie Aubert, coordinateur à l’Institut de développement durable des relations internationales (IDDRI). L’objectif ? « Il faut multiplier par trois les objectifs du Plan Protéines pour répondre aux besoins de la population et faire face aux enjeux environnementaux ». L’expert a alors préconisé, notamment, un système de protection renforcé et une nouvelle réglementation douanière pour réduire d’au moins d’un tiers les importations de soja, et permettre ainsi aux producteurs français de produire localement du soja non OGM.
Et que penser des mesures-miroirs, défendues par les pouvoirs publics ? « C’est compliqué à mettre en place car cela exigerait d’avoir une totale traçabilité de la production de soja à l’extérieur de nos frontières ».
Le Plan Protéines : une amorce à consolider
Faut-il aller au-delà du Plan Protéines ? Oui, il faut « poursuivre cet effort au-delà de 36 mois pour arriver à créer de nouveaux équilibres et prévoir un accompagnement financier des filières sur du long terme afin de garder cet objectif de souveraineté protéique comme priorité nationale ».
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