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Tournesol 2025 : une campagne tout en contraste

07 nov. 2025

Avec une collecte approchant les 1.5 millions de tonnes (1) en 2025, la production française de tournesol se maintient au niveau de 2024, ce malgré l’érosion des surfaces cultivées (2) (688 000 ha, soit -9%). Par rapport à la difficile campagne 2024, le rendement moyen national rebondit à 21.5 q/ha (1) ; il reste toutefois en deçà de la moyenne quinquennale (22.6 q/ha), pénalisé par 2 longs épisodes de déficit hydrique et de canicule, le 1er étant survenu dès la mi-juin et ayant fortement affecté les semis tardifs.

En ce début de campagne de commercialisation 2025-2026, le contexte des prix du tournesol reste porteur par rapport à d’autres grandes cultures. Le tournesol préserve ainsi sa rentabilité économique dans les exploitations agricoles, pour peu que son rendement n’ait pas décroché. La marge brute moyenne nationale (3) devrait se situer dans la moyenne quinquennale 2020-2024, intermédiaire entre les pics de 2021 (effet de rendements élevés) et 2022 (effet de prix élevés), et le creux de 2023 (effet de prix en retrait et de charges élevées) et 2024 (effet de rendements en retrait).


Les conditions climatiques de 2025 ont été globalement défavorables aux cultures d’été en France, les précipitations ayant fait défaut lors des phases critiques de leur développement. Ce fut le cas pour le tournesol dans ses principaux bassins de production. Dans le Sud du pays ainsi qu’en Nord-Aquitaine, pluies régulières et douceur des températures ont accompagné la 1ère partie de cycle, puis l’offre climatique s’est brutalement dégradée, avec un début d’été caniculaire ayant imposé des stress hydrique et thermique précoces, avec un impact fort sur les phases de fécondation puis de remplissage des graines.

Dans certains secteurs, la sécheresse s’est même imposée dès le printemps, pénalisant très tôt et de façon irréversible le potentiel de la culture, rappelant le scenario de 2022. Dans le Centre et en Bourgogne, des conditions contrastées ont été observées, parfois favorables à l’expression du potentiel, parfois très défavorables dans les secteurs n’ayant reçu que de faibles précipitations du semis à la récolte, et de façon encore plus prégnante sur les sols superficiels. Sans oublier les aléas climatiques, orages ou vents tempétueux, relativement fréquents cette année et qui ont pu être à l’origine de re-semis ou de dégâts sur la culture.

Des résultats techniques satisfaisants ont néanmoins été obtenus dans les rares secteurs ayant bénéficié d’une année climatique plus clémente, tels que la Normandie, les Hauts-de-France ou la Champagne. Il convient également de souligner que les implantations réussies se démarquent notablement cette année, cette réussite découlant souvent d’une date de semis précoce, jusqu’à mi-avril, et d’un semis effectué sur un sol bien structuré. Des rendements atteignant régulièrement les 30 q/ha sont également signalés en sols très profonds, ou encore sur des parcelles menées avec irrigation, levier majeur qui, plus que jamais en 2025, a constitué un réel filet de sécurité. Ces situations représentent des surfaces relativement réduites de tournesol à l’échelle nationale.

Sur le front sanitaire, le verticillium (Verticillium dahliae) poursuit sa montée en puissance et sa progression vers la moitié nord de la France. Quant au mildiou (Plasmopara halstedii), il a été observé avec une fréquence élevée dans les secteurs historiques de production ayant reçu une forte pluviométrie au moment des semis, et pour la première fois en Lorraine.

Autre fait marquant, une forte pression exercée par le phomopsis (Phomopsis helianthi) sur des génétiques sensibles en Lorraine et Haute-Marne. En outre, pour la 3ème année consécutive, les limaces ont généré des dégâts importants, parfois à l’origine de re-semis, sur l’ensemble du territoire national, et l’activité de « nouveaux » ravageurs de début de cycle a été confirmée localement, tels que les pucerons dans le nord-est de la France.

Enfin, les échecs de désherbage, nombreux et imputables à des conditions d’intervention délicates au printemps, ont laissé les adventices exercer une forte concurrence sur la culture, exacerbant les effets de stress hydriques.

Quant aux oiseaux, palombidés et corvidés, ennemis majeurs de la culture en début de cycle, leurs dégâts sont estimés en repli sur l’ensemble du territoire national par rapport aux exercices précédents, ils restent toutefois ponctuellement à un niveau assez élevé.

Le retour de pluies régulières et abondantes entre fin août et mi-septembre ont fait planer le spectre des conditions de récolte de la campagne dernière. Finalement, les chantiers ont pris du retard, mais ont pu se dérouler dans des conditions quasi normales à partir de la dernière décade de septembre.

Au sortir d’une campagne 2025 très délicate pour les cultures d’été, le tournesol démontre une fois encore sa robustesse face aux séquences estivales de stress hydrique marqué. Toutefois, cet atout n’a pu s’exprimer qu’avec des tournesols robustes, c’est-à-dire non limités par leur peuplement, leur surface foliaire, et leur enracinement. En cela, la réussite de la séquence d’implantation a été incontestablement déterminante, et doit faire l’objet de toutes les attentions de la part des producteurs.

(1)    Données provisoires, à partir de l’expertise de Terres Inovia
(2)    Données AGRESTE septembre 2025
(3)    Données provisoires issues de projections à partir de de l’observatoire des résultats économiques à la production Terres Inovia – Terres Univia (données du CN Cerfrance) ; Marge Brute [€/ha] = Produit Brut – (Charges opérationnelles + travaux par tiers)