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Fonctionnement des sols : des projets et outils au service des agriculteurs

11 janv. 2024

Les récents travaux de recherche portent un regard innovant sur nos agroécosystèmes, en mettant davantage l’accent sur le fonctionnement du sol et les leviers pour l’améliorer.

Lors des 3e Rencontres des grandes cultures bio, Anne-Sophie Perrin (Terres Inovia)
- aux côtés de deux autres spécialistes – a présenté
la vision récente issue des travaux de recherche sur la fertilité des sols.
Crédit : Terres Inovia, I. Lartigot

Le sol peut être décrit comme un milieu tridimensionnel composé de particules minérales, de matières organiques, d’eau et d’air. Il accueille une multitude d’organismes vivants (microorganismes, macro- et mésofaune, racines). Ces organismes ne font pas qu’habiter le sol : ils en sont une partie intégrante.

Le sol est depuis longtemps un objet d’étude en agriculture et notamment sa « fertilité ». Celle-ci peut se définir comme la capacité du sol à répondre durablement sous un climat donné aux besoins physiques, chimiques et biologiques nécessaires à la croissance des plantes, assurant leur productivité, leur reproduction et leur qualité. Pour les agronomes, ces trois piliers sont interdépendants, et la prise en compte de l'un ne doit pas faire oublier les autres. Ainsi, la composante biologique, même si elle devient de plus en plus accessible, devra rester en lien avec l'évaluation de la composante physique et chimique pour établir un diagnostic éclairé. Le fonctionnement d’un sol dépend de l’intensité des processus d’interactions entre la composante vivante (biotique) et minérale (abiotique) et quand ceux-ci sont détruits ou altérés, ce fonctionnement est compromis et la fertilité du sol diminue.

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La structure du sol est un des paramètres qui conditionne son niveau de production. Son état peut être évalué in situ via la réalisation d'un test bêche. Crédit : Terres Inovia.

Cela amène à proposer une nouvelle vision de l’évaluation de l’état du sol. Elle dépend d’une part de ses paramètres non modifiables (texture, charge en cailloux, profondeur…) qui déterminent la qualité « intrinsèque » du sol, et d’autre part de ses paramètres modifiables (pH en sol non calcaire, teneur en matières organiques…) qui impactent son niveau réel de fonctionnement. Le potentiel de production agricole est défini par les qualités intrinsèques. Mais suivant son état de fonctionnement, le niveau réel de production pourra être très proche ou au contraire très éloigné de son potentiel (figure 1).

Extrait de l'article Arvalis & Terres Inovia infos attaché à la fin de l'actualité.

Des indicateurs révélateurs de l’état du sol

Les quatre fonctions principales d’un sol agricole pour assurer sa fertilité ainsi que la fourniture d’autres services à la société sont : le recyclage des nutriments, la transformation de la matière organique, la maintenance de la structure du sol et la régulation des populations. L’ensemble de ces fonctions met à contribution les organismes vivants du sol. Pour étudier le fonctionnement des sols, la première étape est donc de développer des indicateurs biologiques révélateurs de l’état du sol au travers de l’abondance, de la diversité, de la morphologie, du comportement et de l’activité des organismes vivants qui le façonnent. Autre caractéristique essentielle : ces indicateurs doivent être sensible aux pratiques culturales et compréhensibles, afin de pouvoir être utilisé par les conseillers et les agriculteurs pour poser un diagnostic.

Le projet Microbioterre (multipartenarial, dont Terres Inovia) s’est attelé à évaluer des méthodes d’analyse qui peuvent être intégrées comme indicateurs dans les menus des laboratoires d’analyse de sol. 12 indicateurs ont été retenus sur un pool initial de 25, après une phase de test dans des essais de longue durée à l’échelle nationale et dans des parcelles d’agriculteurs. Les analyses réalisées ont permis d’ébaucher un premier référentiel et de proposer un schéma d’interprétation. En revanche, les liens entre indicateurs et fonctions du sol sont à l’heure actuelle insuffisamment caractérisés pour permettre de définir des niveaux de satisfaction. Il sera nécessaire de compléter ces travaux pour pouvoir définir des méthodes d’interprétation fonctionnelles et ainsi aller jusqu’au conseil agronomique.

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Extrait de l'article Arvalis & Terres Inovia infos attaché à la fin de l'actualité.

L’ensemble de ces indicateurs sont mesurables en laboratoire. Une autre approche proposée avec l’outil Biofunctool (Cirad et IRD) consiste à disposer d’indicateurs mesurables au champ et à cout raisonnable. Cette approche présente l’avantage d’évaluer directement les fonctions du sol et ce, dans des conditions plus proches de la réalité in situ. L’outil est construit sur une approche relative pour comparer des parcelles au même moment dans un même contexte de sol et de climat, car les résultats sont influencés par les conditions au moment de la mesure. Au-delà des 9 indicateurs retenus, l’outil propose une méthode d’agrégation des résultats permettant de calculer un score, qui caractérise le niveau de fonctionnement du sol et de conduire un diagnostic.

Les deux approches ne sont pas à opposer et trouveront leur place sur le terrain selon les objectifs des agriculteurs et conseillers qui prendront en main les enjeux de fonctionnement du sol.

Contacts : C. Le Gall, c.legall@terresinovia.fr et AS. Perrin, as.perrin@terresinovia.fr​​​​​​​