Implantation du colza : les clés pour une culture moins sensible aux ravageurs
Implantation du colza : les clés pour une culture moins sensible aux ravageurs
La réussite du colza se joue avant même le semis par la mise en place des fondamentaux agronomiques. Une structure du sol favorable à l’enracinement, une gestion des pailles et des résidus pour un lit de semences de qualité, ainsi qu’une nutrition optimale en éléments minéraux durant l’automne sont les pratiques clés pour une implantation réussie.
Un diagnostic de la structure du sol, avant ou après la récolte,
via un profil « 3D » ou un test bêche, est un préalable essentiel. Crédit : Terres Inovia.
La réussite de l’implantation du colza est un facteur déterminant pour garantir dès le départ le potentiel de la culture. Une levée précoce, rapide et homogène limite la sensibilité aux insectes d’automne, en particulier les altises d’hiver adultes. La mise en place de ces pratiques assure une croissance la plus vigoureuse possible et continue du colza durant la phase automnale et printanière. Mais pour y parvenir, chaque étape doit être optimisée : de la récolte du précédent en passant par le travail du sol, jusqu’à la date et à la méthode de semis.
Un bon enracinement du colza passe par un sol bien structuré. S’il est nécessaire, le travail du sol ne doit ni dessécher le profil, ni engendrer des lissages ou des tassements. Ainsi, les conditions d’humidité du sol sont primordiales et déterminantes afin d’obtenir un résultat correspondant aux objectifs de travail du sol (fissuration, mulchage, scalpage…).
Observer et anticiper
Un diagnostic de la structure du sol est un préalable essentiel. Il peut être réalisé avant ou après la récolte, par la méthode du profil « 3D » ou a minima par un test bêche sur 20 à 25 cm de profondeur. Ce diagnostic permet de caractériser l’état structural, d’apprécier le niveau de ressuyage du sol, puis d’adapter l’outil et la profondeur de travail du sol. Lors des deux dernières campagnes, le sol était humide lors de l’implantation des cultures d’automne et, dans de nombreuses situations, la structure des sols a été dégradée. L’observation du sol avant les premières interventions post-récoltes est indispensable afin d’anticiper et prévoir les opérations de correction de l’état structural.
Anticiper les travaux du sol, en tenant compte de sa teneur en argile et de l’état d’humidité, afin d’être prêt à semer dès que les conditions seront favorables : sur un sol émietté mais qui a maintenu sa fraîcheur, ou juste avant l’annonce d’une pluie significative.
Autre point-clé : trouver un compromis entre la gestion du travail et la fraîcheur du sol, notamment par le contrôle des repousses de céréales. Ces dernières peuvent assécher plus fortement le sol que les passages de certains outils.
Assurer une levée rapide en évitant la surdensité
Un semis réussi repose sur un lit de semence optimal. Ce dernier doit être fin, régulier et homogène, avec des résidus de pailles maîtrisés permettant un bon contact terre-graine. Ce lit doit garantir à la fois un semis à une profondeur régulière et adaptée aux conditions de fraîcheur (selon la texture du sol) ainsi qu’une levée homogène et rapide.
L’objectif est que le colza soit levé avant fin août pour atteindre le stade « 4 feuilles » avant le 25 septembre, date critique de l’arrivée des altises d’hiver adultes. Les parcelles historiquement touchées et impactées par les larves d’altises ou de charançons du bourgeon terminal ont régulièrement en commun un colza affaibli par un manque de croissance automnale, souvent en lien avec une mauvaise structure de sol ou une levée hétérogène. À l’inverse, un colza robuste et bien implanté résiste mieux à ces attaques.
La mise en place de conditions optimales de semis et de levée permet de maîtriser le nombre de grains/m² semés afin d’éviter des surdensités. Ces dernières peuvent affaiblir la biomasse par plante du colza ainsi que sa croissance automnale, le rendant plus vulnérable aux larves d’insectes jusqu’à sa floraison.
En ce qui concerne les semoirs, le monograine favorise une levée régulière et une répartition homogène du peuplement, mais il n’est pas approprié à toutes les situations ni à tous les écartements. En semis direct, les meilleurs résultats sont obtenus avec des semoirs à dents, plus adaptés à l’ensemble des modes de gestion de la paille et des résidus. Cette technique permet aussi de limiter la levée d’adventices, mais la croissance du colza peut - dans certains contextes pédoclimatiques - être plus lente, ce qui justifie un semis encore plus précoce ou une adaptation de la nutrition.
Quelles pratiques de la nutrition automnale ?
En parallèle, l’apport avant semis de produits organiques ayant une bonne disponibilité des éléments minéraux (lisiers, fumiers, fientes et produits de type II) peut contribuer à améliorer la disponibilité en azote pour le colza. Cependant, un compromis doit être trouvé entre la gestion des dates et des conditions d’épandage de ces produits, et la capacité à préparer le sol et à garantir un semis et une levée précoces du colza. Dans certaines situations, des apports d’azote sous forme minérale avant ou après le semis (selon les réglementations régionales en vigueur, régies par la Directive nitrate) favoriseront la croissance continue du colza durant toute la phase automnale.
L’apport de phosphore au semis (en plein ou en localisé) est un levier souvent négligé et sous-estimé, car peu visuel contrairement à l’effet de l’azote à l’automne. Pourtant, le colza est une culture fortement exigeante en phosphore. Pour une valorisation optimale du phosphore par le système racinaire de la plante, le moment de l’apport et les doses doivent être ajustés selon les teneurs en phosphore du sol.
L’association du colza avec des légumineuses gélives (féverole, fenugrec, trèfle d’Alexandrie...) est une technique éprouvée, bénéfique à la fois pour la croissance de la culture et pour la gestion des insectes. Mais sa réussite dépend de plusieurs conditions. Elle doit être intégrée dans une réflexion globale sur le semis, en tenant compte de la taille des graines et des équipements du semoir. Elle suppose aussi une attention particulière à la gestion du désherbage : les espèces associées doivent être choisies en fonction du niveau de salissement de la parcelle et de la stratégie herbicide envisagée.
Contact : M. Loos, m.loos@terresinovia.fr
Retrouvez l'article entier dans le n°534 de Perspectives agricoles : https://www.perspectives-agricoles.com/conduite-de-cultures/implantation-colza-ravageurs