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Dans un contexte où les risques de pollutions des eaux sont renforcés dans les autorisations de mise en marché (AMM), tous les produits commerciaux à base de métazachlore sont assortis de nouvelles conditions d’emploi d’ores-et-déjà en vigueur pour les prochains semis 2021.
Ces conditions s’appliquent sur tous les produits bénéficiant d’une récente AMM (ex : TRIVALDI, TRIBECA SyncTEC, CIRCUIT SyncTec, BANDO NEON, BODY) ou d’un renouvellement d’AMM (BUTISANS S, SULTAN, NOVALL, RAPSAN TDI) ainsi que sur ceux dont le renouvellement d’AMM n’était pas prévu dans le calendrier (ex : ALABAMA, SPRINGBOK, POLAIRE, ANITOP).
L’ANSES préconise également de faire figurer les recommandations suivantes sur les étiquettes :
Le tableau ci-après reprend les caractéristiques mises à jour pour les produits contenant du métazachlore :
Des différences de conditions d’usage peuvent exister entre spécialités commerciales alors qu’elles contiennent des substances actives identiques.
Par exemple, la Spe1 « fréquence d’application du quinmérac / dmta-P » est différente entre ANITOP et ALABAMA. Le stade limite d’application est différent entre BUTISAN S et SULTAN ou entre BANDO NEON et NOVALL.
La Spe 3 « sol drainé » diffère entre BODY et CIRCUIT.
Attention donc à bien faire l’inventaire des produits contenant ces molécules dans les autres cultures. Citons par exemple le dmta-P et le quinmérac que l’on retrouve en betterave, tournesol ou maïs ainsi que la clomazone proposée en betterave, pomme de terre et protéagineux. L’aminopyralide est dans certains produits céréales.
D’après les enquêtes réalisées en 2020 par Terres Inovia, les retours de colzas 1 an sur 2 ou 1 an sur 3 sont particulièrement fréquents en Bourgogne- Franche-Comté (47 % ha de colza), Centre-Val de Loire & Ile-de-France (42 %), Lorraine (39 %). Il s’agit donc là de surfaces potentiellement soumises à la nouvelle restriction Spe 1 – dose max 500 g/ha de métazachlore pas plus d’une fois tous les 3 ans.
Dans les régions Normandie, Bretagne, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Rhônes-Alpes, cette restriction liée au délai de retour du colza concernera moins d’hectares, mais l’enjeu n’est pas neutre : près de 20 à 25 % des surfaces de colza, tout de même. Dans les Hauts-de-France et en Champagne, cela couvre environ 15 % de la sole colza
A noter qu’avant les nouvelles conditions d’usage, près de 80 % des surfaces françaises de colza recevant du metazachlore ne dépassaient pas la dose de 750 g/ha.
Les « bétoires » sont des cavités naturelles d’infiltration, généralement dans un sol calcaire, par où se perdent rapidement les eaux de ruissellement vers les eaux souterraines. L’étymologie du mot « bétoire » renvoie à un dialecte normand issu du latin bibitoria (« trou pour l'eau, abreuvoir »). De fait, ce terme n’est utilisé quasiment qu’en Normandie. Il a pour synonyme l’appellation « doline » dans les autres régions. Mais d’un point de vue réglementaire l’ANSES fait une distinction à la défaveur de la Normandie.
Lors de la rédaction des nouvelles conditions d’usage du métazachlore, l’ANSES n’a pas précisé les modalités de contrôle, notamment quel(s) référentiel(s) « bétoires » ferai(en)t foi aux yeux de l’administration. Sans éclaircissement à ce jour, la prudence reste de mise.
La Région Normandie, le Département de la Seine-Maritime, le Département de l’Eure, l’Agence de l’Eau Seine Normandie et le BRGM inventorient les bétoires et mettent à disposition les informations cartographiques sur http://sigessn.brgm.fr/?page=carto. Près de 10 000 parcelles agricoles comporteraient une bétoire référencée d’après cet état des lieux.
Dans ce contexte et pour les parcelles de colza concernées, la seule option reste de substituer le métazachlore ou de retirer de la culture de colza une surface contenant la bétoire et compatible avec la PAC.
Pour aller plus loin
► Tableau d’efficacité des herbicides du colza
► Caractéristiques des produits commerciaux