Colloque Cap Protéines : la preuve d’un lien fort entre les filières animales et végétales
Colloque Cap Protéines : la preuve d’un lien fort entre les filières animales et végétales
Le 31 mai, 200 personnes se sont pressées à la Cité internationale universitaire de Paris pour découvrir les résultats de Cap Protéines, le programme de recherche, développement, innovation et transfert du Plan Protéines, piloté par Terres Inovia et l’Idele. Il a mis en exergue le lien entre ces deux instituts, qui soutiennent des projets forts visant la souveraineté alimentaire et l’autonomie protéique de la France.
Le colloque Cap Protéines à la Cité internationale universitaire
Produire plus de protéines végétales pour réduire la dépendance aux importations : l’enjeu de Cap Protéines était ambitieux. Et il semble avoir tenu toutes ses promesses, à en croire les observatoires, études, essais et expérimentations lancés de janvier 2021 à décembre 2022.
Tous les maillons de la chaîne impliqués, de l’amont à l’aval
Le colloque organisé le 31 mai 2023 pour présenter les travaux menés par ce programme de recherche, développement et innovation et transfert du Plan Protéines, et doté d’un investissement massif de 20 millions d’euros du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire dans le cadre du Plan de Relance (qui est venu renforcer les 33,5 millions d’euros de budget de la filière des huiles et protéines végétales), était riche et dense.
Gilles Robillard, président de Terres Inovia, lors de l'introduction du colloque Cap Protéines
« A la fin de la journée, vous repartirez frustrés tant la masse des résultats obtenus est impressionnante, promettait Gilles Robillard, président de Terres Inovia, à l’introduction du colloque. La réussite de Cap Protéines a reposé sur deux faits majeurs : l’implication sans failles des équipes et le fait d’avoir ciblé, dès le départ, tous les maillons de la chaîne, de l’amont à l’aval».
Et pour preuve, le programme RDI du Plan Protéines offre un large spectre de travaux, parmi lesquels la création d’un réseau d’évaluation de variétés en lentille, le développement des méthodes d’analyses protéiques des graines, 400 parcelles suivies par an pour identifier les facteurs limitants des légumineuses à graines, le lancement d’un premier observatoire sur les légumes secs, le déploiement d’une filière sur le soja bio à La Réunion ou encore la conception d’une application mobile sur les protéines végétales.
Le rapprochement des mondes végétal et animal
« Le lien entre les filières animales et végétales a également été le fil rouge des deux années de Cap Protéines, avec l’objectif de renforcer la résilience des exploitations. Nous avons mis en lumière l’impérieuse nécessité de continuer l’aventure afin de relever le défi de développer le dynamisme des protéines végétales en France », a martelé Gilles Robillard.
La preuve concrète de ce lien entre végétal et animal fut, en effet, la riche et fructueuse collaboration entre Terres Inovia et l’Institut de l’élevage (Idele), tous deux copilotes de Cap Protéines. « Produire plus de protéines, c’est nourrir nos animaux de manière différente en équilibrant les rations, en permettant plus d’indépendance et d’efficacité de production. Cap Protéines a cherché à développer la capacité protéique de la France, il faut maintenant aller plus loin afin que, dans toutes les cours de ferme, on ait conscience que la protéine est une richesse et démontrer qu’une fois de plus l’agriculture s’adapte et fait face à de nouveaux défis », explique, à son tour, Martial Marguet, président de l’Idele.
Trois questions à Gilles Robillard, président de Terres InoviaQuel bilan peut-on faire du programme Cap Protéines ? Cap Protéines a été un formidable accélérateur pour dynamiser la production des légumineuses avec un très beau partenariat entre les mondes végétal et animal. Ce programme a permis d’amener des résultats concrets grâce à une mobilisation très forte de nos équipes. Maintenant, nous voyons ce qui reste encore à faire. Ce fut un premier pas réussi vers plus d’autonomie protéique. C’est donc avant tout la preuve d’un bel effort collectif mis au service de la souveraineté protéique ? Oui, c’est certain. La réussite de Cap Protéines tient au lien fort qui s’est construit avec la filière de l’élevage, dans ce copilotage de Cap Protéines, mais aussi entre l’amont et l’aval par exemple pour la structuration de filières locales. Tous, nous avons déployé un élan et une énergie autour des protéines végétales. Terres Inovia a réussi à mobiliser un nombre important de partenaires autour d’un objectif commun, montrant qu’il a su être à l’écoute des autres. Cap Protéines a aussi été la preuve du décloisonnement des métiers au sein de l’institut et a contribué à rapprocher les équipes de Terres Inovia et Terres Univia. Quelles perspectives pour prolonger ces efforts et ces travaux ? Nous avons montré qu’il fallait aller plus loin. Les besoins sur les quatre prochaines années ont été identifiés. Il faut maintenant continuer à porter cette ambition collective autour de l’autonomie protéique. C’est pourquoi Terres Inovia travaille à une suite avec une demande de co-financement des pouvoirs publics (qui vient s’ajouter au financement de la filière), pour continuer sur la lancée de Cap Protéines. Ce projet est plus large, en partenariat avec les instituts de grandes cultures et des filières d'élevage ruminants, porc et volaille, ainsi qu'avec les chambres d'agriculture et la coopération agricole. |
Les résultats des travaux de Cap Protéines en une soixantaine de posters
Au cours du colloque, des posters ont été présentés afin de restituer les nombreux travaux menés dans le cadre de Cap Protéines entre janvier 2020 et décembre 2022 autour de ces cinq projets phares :
• Evaluer et diffuser de nouvelles variétés de légumineuses et d’oléagineux à haute teneur en protéines.
