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En savoir plus sur le Mycosphaerella du colza

Article rédigé par
  • Cécilia Fontyn (c.fontyn@terresinovia.fr)
En savoir plus sur le Mycosphaerella du colza
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    Modifié le : 13 oct. 2025

    Agent pathogène et hôte

    Mycosphaerella brassicola (Duby) Lindau, agent pathogène responsable de la mycosphaerellose, est un ascomycète homothallique.  Mycosphaerella a été décrit pour la première fois en France en 1826. Depuis, cet agent pathogène a été observée dans tous les autres pays d'Europe occidentale causant également des pertes de rendement dans des pays au climat principalement tempéré et humide, comme la Nouvelle-Zélande, l'Australie, le Pérou et l'Equateur. Le champignon a été le plus souvent signalé sur chou-fleur et chou, mais il peut attaquer de nombreuses espèces de Brassica, y compris le colza oléagineux (Brassica napus L. ssp. oleifera). 

     

    Symptômes

    Les premiers symptômes seront observés sur les feuilles situées en parties basses du colza. Cette maladie se manifeste sous la forme de taches brunes, portant de très nombreuses petites fructifications noires (pycnide et périthèces), entourées d’un halo jaune assez marqué. Ces fructifications ne sont pas réparties de manière homogène dans les taches, en effet, celles-ci forment une alternance de zone avec une présence dense (anneau foncé) et peu abondante (anneau clair) de pycnides et périthèces.

    Sur la tige, Mycosphaerella entraine la formation de taches ovales gris foncé, possédant un centre plus clair. Enfin sur siliques, les symptômes se manifestent sous la forme de taches brunes/grises, arrondies, pouvant devenir coalescente en cas de forte attaque, couvertes de fructifications denses plus ou moins arrangées en cernes concentriques.


     

    Importance

    En France, l'occurrence et la sévérité de cette maladie ont augmenté depuis le milieu des années 2000. En Bretagne et en Poitou-Charentes, Mycosphaerella est aujourd'hui la première maladie du colza, avant Sclérotinia. Cette maladie peut entraîner une perte de rendement de 0,2 t/ha à 0,7 t/ha en fonction de l'intensité de la maladie. Néanmoins, les pertes peuvent être beaucoup plus élevés si la maladie touche les siliques, en moyenne 2 à 4 q/ha mais pouvant atteindre 10 q/ha en cas de forte attaque. Cette perte est directement liée à une diminution de l'activité photosynthétique des gousses, ce qui affecte le poids de mille grains. Quelques questions subsistent quant à l'impact précoce sur l'activité photosynthétique des feuilles.           
    Des feuilles infectées en hiver ne veulent pas dire que la maladie se développera au printemps, mais cela reste à surveiller, en effet cette maladie est virulente et peu se développer rapidement, en passant directement des feuilles aux siliques, sans passé par la tige, si les conditions climatiques sont favorables. Sa progression est donc difficile à appréhender.     
    L’année 2024 a connu une explosion de la maladie sur le territoire, des régions jusqu’alors épargnée se sont vues fortement attaquée par Mycosphaerella. Dans de nombreux cas, la maladie s’est développée sur les siliques, ce qui n’avait jamais été vu dans certaines régions. Les conditions météorologiques très pluvieuses et douces du printemps 2024 ont été idéales pour le développement de la maladie ce qui peut expliquer la fréquence du Mycosphaerella cette année-là.

     

    Cycle de vie

     

    En général, la maladie provient de débris végétaux infectés dans et sur le sol, ou de cultures matures infectées qui poussent à proximité de cultures plus jeunes. Néanmoins, cette maladie peut également provenir de semences contaminées. Lorsque les températures sont supérieures à 0°C, les périthèces se trouvant sur la débris végétaux, stimulés par la pluie pendant 24-48h, vont expulser des ascospores (spores sexuées) qui seront disséminées par le vent. Les premières infections se produisent pendant l’hiver et touche les feuilles basses du colza. Environ 3 semaines après l’infection, si les conditions environnementales ont été suffisamment humide, les pycnides et périthèces vont se développer sur la feuille et former des lésions concentriques, alternant des zones sombres et claires, caractéristiques de la maladie. Les périthèces présents sur les feuilles vont émettre des ascospores qui, se déplaçant sous l’effet du vent, vont permettre la propagation de la maladie sur la tige, puis parfois sur les siliques. A la fin de la saison, les débris de culture contaminés vont se retrouvez sur de sol et le cycle pourra ainsi recommencer.

     

    Facteurs favorables

    Une haute humidité (90%) sur feuille pendant 3-4 jours successifs et des températures entre 5-20°c, sont les conditions nécessaires à une infection réussie du champignon. Mycosphaerella est une maladie des d’automnes/hivers doux et humides, c’est pourquoi elle se développe principalement dans l’Ouest de la France, sur la façade océanique.
    Certaines pratiques agronomiques peuvent également avoir un impact sur le développement de Mycosphaerella. Laisser les débris de culture en surface ainsi que les rotations courtes avec le colza ou d’autres brassicacées sont des facteurs qui favorisent la maladie. L’utilisation de semences de ferme issues de parcelles contaminée peut aussi jouer un rôle favorable dans le développement cette maladie.

     

    Leviers de lutte

    La gestion de Mycosphaerella passe par une protection intégrée où tous les leviers de lutte doivent être raisonnés à la parcelle, dans la rotation, et pour le long terme.
    A ce jour, il n’existe pas de variétés résistantes vis-à-vis de cet agent pathogène, le recours à un levier génétique n’est donc pas possible.
    D’un point de vue agronomique, l’enfouissement des résidus de culture, la rotation, ainsi que l’utilisation de semences certifiées, sont des leviers qui peuvent permettre de lutter contre Mycosphaerella. Néanmoins, ces leviers se révèlent peu efficients.
    La gestion de cette maladie se fait surtout via l’intervention de fongicides contre le sclérotinia au stade G1 du colza. Cependant, l’année 2024 a connue de fortes attaques qui n’ont pas été contenues via le traitement sclérotinia G1, il convient donc de réévaluer le choix de la stratégie de traitement à appliquer ainsi que les solutions (substance active).

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