Avec PRECOTION, les acteurs de la recherche évaluent une méthode pour caractériser les variétés de colza face au sclérotinia
Avec PRECOTION, les acteurs de la recherche évaluent une méthode pour caractériser les variétés de colza face au sclérotinia
Face aux enjeux de la transition agroécologique, les défis sont multiples pour déployer des leviers en vue de réduire l’usage de produits phytosanitaires. L’utilisation de variétés résistantes à certains bioagresseurs sont parmi les solutions qui peuvent être utiles et efficaces pour répondre à cet enjeu.
Très préjudiciable au rendement, le sclérotinia, maladie fongique du colza, peut être contrôlé par une protection fongicide appliquée au bon moment. Dans un contexte de forte nuisibilité potentielle et d'absence de solution curative, les cultures de colza sont majoritairement protégées par ce traitement préventif. Mais dans la grande majorité des cas la maladie ne s'exprimera pas, mettant en avant un axe d’amélioration pour réduire l’IFT du colza. Les efforts conduits par la recherche publique et privée depuis des années en vue d’améliorer la résistance génétique du colza à ce champignon, a permis la commercialisation récente de variétés à bon comportement face au sclérotinia, ouvrant la voie à de nouvelles stratégie de lutte en réduisant les applications phytosanitaires. Toutefois, aucun protocole n’existe pour évaluer ce caractère variétal dans les processus officiel d’inscription du CTPS.
Terres Inovia (Coord.), le GEVES, INRAE, Corteva et Innolea se sont mobilisés pour répondre à cette problématique, avec le projet PRECOTION, qui a débuté en 2022 et se terminera fin 2024 (financement FranceAgriMer, AO Connaissance).
Quelles méthodes ?
Depuis le début du projet, 12 essais (4 en 2022/2023 et 8 en 2023/2024) ont été mis en place en France, en vue d’évaluer une méthode de contamination artificielle en utilisant des grains de millet infectés. Cette méthode vise à améliorer le taux de réussite des essais, dans un contexte où le développement de la maladie en contamination naturelle est très aléatoire. Les grains contaminés servent de support au champignon pour favoriser les 1ères étapes de l’infection. Le dispositif au champ vise à évaluer le comportement de différentes constructions génétiques de colza (7 à 8 variétés) avec différentes doses/dates d’application d’inoculum. Une partie du dispositif est réservée à la contamination naturelle pour s’assurer de la validation de la méthode.
« Inoculation des plantes avec des grains de millet en 2023/2024 »
Des premiers résultats prometteurs
L’infection s’est révélée fructueuse la 1ère année sur deux essais inoculés garantissant au CTPS une probabilité forte de réussir leurs futurs essais même en conditions peu favorables, et des différences de comportement ont été observées entre les variétés.
Des incohérences ont été parfois observées entre l’expertise des obtenteurs sur leur matériel et les résultats acquis en contamination artificielle.
23 à 43% de plantes atteintes en moyenne selon l’essai toutes modalités confondues en 2022/2023.
Avant de valider la méthode, il reste cependant un point essentiel à vérifier : le test en contamination artificielle permet-il de refléter le comportement des variétés en contamination naturelle ? A ce jour, les données disponibles sont encore trop peu nombreuses pour le savoir, et surtout, l’absence de données en contamination naturelle dans nos essais ne permet pas de répondre à cette question. Le réseau d’essais implantés en 2023/2024 permettra d’enrichir le jeu de données pour conclure sur la ou les méthodes à utiliser dans l’évaluation des variétés de colza face au sclérotinia.
Quelle finalité ?
Au terme de ce projet, le ou les protocole(s) proposé(s) à la section CTPS Colza et autres crucifères permettront de réaliser une évaluation officielle au champ du comportement des variétés de colza vis-à-vis du sclérotinia dans le cadre des inscriptions lors des études VATE. La prise en compte de ce caractère dans un continuum de pré et post inscription permettra de valoriser le progrès génétique, et d’alimenter les référentiels des prescripteurs. La mise à disposition d’un test officiel permettra aux structures habilitées à accompagner les obtenteurs pour des éventuelles demandes de fiches CEPP. Ces informations conduiront finalement à améliorer le conseil aux agriculteurs dans la conduite à tenir pour lutter contre le sclérotinia, avec à termes des stratégies de lutte réduisant l’utilisation des produits phytopharmaceutiques.
Contact : Christophe JESTIN (c.jestin@terresinovia.fr)