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Diagnostiquer les maladies aériennes du pois à la floraison

Article rédigé par
  • Anne MOUSSART (a.moussart@terresinovia.fr), Franck DUROUEIX (f.duroueix@terresinovia.fr)
Diagnostiquer les maladies aériennes du pois à la floraison
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    Modifié le : 29 août 2023

    Ascochytose (anthracnose)

    L’ascochytose, maladie aérienne la plus fréquente, est due à un complexe de 3 champignons nécrotrophes présents individuellement ou simultanément sur la culture (Didymella pinodes, Phoma medicagnis var pinodella et Ascochyta pisi).

    Ascochytose sur feuille de poisAscochytose sur gousses de pois

    Ascochytose sur feuille et sur gousse

    Les symptômes progressent du bas vers le haut de la plante et affectent tous les organes. Des ponctuations de couleur brun foncé apparaissent sur les feuilles puis évoluent en nécroses irrégulières. Des nécroses violacées à brunes s’installent à la base des tiges. Si celles-ci sont ceinturées par la maladie, les plantes deviennent alors plus sensibles à la verse. La maladie peut entraîner jusqu’à 25 q/ha de perte de rendement en cas de forte attaque.

    La première protection fongicide a lieu à début floraison (2ème protection fongicide si intervention à 10-12 feuilles). Une troisième application est souvent nécessaire (sauf printemps secs), 10 à 20 jours plus tard selon l’évolution de la maladie (dépendante de la pluviométrie). En années particulièrement humides (1 année sur 10), une dernière protection peut être nécessaire 30 jours après le début floraison. Toutefois, si les conditions sont sèches au début de la floraison, pendant et après la floraison (absence visuelle d’ascochytose), le traitement n'est pas forcément nécessaire.

    Botrytis

    Le botrytis occasionne une pourriture grise sur les fleurs et parfois à l’aisselle des feuilles suite à la chute des pétales contaminés. Le symptôme le plus caractéristique est une pourriture marron sur les gousses, suivie d’un dessèchement.

    botrytis sur gousse de pois

    Botrytis sur gousse

    Les pertes de rendement avoisinent les 10-15 q/ha en cas de forte attaque. Elles sont essentiellement dues à la destruction des gousses et des graines en formation. Les produits n'ont pas d'action curative et leur persistance d’action est courte.

    La lutte chimique vise à protéger les gousses avant que les pétales des fleurs ne se collent dessus. Les fongicides utilisés contre l’ascochytose présentent une efficacité suffisante pour assurer cette protection en cas de printemps humide.

    Mildiou

    A l’approche de la floraison ou courant floraison, des contaminations secondaires de mildiou (Peronospora pisi) peuvent apparaître. Sur la face supérieure des feuilles on observe des nécroses claires à bords nets.

    mildiou sur feuille de poismildiou sur tige de pois

    Présence de midiou sur feuille et sur tige

    Sur la face inférieure, un feutrage blanc puis gris violet. La nuisibilité est alors très souvent faible à nulle, excepté si une surface importante est touchée. Des températures inférieures à 18 °C, une humidité élevée et un temps peu ensoleillé favorisent le développement du mildiou. En revanche, un temps chaud (> 25 °C) et sec stoppe le développement de cette maladie. Il n’existe pas de produits homologués en végétation.

    Bactériose

    La bactériose (due à une bactérie, Pseudomonas syringae pv pisi) se manifeste sur les feuilles par de petites taches vert foncé à l’aspect huileux qui évoluent en plages plus ou moins larges, de formes irrégulières et anguleuses, de couleur marron foncé, parfois translucide.

    présence de bactériose sur pois d'hiver

    Présence de bactériose dans une parcelle de pois d'hiver

    Les symptômes suivent souvent les nervures, prenant parfois une forme d’éventail. Sur tige, des symptômes de couleur brun foncé à l’aspect huileux sont observés, souvent au niveau des nœuds, à l’aisselle des feuilles. Ils peuvent ceinturer la tige, parfois sur plusieurs centimètres. La bactériose se manifeste en sortie hiver mais peut continuer à progresser jusqu’à la floraison, voire jusqu’au remplissage en cas de printemps particulièrement frais et humide (cas de l’année 2016). Un temps chaud et sec stoppe la progression des symptômes. Il n’existe pas de solutions chimiques homologuées.

