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Obtenir une croissance dynamique et continue à l’automne est une condition indispensable pour un colza robuste.
Pour y parvenir, il faut :
Plusieurs voies peuvent être empruntées pour assurer une bonne alimentation minérale de la culture. Elles peuvent être combinées pour améliorer les chances de succès.
L’allongement du délai de retour du colza, l’insertion de légumineuses dans la rotation et le positionnement du colza après une culture laissant de l’azote valorisable à la récolte contribuent à améliorer la croissance automnale du colza. Cet effet peut être illustré par les résultats obtenus dans le dispositif « Syppre Berry » dans lequel un système de référence (blé tendre – orge d’hiver – colza associé) est comparé à un système innovant visant la multi-performance intégrant notamment l’allongement de la rotation et l’insertion de légumineuses en cultures principales et couverts. Le colza a été positionné après une succession lentille puis blé dur afin d’augmenter la disponibilité en azote pour le colza (figure 1).
La biomasse du colza (sans considérer la biomasse des couverts associés) à l’entrée de l’hiver a été nettement améliorée dans le système innovant : + 700 g/m² en 2018 et + 1300 g/m² en 2020. Ces différences de biomasse entre les deux systèmes peuvent être en partie attribuées à des différences de disponibilité en azote (amélioration de la teneur en azote du sol, de l’enracinement …).
Un précédent « légumineuses à graines » permet d’améliorer la quantité d’azote absorbé par le colza d’une quinzaine d’unités en moyenne par rapport à une précédent « blé ». C’est ce que montrent les résultats de 8 expérimentations conduits de 2008 à 2010 par Terres Inovia et les Chambres d’Agriculture de la Mayenne, de la Moselle, de la Nièvre et de l’Yonne dans le cas d’un précédent pois (figure 2 ; travaux soutenus financièrement par le CasDAR).
L’apport de produits organiques avant le semis du colza permet également d’améliorer la disponibilité en azote pour le colza. Dans le cadre des 25 expérimentations conduites par Terres Inovia de 1995 à 1998, avec apport de produits organiques de type II principalement (lisier de porc, fumier et fientes de volailles…) et pour des dates de semis du colza allant du 18 août au 11 septembre, cette augmentation de la disponibilité en azote a permis une augmentation de la quantité d’azote absorbé par la culture à l’ouverture du bilan (Pi) de 40 u en moyenne (figure 3).
Une autre technique permettant de soutenir la croissance du colza à l’automne consiste à réaliser un apport de 30 u d’azote sous forme d’engrais minéral au semis dans le respect de la réglementation en vigueur (pas d’apport d’engrais azoté minéral après le 31 août). Dans les expérimentations conduites par Terres Inovia et ses partenaires, ce type d’apport a permis d’améliorer le poids de matière fraîche aérienne à l’entrée de l’hiver (+ 780 g/m² en 2021 sur 21 essais et + 550 g /m² en 2022 en moyenne sur 15 essais). En moyenne, le coefficient apparent d’utilisation (CAU) de l’azote apporté (gain d’absorption permis par l’apport des 30 u par rapport au témoin sans apport) a toujours été au moins égal à 1.0, ce qui signifie que l’apport n’a pas contribué à une augmentation du risque de lixiviation de l’azote à l’automne. Des CAU supérieurs à 1.0 ont même été enregistrés, ce qui est la conséquence probable d’une simulation de la croissance racinaire ayant permis une meilleure utilisation de l’azote du sol. Dans les situations où le colza a eu une croissance limitée à moins de 1300 g/m² de biomasse fraîche aérienne à l’entrée de l’hiver en l’absence d’apport d’azote, l’apport d’azote au semis a permis de réduire les dégâts consécutifs à des infestations larvaires.
L’association avec une légumineuse gélive permet d’améliorer l’état d’alimentation en azote du colza. En témoignent les nombreux exemples où le rougissement du colza cultivé seul (symptôme de faim d’azote) a pu être évité grâce à l’association (cf.photo ci-dessous). Il a été montré que cet effet n’était pas lié à un transfert d’azote entre les légumineuses et le colza pendant l’été et l’automne, mais que c’était plutôt la conséquence d’une meilleure exploration du sol par les racines pendant l‘automne (Jamont et al., 2013).
Le colza est l’une des espèces de grandes cultures les plus exigeantes en phosphore. Cela signifie que son rendement est très affecté en cas de carence. Le phosphore est en particulier impliqué dans la mise en place du système racinaire. Il est donc indispensable dès la mise en place de la culture même si la phase de plus forte absorption se situe au printemps. La fertilisation phosphatée doit donc de préférence être réalisée au semis, en particulier dans les situations les plus carencées.
L’outil de base pour le raisonnement de la fertilisation phosphatée est l’analyse de terre. Les symptômes de carences sont difficiles à identifier car ils consistent le plus souvent en un ralentissement de la croissance, voire, dans les cas les plus critiques, en un arrêt de croissance et une disparition des plantes (cf. photo ci-dessous). Il n’y a pas de décoloration ou de déformation foliaire.
Les règles de raisonnement de la fertilisation phosphatée du colza préconisées par Terres Inovia sont inspirées de la méthode COMIFER.
Pour en savoir plus : fertilisation du colza : phosphore et potasse
Dans les situations où la disponibilité en azote et/ou en phosphore est limitée, Terres Inovia recommande de combiner plusieurs leviers pour maximiser les chances d’assurer une bonne nutrition minérale du colza : succession de cultures favorable, fertilisation organique ou minérale, association du colza à une légumineuse gélive…