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Chassons les idées reçues sur les systèmes de culture

Article rédigé par
  • Anne Schneider (a.schneider@terresinovia.fr)
Chassons les idées reçues sur les systèmes de culture
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    Modifié le : 01 déc. 2023

    Le saviez-vous ?

    La culture de légumineuse est altruiste !

    Comme cette plante est capable de fixation symbiotique, l’azote de l’air ainsi capté et transformé en azote organique est intégré dans le système de production et va bénéficier au sol et aux autres cultures. De plus il peut y avoir de la rupture des cycles des bioagresseurs des cultures principales ou compagnes. Le tout se répercute sur les dimensions agronomiques mais aussi économiques : réduction possible des intrants et meilleurs rendements. Et en plus ces cultures peuvent apporter des intérêts environnementaux avec des ressources pour les insectes, des réductions des risques de pollutions des eaux et de l’air, etc. 

    C’est pourquoi, bien concevoir son système avec légumineuses ne sert pas qu’à produire des fourrages ou des graines riches en protéines (on parle de services rendus), alors autant en retirer tous les bénéfices en plus de la production de matières premières !

     

    La conception d’une évolution de système de culture en 3 points

    Bénéficier au mieux des effets du précédent cultural de légumineuse récoltée : bien placer le précédent légumineuse selon votre système initial (devant céréales ou colza par exemple) pour améliorer les rendements des cultures suivantes tout en réduisant les charges du système 

    Evaluer les performances à l’échelle pluriannuelle pour bien intégrer les effets sur le sols et entre cultures qui se suivent, en couvrant le temps d’une succession culturale complète autant que possible, ou réfléchir à l’échelle de l’assolement annuel

    Faire valoir les services pour l’environnement et la société : penser au possible prix pour services rendus (atténuation du changement climatique, qualité des eaux ou de l’air, etc.) 

     

    Testez vos connaissances sur les sytèmes de culture

    VRAI ! Cultiver une culture annuelle de légumineuses (pois, féverole, lentille, soja) permet l’absence d’engrais azoté pendant toute une campagne et réduit les besoins en azote des cultures suivantes. Le poste “charges opérationnelles” est largement allégé ! Vive l’azote issu de la fixation symbiotique des légumineuses !
    De plus, la diversification avec cette famille botanique permet des ruptures de cycle des parasites des cultures majoritaires comme les céréales. Donc, in fine, cela permet de réduire plus facilement les produits phytosanitaires dans la succession culturale.

    FAUX ! Les rendements ne sont pas la seule composante de la multi-performance : les charges sont également un poste important. D’autant plus dans le contexte d’aléas économiques renforcés des dernières années. La plus forte variabilité des rendements des cultures de légumineuses à graines par rapport aux céréales depuis les 10 dernières années a contribué à renforcer ce sentiment de risque pour ces cultures et l’aversion au risque freine naturellement le changement.
    Prendre la décision nécessite de comprendre que la vraie valeur de légumineuses à graines ne se résume pas à la marge à la culture : si on prend en compte les services rendus à la société lors de la campagne de sa culture et au système de culture les années suivantes alors sa marge réelle est en fait au moins 35% plus élevée que sa marge à la culture !
    En effet, sur une série de situations en France, nos études sur des cas représentatifs montrent une possible augmentation de 8 à 20% pour la marge nette du système de culture, en moyenne pluriannuelle, quand l’agriculteur insère un pois ou une féverole dans son système de production, que ce soit en sols profonds ou en sols intermédiaires argilo-calcaires.
    A l’avenir, on sait que les performances environnementales sont indispensables à intégrer en plus de la seule production à l’hectare. Un atout clair des légumineuses !

    FAUX ! L’évolution d’un système de culture (*) peut se faire par une série d’approches qui sont plus ou moins en rupture avec ce qui est pratiqué à ce jour : d’une approche de modulation pas à pas qui permet de tester un changement sans remise en cause complète à une réflexion en atelier de conception pour construire collectivement des systèmes de culture innovants. Ainsi, insérer une culture de légumineuse peut se réfléchir en premier lieu comme la nécessité d’alterner une « tête de rotation » déjà existante (par exemple un colza sur deux remplacé par un pois ou une féverole) ou alors de rallonger la rotation en permettant de rompre la succession de deux cultures céréalières.
    *Rappelons qu’un système de culture est un "ensemble des modalités techniques mises en œuvre sur des parcelles traitées de manière identique. Chaque système de culture se définit par la nature des cultures et leur ordre de succession, et les itinéraires techniques appliqués à ces différentes cultures, ce qui inclut le choix des variétés pour les cultures retenues“

