Chargement en cours...
null

Proléobio Centre et Ouest: expansion et défis des oléoprotéagineux biologiques

23 mai 2024

Dans la zone Centre-Ouest, les surfaces d'oléoprotéagineux biologiques ont connu une expansion remarquable jusqu'en 2022, avec une multiplication par trois des surfaces de tournesol et par quatre et demi de celles de soja. En 2023, bien que la croissance ait marqué une pause, les surfaces de légumes secs, comme les lentilles et pois chiches, ont continué de croître. Le marché bio, malgré les défis rencontrés depuis 2020, a montré une résilience notable, avec une demande stable pour le soja et les protéagineux en raison du fort besoin en protéines végétales bio. Des initiatives d'investissement prometteuses sont en cours pour renforcer et dynamiser davantage la filière, comme le montre le projet ROTALEG, les enseignements du projet CAPABLE pour la gestion du chardon et du rumex, ainsi que le renouvellement variétal de la lentille en agriculture biologique.

 

Point marché sur la filière des oléoprotéagineux biologiques - Claire Ortega - Terres Univia

En France, les surfaces d'oléoprotéagineux bio ont considérablement augmenté pour les oléagineux (tournesol, soja, colza) jusqu’en 2022 mais ont stagné en 2023. En parallèle, les surfaces de protéagineux et de légumes secs, qui avaient progressé jusqu’en 2020, ont légèrement diminué depuis (les difficultés liées aux stress biotiques et abiotiques expliquent en partie cette baisse). 

Plus particulièrement, dans la zone Centre-Ouest, le développement de la surface d’oléagineux bio a été assez dynamique, avec notamment une multiplication de celle de tournesol par 3 et de celle de soja par 4.5 entre 2018 et 2022. Sur la même période, la sole de légumes secs a progressé (+ 68% pour la lentille et + 91% pour le pois chiche), tandis que celle de protéagineux a légèrement diminué (- 15% pour le pois et – 5% pour la féverole). 

Les oléagineux produits en France sont majoritairement triturés dans une vingtaine d’usines maillant le territoire. Les huiles de tournesol et de colza issues de la trituration sont majoritairement valorisées en alimentation humaine. Les tourteaux (et l’huile de soja), ainsi que les protéagineux, sont utilisés par les fabricants d’aliments du bétail (FAB). 

Le marché bio connaît actuellement des difficultés en raison du recul de la consommation constaté depuis 2020. Les produits de la filière des oléoprotéagineux, tels que les huiles, les soyfood et les légumes secs, ont été concernés par cette baisse en 2022. Des conséquences de la baisse de consommation de bio sont constatées à différents maillons de la filière, notamment sur la campagne 2023/24. En particulier, une partie des triturateurs, orientés sur la production d’huiles en bouteille, ont ralenti leur production. Les FAB ont également ralenti la production d’aliments bio depuis 2021, ce qui a impacté la filière des grandes cultures dans son ensemble, dont ils représentent le débouché principal. Cependant, le soja et les protéagineux ont été relativement épargnés par les difficultés en raison du fort besoin de protéines végétales bio.

Des projets d'investissement dans des outils de décorticage du tournesol sont en cours, visant à produire des tourteaux plus riches en protéines pour répondre aux contraintes imposées par la nouvelle réglementation sur l'alimentation animale (100% de matières premières utilisées biologiques).

 

ROTALEG : résultats de l’essai longue durée en AB sans apports organiques extérieurs au système - Aloïs Artaux - Chambre d'Agriculture des Pays de la Loire

L’essai système Rotaleg a été mis en place en 2011 sur la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou. Il compare 5 rotations, incluant des légumineuses en proportion variable et pour l’une d’entre elles, des apports de fertilisants organiques en complément. Les résultats montrent une bonne capture de l'azote atmosphérique par les légumineuses, mais leur restitutions ne sont pas pleinement valorisées par les cultures. Les rendements du pois et de la féverole peuvent être aléatoires, avec des situations de non-récolte enregistrées sur plusieurs années (maladies, trop forte pression adventices). La pression en adventices sest simialire sur els différentes rotations sauf sur celle à base de luzerne (où elle est réduite). Il n'y a pas d'effet de rotation significatif sur les maladies, mais l'accumulation de cultures partageant des pathogènes pourrait nécessiter une attention particulière. Globalement, la fertilisation organique lorsqu’elle est pratiquée maintient un bilan phosphaté équilibré et améliore le phosphore assimilable du sol. Cependant, la matière organique et le rapport carbone/azote ne présentent pas de tendances claires.

 

Enseignements du projet CAPABLE pour la gestion du chardon et du rumex en AB - Enguerrand Burel – ITAB

La gestion du salissement, et en particulier vis-à-vis des vivaces (chardon et rumex notamment), est un point noir dans les rotations de grandes cultures bio. Les enquêtes menées auprès des agriculteurs bio dans le cadre du projet fait ressortir la gestion des vivaces comme une problématique majeure, notamment en raison de leur capacité à se reproduire et à régénérer, compliquant leur gestion. . Les principaux leviers de gestion identifiés dans ces enquêtes sont, pour le rumex, l’utilisation d’outils à dents en interculture et la mise en place de couverts étouffants, et pour le chardon, l’utilisation de couverts étouffants, l’intégration d’une luzerne dans la rotation ou l’utilisation d’outils à dents (ou à disques) en interculture. Des essais ont permis d'identifier ou d’approfondir des stratégies de contrôle efficaces, telles que l'alternance rapide de cultures d'été et de printemps pour le rumex, et des déchaumages répétés en interculture pour le chardon. Le travail du sol avec des outils à bon recouvrement pour le chardon et la pratique de faux semis sur cultures dérobées pour le rumex sont également recommandés. Ces stratégies doivent être adaptées aux conditions spécifiques de chaque parcelle, telles que la texture du sol, la disponibilité des fenêtres d'intervention et les objectifs économiques.

 

Renouvellement variétal de la lentille en AB - Zoé Le Bihan & Arnaud Van Boxsom - Terres Inovia

La production de lentilles biologiques représente une part croissante de la filière lentille en France. Les surfaces cultivées sont stables, avec une dominance de la lentille verte (environ 80 %). L'association reste la principale pratique culturale en lentille bio, principalement avec de la cameline ou des céréales. Le Sud de la France représente 59% des surfaces mais on note des surfaces en progression en Vendée-Poitou Charentes, en Pays de la Loire et en Bretagne.

Le réseau d'évaluation variétale des lentilles a débuté en 2021, avec 15 essais en 2023. Trois essais bios ont été menés jusqu’à al récolte sur la période 2021-2023. Les variétés Marble, GreenStar et RedMoon ont montré des rendements légèrement supérieurs aux témoins en essais bios, tandis que les différences étaient plus faibles en essais conventionnels.

Les principales variables étudiées (rendement, teneur en protéines, PMG, précocité, hauteur, sensibilité à la verse) présentent peu de différences entre les essais conventionnels et bios. Marble et GreenStar sont des variétés à gros PMG et hauteur importante, mais peu sensibles à la verse.

Pour l'avenir, le réseau d'évaluation variétale bio prévoit d'étudier la capacité d'association des variétés, la couverture du sol, la concurrence adventice, la sensibilité aux maladies et au changement climatique.