Premier bilan récolte colza, intentions de semis et contexte réglementaire
Premier bilan récolte colza, intentions de semis et contexte réglementaire
Un rendement national moyen à plus de 35 q/ha
Alors que les récoltes sont encore très contrariées par les pluies au Nord et peinent à avancer, 85 % de la collecte française des graines de colzas est désormais réalisée et les premières synthèses annoncent un rendement national moyen à plus de 35 q/ha. La collecte globale s’établira sans doute aux alentours de 3,3 MT, soit un niveau équivalent à celui des 2 dernières années malgré une baisse des surfaces de 15% au niveau national sur la même période.
L’analyse détaillée de la campagne est en cours, on peut néanmoins souligner à quel point la culture a été chahutée tout au long de l’année par les diverses séquences climatiques se combinant avec les attaques de ravageurs. Les attaques d’insectes se sont succédées avec des fréquences, intensités et impacts variables selon les régions. Les séquences de pluies, de sécheresse et des épisodes de gel ont alterné en sortie de l’hiver puis au printemps occasionnant des dégâts importants notamment sur des plantes déjà touchées par les ravageurs d’automne altises et charançons du bourgeon terminal. Changement de cap à compter de mai : les dernières semaines se sont déroulées dans un contexte favorable à la nouaison et au remplissage permettant d’atteindre dans de nombreux cas un rendement dépassant les espérances. En parcelles saines, avec des parcours sans fautes, certaines exploitations du Centre et de l’Ouest enregistrent des moyennes records à plus de 50 q/ha. Même les situations très mal loties à la limite des retournements en avril / mai ont souvent étonné (20 à 35 q/ha dans les bonnes terres)
Cette année encore les colzas robustes – ceux dont l’implantation réussie a permis la croissance dynamique pendant tout l’automne - étaient la condition nécessaire et en même temps pas toujours suffisante pour réussir à contrôler la nuisibilité des ravageurs.
L’utilisation du phosmet pour la lutte contre les ravageurs d’automne restera possible pour la campagne 2021-2022
L’actualité de l’année a été animée par le devenir règlementaire au niveau européen du phosmet (BORAVI WG), insecticide pivot de la lutte contre les ravageurs d’automne en France. Si le retrait de la molécule est aujourd’hui inéluctable, la très forte mobilisation de Terres Inovia et de la Fédération françaises des producteurs d’oléagineux et de protéagineux a permis de sensibiliser le gouvernement à sa place essentielle aujourd’hui dans la protection de la culture particulièrement dans un contexte de perte d’efficacité des pyréthrinoïdes sur les ravageurs d’automne et d’extension des résistances.
Après l’établissement d’un diagnostic partagé de la situation, un plan d’action coordonné par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation est en cours de construction mobilisant autour de Terres Inovia et de la FOP plusieurs directions du ministère (DGAL, DGER, DGPE, CGAEER...) ainsi qu’INRAE. Si d’ores et déjà l’utilisation du phosmet à l’automne 2021 est garantie, le travail du groupe doit permettre de proposer des solutions opérationnelles efficaces pour les semis d’automne 2022 et accélérer la recherche et le déploiement de solutions alternatives dans la lutte contre les ravageurs d’automne.
Les intentions de semis 2021-2022 sont à la hausse
Les niveaux de prix en colza sont actuellement nettement au-dessus de la moyenne de ces cinq dernières années. De plus dans un contexte de prix élevé pour les différentes espèces de grandes cultures, il est à souligner que les ratios de prix du colza par rapport à d’autres cultures d’hiver sont actuellement particulièrement favorables à l’oléagineux.
Les bons rendements de l’année, les prix élevés et les conditions actuelles d’humidité des sols concourent à augmenter les intentions de semis en colza pour l’année à venir. Attention cependant à toujours soigner l’implantation dans des conditions de semis qui ne sont pas celles des 2 dernières années. Diagnostiquer l’état structural des sols en interculture, raisonner les choix variétaux en fonction des contextes parcellaires et activer les leviers agronomiques (fertilisation organique ou minérale au semis, colza associé…) disponibles restent des fondamentaux pour obtenir une qualité d’enracinement optimum. C’est la 1ère condition d’obtention d’un colza robuste pour lequel, ensuite, le suivi et le raisonnement de la lutte contre les ravageurs restera sans aucun doute un élément clé de maîtrise et de réussite de la culture en 2022.