    FAUX ! C’est surtout les évolutions de la PAC au cours du temps qui ont mis en exergue une forte réactivité avérée aux aides publiques ce qui n’a pas permis d’assurer une compétitivité pérenne pour les légumineuses à graines, sans industrie spécifique et fidélisée. D’où l’importance de renforcer, pour le futur, les contrats de production pour une meilleure visibilité lors de la mise en culture par une meilleure connaissance de la diversité des débouchés et une répartition juste de la valeur ajoutée pour un intérêt assuré pour l’agriculteur. En même temps, il s’agit de gérer l’interdépendance des filières de légumineuses à plus ou moins forte valeur ajoutée. https://www.terresinovia.fr/p/les-legumineuses-ouvrage-de-reference

    FAUX ! Des fermes existantes prouvent qu’il est possible d’allier économie et environnement dans des systèmes de culture incluant des légumineuses. (voir les annexes de l’ouvrage Légumineuses de 2015)
    Les bénéfices économiques des avantages agroenvironnementaux de l’insertion des légumineuses dans la rotation (c’est-à-dire leurs «effets précédents») sont déjà liés à des réductions de charges opérationnelles, qui se révèlent dans une évaluation pluriannuelle de la marge brute. Parmi l’hétérogénéité des performances observées des exploitations agricoles (même dans un contexte identique), on constate qu’il est possible de gérer les systèmes avec légumineuses avec un succès conjoint sur les plans environnemental et économique, et que la présence de légumineuses facilite la conjugaison des deux types de performances. Un appui pertinent du conseil agricole est ici crucial pour que l’agriculteur réussisse à faire exprimer tout le potentiel de ces bénéfices agronomiques et environnementaux qui peuvent se traduire en bénéfices économiques.

    FAUX ! Le Canada exporte plus de 6 millions de tonnes de légumineuses (surtout des pois), principalement vers l’Inde qui en est le plus grand consommateur.
    Pour les légumineuses à graines, le soja représente les ¾ de la production mondiale (principalement Brésil, États-Unis et Argentine, avec essentiellement du soja OGM), mais est minoritaire en France et en Europe. Si l’Europe produit très peu de soja, elle représente en revanche environ 20% de la production mondiale de protéagineux. En dehors de l’Europe, les principales zones de production sont, pour le pois, le Canada et la Fédération de Russie, pour la féverole, la Chine, l’Afrique du Nord et l’Australie, pour les lupins, la Nouvelle-Zélande et l’Amérique du Sud.
    En ce qui concerne les légumineuses prairiales et fourragères, la luzerne est la principale espèce de légumineuse fourragère en culture monospécifique au niveau mondial, tandis que le trèfle blanc occupe les surfaces les plus importantes en prairie multi-spécifique.
    Et le rôle de la Chine?
    La demande mondiale en protéines est actuellement tirée par les pays émergents et tout particulièrement la Chine. La convergence des revenus et des régimes alimentaires à l’occidentale conduit à une demande croissante de viande (blanche surtout) et par conséquent de protéines végétales pour nourrir les animaux. La Chine développe actuellement fortement ses élevages et importe les deux tiers des échanges mondiaux de graines de soja (soit 80Mt sur les 100Mt échangés dans le monde). La tension des prix dépendant de flux commerciaux croissants risque de maintenir l’augmentation des prix à l’avenir.

    FAUX ! Les légumineuses, c’est une grande famille de 18 000 espèces différentes de plantes reconnues pour leurs gousses contenant des graines qui constituent une source alimentaire majeure pour les humains et les animaux. Sur le plan économique mondial, la famille des légumineuses est juste derrière celle des graminées car elle est utilisée dans de nombreuses industries : agriculture, construction, écotourisme, ameublement, horticulture, lutte antiparasitaire, textiles, pour ne citer que celles-là.

    Plutôt VRAI pour l’importance relative entre fourragères et graines jusqu’à présent en France !
    Les légumineuses ont une place importante dans les prairies, mais une place mineure dans les systèmes de grandes cultures. En France, les légumineuses fourragères et prairiales représentent en 2015 l’équivalent de 1,7million ha (Mha) en évaluant la surface équivalente en culture monospécifique. Les surfaces fourragères représentent 12Mha avec en moyenne 20% de légumineuses associées à des graminées dans les prairies temporaires et 5 à 10% dans les prairies permanentes et 100% sur les prairies artificielles (luzerne pure). La révolution fourragère explique largement la réduction des surfaces de légumineuses fourragères en culture pure en France, de 66% dans les années 1960 (de 3,4Mha à 1,5Mha) puis de 30% au cours des 30 dernières années (moins de 1% de la SAU). A priori, les associations prairiales maintiennent leur superficie en prairies temporaires (800 000ha équivalent) et en prairies permanentes (600 000ha équivalent).
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