Diversifier les assolements pour sécuriser les récoltes à venir
Diversifier les assolements pour sécuriser les récoltes à venir
Paris, le 6 juillet 2022 – Dans un contexte de changement climatique et de tensions accrues sur les marchés alimentaires, Terres Univia, l’interprofession des huiles et protéines végétales, Terres Inovia, l’institut technique des professionnels de la filière des huiles et protéines végétales et de la filière chanvre, et la FOP, Fédération des producteurs d’oléagineux et protéagineux, rappellent l’importance de diversifier les assolements sur le long terme mais aussi de manière plus conjoncturelle. Réfléchir à des assolements variés et équilibrer les rotations avec des légumineuses et du tournesol constituent des solutions efficaces pour introduire de la robustesse au sein des exploitations et mieux faire face aux difficultés en cas d’intempéries ou de tensions sur les matières premières. Cette stratégie mise notamment sur les atouts agronomiques des oléoprotéagineux pour répartir les risques et les charges de travail afin d’atteindre les objectifs de compétitivité des exploitations tout en assurant la production nécessaire à la souveraineté alimentaire.
Dans le contexte du moment, il est particulièrement important de raisonner en termes de maîtrise des charges et des marges à la rotation, mais aussi, de choisir ses assolements au regard des contraintes, par exemple, de la quantité d’engrais disponible au niveau de l’exploitation ou bien de risques climatiques avérés. Avec des prix d’achat et de vente qui s’annoncent élevés pour la campagne 2022-2023, l’intérêt économique des cultures oléoprotéagineuses est conforté, et ce, malgré l’augmentation des coûts de production (prix de l’engrais, du gaz, etc.).
Le colza et le tournesol constituent d’excellentes têtes de rotation contribuant à la fertilité et l’amélioration de la structure des sols. Les producteurs d’oléoprotéagineux peuvent également équilibrer leur rotation avec des cultures sobres en intrants azotés telle que le tournesol ou fixant l’azote gazeux du sol telles que les légumineuses. Les 30 à 40 kg d’azote par hectare ainsi fixés dans le sol seront disponibles pour la culture suivante. Le colza, lui, peut prélever de l’azote disponible dans les parcelles dès l’automne. Semer des oléoprotéagineux permet de faire baisser la dépendance globale à l’azote de l’exploitation et en optimise la valorisation à l’échelle de la rotation.
Les cultures oléoprotéagineuses disposent d’autres intérêts agronomiques qui permettent d’apporter de la robustesse aux exploitations tant sur le plan technique qu’économique. La diminution du poste phytosanitaire (herbicides), induite par un bon équilibre sur le long terme entre les cultures d’hiver et de printemps, les effets « précédent » bénéfiques du colza, du pois ou du tournesol sur le blé suivant se traduisent désormais par un impact économique positif renforcé à l’échelle de la rotation. Diversifier les cultures, c’est multiplier les bénéfices et réduire les risques sur les exploitations.
Un équilibre amélioré entre cultures de printemps et d’hiver permet ainsi d’accroitre, sur la durée, la rentabilité des exploitations de grandes cultures. Dans un exemple d’assolement correspondant à un sol argilo-calcaire de profondeur moyenne en « zone intermédiaire », Terres Inovia a étudié en 2022 le choix de rotations plus diversifiées et mieux équilibrées entre ces cultures [1]. Une telle stratégie de diversification permet de :
- Augmenter la marge moyenne annuelle de minimum de 50 €/ha/an. Dans le cas, très fréquent, où les performances de la rotation colza/blé/blé/orge d’hiver seraient dégradées (défaut de gestion de l’enherbement, renchérissement du poste herbicide), le gain de marge à moyen terme peut nettement dépasser 100 €/ha/an.
- Réduire les charges opérationnelles de 120 €/ha/an selon les hypothèses retenues [2].
- Réduire l’apport moyen annuel d’azote minéral de 25 à 40 unités (soit -15 à -25%), avec les bénéfices induits de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES).
« Les répercussions de la guerre en Ukraine et les effets déjà visibles sur les cultures du changement climatique requièrent de plus en plus de robustesse et d’adaptabilité de la part des agriculteurs. Penser assolement diversifié, utiliser le tournesol et les légumineuses à l’échelle de la rotation mais aussi de manière plus conjoncturelle permet d’améliorer la résilience mais aussi la compétitivité des exploitations », déclare Antoine Henrion, Président de Terres Univia.
« Terres Inovia est investi au quotidien pour valoriser les atouts des oléoprotéagineux et conseiller au plus proche du terrain les producteurs dans leurs assolements. Diversifier les assolements avec des légumineuses et du tournesol permet à une exploitation d’être plus flexible, plus réactive face aux aléas et de rester compétitive, comme en témoigne l’étude réalisée par l’Institut technique présentée aujourd’hui », précise Gilles Robillard, Président de Terres Inovia.
Pour Arnaud Rousseau, Président de la FOP, « Face aux évènements climatiques complexes et aux bouleversements sur les marchés agricoles que nous connaissons, la durabilité et la compétitivité des cultures oléoprotéagineuses représentent de réels atouts pour les producteurs. Elles sont également autant de solutions concrètes aux défis environnementaux, aux impératifs économiques et enjeux territoriaux auxquels les agriculteurs doivent répondre ».