Limiter les pertes, gagner du temps : les clés d'une récolte réussie de cameline
Limiter les pertes, gagner du temps : les clés d'une récolte réussie de cameline
Avec une graine extrêmement petite (poids de 1000 grains avoisinant 1 gramme), la cameline exige une récolte rigoureuse pour limiter les pertes. Très sensible aux pertes post-maturité — égrenage à la coupe, casse au battage, pertes directes au champ — cette culture demande une récolte au bon stade et des réglages précis de la moissonneuse-batteuse. Le fauchage-andainage peut être un atout pour accélérer la dessication, particulièrement utile en conduite en dérobé, pour libérer rapidement la parcelle et réussir l’implantation de la culture principale suivante.
Récolter au bon stade : une étape clé
La cameline atteint sa maturité lorsque les siliques passent du jaune citron au brun. A ce stade, l’humidité des graines est généralement comprise entre 8 et 10%. Elles se détachent facilement de leur enveloppe sous une légère pression manuelle.
Il est alors crucial d’intervenir rapidement dans un délai de 7 à 10 jours afin de limiter les pertes par déhiscence.
Pour garantir une bonne conservation des graines et assurer des conditions de stockage optimales, l’humidité à la récolte ne doit pas dépasser 9 %.
En présence d’impuretés fraîches (matières vertes), il est recommandé d’effectuer un pré-triage dans les 24 heures suivant la récolte, afin d’éviter tout risque d’échauffement.
Si, après triage, l’humidité reste supérieure à 9 %, un séchage est nécessaire pour éviter les risques de dégradation (échauffement, développement fongique, etc.).
Réglage de la moissonneuse-batteuse
La cameline étant une culture à petites graines, il est indispensable d’adapter les réglages de la moissonneuse-batteuse et une vitesse de récolte modérée (3 et 4 km/h) pour limiter les pertes.
Principaux réglages recommandés :
- Barre de coupe : juste sous les siliques les plus basses
- Rabatteur : vitesse modérée, entre 600 et 700 tours/min, afin de limiter la casse des siliques.
- Batteur / contre-batteur : espacement initial de 15 à 20 mm. Démarrer avec un réglage similaire à celui utilisé pour les céréales. Si des siliques entières non battues sont retrouvées dans la trémie, augmenter légèrement la vitesse du batteur ou réduire l’écartement entre batteur et contre-batteur.
- Grilles :
- Grille inférieure : aussi fermée que possible.
- Grille supérieure : ouverture initiale à 20 %, à ajuster en fonction de la qualité du tri et du débit.
- Ventilation : flux d’air très faible pour éviter les pertes
Un guide de réglage de la moissonneuse-batteuse édité par SAIPOL avec les recommandations de Nicolas Thibaud est disponible sur demande : https://www.saipol.com/contactez-nous/
Le fauchage – andainage : un gain de temps stratégique
La maturité physiologique est atteinte à 35% d’humidité du grain, lorsque la quantité d’huile et le rendement sont maximaux. Visuellement, les siliques sont jaunies mais pas entièrement sèches. Nous sommes généralement 2 à 3 semaines après la dernière fleur. La plante peut alors être fauchée pour accélérer sa dessication. Cette pratique est particulièrement recommandée lorsque les parcelles sont envahies d’adventices encore vertes. Cette opération n’est à réaliser que si les conditions météo sont annoncées sans pluie dans les jours suivants, pour garantir un bon séchage de l’andain.
Cameline à maturité physiologique, prête à être fauchée
En effet, la reprise de l’andain qui s’effectue à la moissonneuse-batteuse, doit idéalement intervenir 4 à 6 jours après la fauche, pour limiter les pertes et préserver la qualité.
Cette pratique permet de gagner jusqu’à 2 semaines pour que le grain atteigne 9% d’humidité. Ce gain de temps est une étape indispensable pour assurer l’implantation et le succès de la culture principale suivante.
La hauteur de coupe se fait à 15-20 cm du sol, juste sous les siliques les plus basses pour garantir une bonne aération de l’andain.
⚠️ Il est fortement déconseillé de retourner l’andain, afin de limiter les pertes par égrenage.
Réussir la récolte de la cameline repose avant tout sur une intervention au bon moment, des réglages précis du matériel et, si besoin, le recours au fauchage-andainage. En maîtrisant ces étapes clés, on limite les pertes, on sécurise la qualité des graines, et on optimise la succession culturale. |
Louis-Marie Allard - lm.allard@terresinovia.fr