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Les différentes méthodes de lutte à actionner

Article rédigé par
  • Christophe JESTIN (c.jestin@terresinovia.fr), Coralie BRIER (c.brier@terresinovia.fr), Anne MOUSSART (a.moussart@terresinovia.fr)
Les différentes méthodes de lutte à actionner
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    Modifié le : 12 sept. 2023

    La gestion des bioagresseurs s’appuie sur différents leviers agissant à différentes étapes du cycle du bioagresseur et/ou de la culture.

    Introduction

    Parmi ces leviers, des actions préventives et/ou curatives (Figure 1) peuvent être associées pour chaque couple hôte/bioagresseur. Le raisonnement de cette gestion doit s’inscrire à la fois dans une dimension temporelle et spatiale, en particulier lorsque le bioagresseur a la capacité de se dissséminer.

    Ces actions curatives et préventives intègrent cinq grandes catégories de moyens de lutte contre les bioagresseurs : génétique, chimique, physique, biologique et agronomique. Ces leviers sont utilisés pour éviter ou limiter les symptômes et/ou les dommages en intervenant  à trois niveaux (Figure 1):

    • Eviter l’apparition du risque, par une bonne gestion des réservoirs d’inoculums
    • Empêcher le risque de se réaliser, par des mesures permettant de contercarrer la réussite des infections
    • Freiner l’apparition des symptômes et des dommages, par des pratiques culturales adaptées.

    Figure 1. Illustration de leviers contrôle et de lutte sur le cycle de développement des bioagresseurs (d’après le Guide Stephy, 2011, https://geco.ecophytopic.fr/geco/Concept/Guides_De_Conception_Ecophyto).

     

    Actions préventives

    Les actions préventives sont positionnées en amont, dans la rotation, au moment de l’implantation de la culture ou pendant le cycle cultural. Elles ont pour objectif de réduire à terme la pression du bioagresseur et les dégâts sur la culture. Ces différents leviers peuvent être catégorisés en trois modes d’actions.


    1) Réduire la quantité de l’agent pathogène dans la parcelle et en limiter son extension à d’autres parcelles avoisinantes. Cette gestion du stock d’inoculums fait appel à diverses méthodes selon les bioagresseurs, illustrées ci-dessous :

    • Le nettoyage du matériel, sur lequel les spores/graines peuvent être transmises d’une parcelle à une autre (exemple des maladies telluriques comme l’aphanomycès du pois ou la hernie des crucifères) 
    • L’utilisation de semences certifiées dont la qualité sanitaire réduit la probabilité d’introduire par le matériel végétal de nouveaux bioagresseurs.
    • La réduction d’espèces hôtes dans la rotation (culture principale ou interculture). Certains bioagresseurs sont polyphages.  Un outil d’aide en ligne existe sur le choix des intercultures favorables/défavorables à votre situation
    • L’utilisation de certaines cultures dites faux hôtes qui permet d’entrainer une germination suicide des spores ou des graines (cas des orobanches), qui ne sont alors plus viables pour initier la maladie. De telles cultures intégrées dans la rotation présentent un bénéfice pour les cultures hôtes sensibles.
    • La gestion des adventices au sein de la rotation. Des bioagresseurs tels que le sclérotinia ou l’orobanche rameuse peuvent se multiplier sur des adventices en absence de la culture principale, ce qui maintient/augmente la quantité d’inoculum dans le sol.  
    • Le travail du sol, qui dans certains cas permet d’enfouir des résidus contaminés et ainsi de détruire l’inoculum ou de limiter sa propagation aérienne (exemple des pailles de colza ou de tournesol contaminées par le phoma).
    • Le broyage peut accélérer la décomposition des résidus sur lesquels certains bioagresseurs et en particulier des champignons peuvent se maintenir dans le temps. C’est le cas pour les cannes de tournesol, dont le broyage permet de lutter contre le phomopsis.
    • La suppression des repousses constitue un autre moyen de gestion de l’inoculum. C’est notamment le cas pour la hernie des crucifères sur colza ou pour l’aphanomycès du pois qui se multiplient sur ces repousses. Toutefois dans certaines situations, le maintien des repousses sur plusieurs semaines peut permettre de réduire l’inoculum : les graines de l’orobanche rameuse vont par exemple germer en présence de repousses de colza et dépérir à la destruction de ces dernières.
    • La lutte biologique peut permettre de réduire la quantité d’inoculum. C’est le cas du Coniothyrium minitans pour lutter contre le sclérotinia.
    • L’utilisation de semences saines voire traitées, qui permettent de limiter le développement de certaines maladies telluriques ou transmises par la semence.