    Rouille

    La rouille du pois (Uromyces pisi) est essentiellement présente en Champagne crayeuse. Elle est favorisée par un climat chaud et sec.

    rouille sur feuille de pois

    Présence de rouille sur feuilles (crédit : Unilet)

    La perte de rendement peut atteindre 25 q/ha lorsque l'attaque est précoce (début floraison). On observe sur feuilles des pustules brunes à rousses, devenant presque noires et particulièrement importantes sur la face inférieure. Le premier traitement doit être déclenché dès l’apparition de pustules, en tenant compte du délai avant récolte des produits (DAR).

    Oïdium

    L’oïdium (Erysiphe pisi) est surtout fréquent dans le Sud et l’Ouest de la France. On observe un feutrage ras et blanc caractéristique sur la végétation.

    oïdium du pois

    Présence d'oïdium

    La maladie est favorisée par des températures supérieures à 20°C et une forte hygrométrie à la base de la végétation (risque élevé en pois irrigué). Intervenir uniquement si l’oïdium apparaît précocement (à début floraison)

    Sclérotinia

    Cette maladie est provoquée par un champignon, Sclerotinia sclerotiorum, qui attaque également de nombreuses autres cultures dont le colza et le tournesol.

    sclérotinia sur pois au stade de remplissage des gousses

    symptôme de sclérotinia sur pois

    Une pourriture vert foncé-marron se développe sur la tige, à l’intérieur de laquelle un mycélium blanc duveteux et des sclérotes noirs peuvent être observés. Les plantes flétrissent puis se dessèchent. La maladie est rare et peu nuisible sur pois. Elle s’observe le plus souvent sur quelques plantes isolées ou quelques petits foyers au sein de la parcelle.

    Virose

    Plusieurs espèces de virus peuvent infecter le pois. Un observatoire mené en 2020 a mis en évidence la présence d’au moins 6 virus sur pois en France :

    • Pea Enation Mosaic Virus (PEMV)
    • Beet Western Yellow Virus (BWYV)
    • Pea Seed-borne Mosaic Virus (PSbMV)
    • Bean Leaf Roll Virus (BLRV)
    • Bean Yellow Mosaic Virus (BYMV)
    • Clover Yellow Vein Virus (CIYVV) 

     

    En 2020 et 2021, le PEMV, le BWYV et le PSbMV étaient les plus fréquemment détectés sur pois. Le BYMV et le ClYVV étaient à l’inverse très rarement détectés.

    Ces virus peuvent pour la plupart infecter plusieurs espèces de légumineuses et sont tous transmis par les pucerons. Le PSbMV peut également être transmis par la semence.

    Les symptômes occasionnés par ces virus apparaissent en foyers ou sur plantes isolées et peuvent être très variés :

    • nanisme 
    • colorations (jaunissements, rougissement)
    • mosaïques (alternance de zones de colorations différentes)
    • énations (excroissances), crispations, enroulement
    • nécroses
    • pourritures

    virose sur pois protéagineuxvirose du pois protéagineuxvirose sur pois protéagineux 

    1 - Mosaïque ; 2 - Nécroses ; 3 - Rougissements, pourriture

    Le diagnostic visuel ne permet pas d’identifier avec certitude un virus, d’autant plus que plusieurs virus peuvent être présents dans une même plante. Il est donc nécessaire d’avoir recours à une méthode de diagnostic plus précise comme la sérologie. 

    La lutte contre les viroses passe par la lutte contre les pucerons.

     

    Complexe Ascochyta pisi / Colletotrichum sp

    Ce complexe de deux champignons est observé sur pois d’hiver depuis quelques années seulement. 
    Sur feuilles, les symptômes apparaissent sous forme de taches plus ou moins rondes à ovales, de couleur claire, souvent cernées d’une marge brune, avec des points noirs au centre (fructifications). Ces symptômes évoluent de façon plus ou moins régulière, parfois sous forme de ‘coulures’. Une coloration orangée peut être observée. La maladie accélère la senescence des feuilles qui peuvent paraitre ‘grillées’. Sur tiges les mêmes types de symptômes sont observés et peuvent conduire à des cassures.

    La maladie peut évoluer rapidement si les conditions climatiques sont favorables (douceur et humidité). La protection fongicides semble pouvoir être équivalente à celle préconisée pour l’ascochytose. Nous disposons de peu de données sur la protection face à ce complexe à ce jour.

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