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Terres Inovia réaffirme le droit de la recherche à travailler pour la durabilité de l’agriculture française

25 sept. 2020

La destruction de la plateforme de tournesol de Druelle le 13 septembre dernier prive pour la 2e fois les producteurs de références indispensable pour permettre au tournesol d’être au rendez-vous des enjeux du climat et d’une agriculture durable.

Le 13 septembre 2020, les producteurs de tournesol français ont de nouveau été victimes des exactions d’un groupuscule de « faucheurs volontaires », perpétrées sur une plateforme d’expérimentation appartenant à la société RAGT, sur leur site de Druelle (Aveyron). Après le temps de l’émotion suscitée par cet acte de destruction, Terres Inovia, en tant qu’institut technique au service des producteurs de tournesol, souhaite rappeler les enjeux techniques des expérimentations qui ont été détruites, et formule une proposition au gouvernement français pour permettre aux victimes de cette action répétée de destruction d’être enfin protégées.

Les actions de fauchage relèvent avant tout de la sphère politique et médiatique. Les enjeux techniques sont souvent maltraités en matière de fauchage et Terres Inovia, en tant qu’institut technique, se doit de rappeler ceux-ci. Le principe d’Hanlon indiquant de « ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer », nous espérons contribuer ainsi à écarter à l’avenir l’hypothèse de la bêtise.

Le sclérotinia, une maladie au cœur des enjeux de diversification et de changement climatique

L’une des expérimentations conduite à Druelle consiste à évaluer le comportement des variétés de tournesol face à une maladie, le sclérotinia. Ce travail symbolise à lui seul les enjeux d’avenir de l’agriculture : diversification et changement climatique. Le sclérotinia est une maladie « à large spectre d’hôtes » : elle touche une grande diversité d’espèces – les légumineuses, les oléagineux, plusieurs cultures légumières – qui concourent toutes à diversifier les cultures produites en France. Ainsi, la trajectoire plébiscitée par tous (citoyens, politiques, agriculteurs) d’une agriculture qui atténue les gaz à effet de serre, réduit l’utilisation de produits phytosanitaires et participe à notre souveraineté alimentaire, impliquera une plus grande fréquence de cultures favorables à cette maladie, augmentant sa probabilité d’apparition. Le sclérotinia est plus fréquent en France dans les territoires septentrionaux où la culture du tournesol constitue une adaptation aux changements climatiques qui rendent plus difficile la culture du colza, qui constitue souvent la seule culture mellifère dans les successions à base de céréales. Aussi, l’adaptation au changement climatique, comme la volonté d’une agriculture plus diversifiée et durable, ont toutes les chances de conduire à une recrudescence du sclérotinia.

Les variétés résistantes, seul moyen de lutte opérationnel

La lutte contre le sclérotinia s’appuie quasiment exclusivement sur la résistance génétique. Contrairement à d’autres maladies, diversifier les cultures ne constitue pas une solution. Il n’existe pas non plus de traitements fongicides. Le seul traitement existant est un produit de biocontrôle, le LALSTOP CONTANS® WG, mais le coût de celui-ci est prohibitif : il n’est presque jamais utilisé en tournesol d’après nos enquêtes. Le choix d’une variété résistante est donc le seul levier opérationnel pour les producteurs de tournesol. Or, choisir de telles variétés impose d’observer leur comportement dans des parcelles où la maladie est présente : c’est précisément le travail qui a été détruit sur la station de Druelle de nos partenaires de la société RAGT. Ce site présente la particularité, du fait de sa localisation et son altitude, d’obtenir systématiquement de bonnes infestations de la maladie, permettant d’obtenir tous les ans des données d’évaluation des variétés. Par exemple, lors de cette année 2020 exceptionnellement sèche (donc défavorable à la maladie), le site de Druelle était le seul en France qui permettait d’obtenir des données fiables. C’était avant sa destruction… Cette particularité du site conduit Terres Inovia à travailler sur le site de RAGT tous les ans. Or, ce site étant semble-t-il une cible récurrente des faucheurs récidivistes, cela fait donc 2 des 3 dernières campagnes d’étude qui ont été réduites à néant.

Ce sont donc bien l’ensemble des producteurs de tournesol, d’aujourd’hui et de demain, qui sont victimes de cet acte de délinquance, et, par leur intermédiaire, tous les citoyens français et acteurs de l’agriculture qui souhaitent et œuvrent pour une agriculture plus diversifiée. Et ce n’est pas la première fois ! Au-delà de cette expérimentation, détruite une fois tous les deux ans, Terres Inovia a subi, directement ou indirectement, une destruction d’expérimentation par an depuis 4 ans. D’autres entreprises, des agriculteurs, sont également régulièrement victimes des mêmes exactions. C’est pourquoi Terres Inovia s’associe aujourd’hui aux producteurs représentés par la Fop et à toutes les entreprises de la filière pour affirmer que notre travail en faveur de l’amélioration des variétés de tournesol contribue à la durabilité de l’agriculture française, et que nous devons pouvoir effectuer ce travail sans risquer de telles agressions.

Contact : David Gouache – d.gouache@terresinovia.fr

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