     

    2) Réduire la probabilité de rencontre entre la culture et le bioagresseur (phénomène d’évitement). Cela concerne principalement :

    • Le choix de la parcelle. Il s’agit d’éviter les parcelles à risque. Dans certains cas, comme l’aphanomycès du pois, des outils sont disponibles pour évaluer ce risque
    • La date de semis. Ne pas semer un pois d’hiver ou une féverole d’hiver trop précocement, en octobre, permettra de réduire les risques de développement précoces de maladies aériennes comme l’ascochytose ou le botrytis. Un pois semé à l’automne échappera partiellement à l’aphanomycès contrairement à un pois semé au printemps. 
    • La densité de semis.   La dispersion d’un bioagresseur est d’autant plus facilitée que les plantes sont proches les unes des autres. Réduire la densité de semis permet de limiter cette dispersion. 
    • L’association de cultures. La culture associée agit comme une barrière pour les spores disséminées au sein du couvert. C’est par exemple le cas pour l’ascochytose du pois lorsque celui-ci est cultivé en association avec une céréale.

     

    3) Minimiser les dégâts en végétation lorsque la culture et le bioagresseur se trouvent tous deux en contact. Plusieurs solutions existent : 

    • La date de semis. Avec une date de semis plus précoce, il est possible dans certains cas d’obtenir une culture qui soit plus robuste face aux attaques du bioagresseur. C’est le cas du colza face au Phoma. 
    • La densité de semis ou l’association de culture. Réduire la densité ou cultiver en association permet d’obtenir un couvert végétal plus aéré et donc moins propice au développement de certaines maladies aériennes.
    • La gestion de la fertilisation et de l’irrigation. Ces pratiques favorables au développement de la culture, le sont aussi parfois pour les bioagresseurs. L’irrigation est par exemple à éviter si le risque hernie des crucifères est avéré car les spores nécessitent de l’eau libre dans le sol pour se déplacer jusqu’aux racines du colza. 
    • L’utilisation de variétés à bon comportement permet de réduire voire d’éviter totalement les dégâts et les pertes à la récolte. Pour éviter le contournement des résistances, des stratégies d’alternance de résistance et/ou d’association avec d’autres leviers ont été mises en place (exemple : Phoma du colza). Pour choisir la bonne variété, rendez-vous sur myvar.
    • La protection fongicide peut également être un levier préventif complémentaire aux autres méthodes agronomiques. C’est le cas par exemple de la lutte fongicide contre le phomopsis du tournesol, à raisonner en fonction du niveau de risque et du Bulletin de Santé du Végétal (BSV).

     

    Actions curatives

    Les actions curatives sont des méthodes de lutte directe qui permettent d’agir même si le bioagresseur est déjà installé sur la parcelle. On retrouve généralement les solutions chimiques qui peuvent être complémentaires aux stratégies préventives décrites ci-dessus. Plusieurs outils peuvent aider au pilotage de ces applications, c’est le cas des BSV.

     

    Combinaison de leviers

    La combinaison de leviers est la clé pour maitriser efficacement et durablement les bioagresseurs des cultures. L’association de méthodes de lutte présente l’intérêt de préserver la durabilité de certains leviers de contrôle. Ainsi, des stratégies existent face au Phoma du colza pour éviter un contournement de la résistance variétale en quelques années. Cette complémentarité est également primordiale quand les leviers individuels ont une efficacité partielle pour réduire au maximum la nuisibilité sur la culture ; c’est le cas de la lutte contre de nombreux bioagresseurs. La synthèse de ces moyens est disponible ci-dessous par culture.

     

    Tableaux méthodes de gestion par culture

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