• Accroître la compétitivité et la durabilité des productions oléoprotéagineuses.
• Répondre à la transition alimentaire par des produits locaux, durables et diversifiés.
• Développer l’autonomie protéique des élevages de ruminants.
• Partager les informations du producteur au consommateur.
Ces posters sont à retrouver dans le recueil du colloque (en pièce jointe) et sur le site de Cap Protéines
La journée a également été rythmée par quatre tables-rondes, dressant un large panorama des innovations autour des protéines végétales pour réduire la dépendance nationale aux importations, développer les légumineuses pour répondre à une demande croissante en alimentation humaine et renforcer l’autonomie protéique des élevages.
Quelles innovations en animal et végétal pour améliorer la souveraineté et l’autonomie ?
Les bovins et les volailles sont les deux premiers consommateurs de tourteau de soja importé en France. Viser l’autonomie protéique des élevages français, c’est compenser les trois millions de tonnes de tourteaux de soja importées en France en actionnant différents leviers. Produire des tourteaux d’oléagineux de meilleure qualité est donc indispensable, en particulier pour les monogastriques, en renforçant la concentration protéique des tourteaux et en améliorant leur digestibilité ainsi que leur disponibilité dans des filières locales.
Dans ce contexte, Cap Protéines a travaillé sur des leviers tels que le décorticage, une meilleure extraction de l’huile par la maîtrise de la cuisson et le pressage. Pour les ruminants, l’autonomie alimentaire des élevages se gagne par une meilleure valorisation des fourrages, de l’herbe et des légumineuses en premier lieu.
Comment le transfert de connaissances s’est-il intensifié sur le terrain ?
Pour améliorer la compétitivité des oléoprotéagineux vis-à-vis de cultures plus dominantes, il était essentiel d’accompagner les producteurs pour s’approprier de nouvelles techniques. Cap Protéines a donc mobilisé les collaborateurs des instituts et de leurs partenaires, ainsi qu’une large palette de moyens de communication, pour toucher un maximum d’agriculteurs, d’éleveurs et de conseillers techniques. Observatoires des cultures, journées de démonstration sur le terrain et en fermes, webinaires d’information, carte de France des élevages innovants, production de vidéos et posts sur les réseaux sociaux ont contribué à intensifier le déploiement de nouvelles connaissances vers le terrain.
Agroécologie : accompagner les producteurs
La transition agroécologique des exploitations agricoles se heurte à des difficultés. L’incertitude et la grande variabilité de l’effet des pratiques agroécologiques selon les situations, la dimension systémique des nouvelles stratégies à imaginer, ainsi que la diversité des attentes des agriculteurs exige des solutions et un conseil personnalisé pour un accompagnement au changement. Pour y contribuer, Cap Protéines a permis d’éditer des outils d’accompagnement (tableaux de bord, méthodes d’observation au champ, diagnostic d’autonomie en élevage), de repérer des solutions en culture et en élevage et de mettre au point un service de formation et un accompagnement à la transition agroécologique.
Alimentation humaine : comment consommer plus de légumineuses ?
Les recommandations de consommation en légumineuses (plus de deux fois par semaine) ne sont atteintes que par 2 français sur 10 (selon une étude Credoc 2021) en raison d’une méconnaissance des différentes utilisations culinaires possibles et une perception négative des légumineuses comme étant difficiles à cuisiner ou peu appétissantes. Pourtant, elles multiplient les atouts.
Pour accompagner le développement des légumineuses dans la consommation alimentaire, des connaissances ont été apportées aux consommateurs et des outils fournis pour l’utilisation d’ingrédients protéiques dans la formulation de produits bons, sains et durables.
Vous retrouverez prochainement des comptes-rendus détaillés de chaque table-ronde sur le site de Terres Inovia
Cap Protéines, une amorce à poursuivre
La réussite de Cap Protéines a été particulièrement saluée par les pouvoirs publics. Benoît Bonaimé, directeur de l’Enseignement et de la Recherche, était présent, affirmant que « la stratégie des protéines végétales est importante car elle fait consensus. De nombreux verrous techniques avaient été identifiés et elle a nécessité des moyens d’investissement importants. Nous sommes sur un chemin de pionnier qui peut ouvrir la voie. »
Or, Cap Protéines a représenté une belle amorce. « En deux ans, nous avons réussi à mener des travaux exemplaires, par exemple en matière de transfert de connaissances et de coordination de projets en un délai court. Des choses concrètes ont été faites avec des résultats tangibles », constate le représentant des pouvoirs publics.
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA et du groupe Avril, a également affirmé, en conclusion du colloque, que « la dynamique est engagée, elle a démontré toute sa pertinence et sa puissance dans le cadre du programme de recherche, développement, innovation et transfert Cap Protéines».
Donner une suite à Cap Protéines
« Cap Protéines est une première étape qui a posé les lignes directrices d’une véritable feuille de route en recherche, développement et innovation. Les pouvoirs publics doivent maintenant être au rendez-vous, à la hauteur de l’implication des filières et des acteurs du monde agricole. Concrètement, il faut donner une suite à Cap Protéines, sans quoi nous perdrons tout le bénéfice de ces deux années de travaux intensifs », appelle de ses vœux Arnaud Rousseau.
Du côté du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Benoît Bonaimé indique que « nous travaillons à une suite, axée sur les légumineuses, et que nous allons avancer vers une méthode organisée et déterminée. Les services de l’Etat sont pleinement engagés pour réussir cette stratégie nationale pour les protéines végétales ».
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