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Préparation de campagne

Lutter contre les crucifères en colza

Article rédigé par
  • Fanny VUILLEMIN (f.vuillemin@terresinovia.fr); Franck DUROUEIX (f.duroueix@terresinovia.fr)
Lutter contre les crucifères en colza
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    Modifié le : 02 juil. 2020

    Les plus connues sont la moutarde des champs (ou sanve), la ravenelle, le sisymbre et la capselle, présentes depuis longtemps dans le colza.

    ravenelles dans colza

    Ravenelles dans un champ de colza

    Depuis une vingtaine d’années, la calépine, la barbarée et le rapistre se développent localement. Des espèces comme le passerage ou le tabouret progressent dans les parcelles. Cette situation s'explique par la faible efficacité des herbicides sur ces espèces et le retour fréquent du colza dans les parcelles.

    Reconnaître les crucifères

    Barbarée intermédiaire (Barbarea intermedia)

    barbarée plantulebarbarée plante adulte

    1. Plantule - 2. Plante adulte

    • Cotylédons allongés avec un fin pétiole
    • Premières feuilles entières ; les suivantes découpées, dentées, avec l’extrémité en forme de cœur.
    • Plante sans poils, de 30 à 80 cm, à feuillage vert franc très luisant
    • Fleurs jaune pâle
    • Siliques parallèles à la tige

    Calépine (Calepina irregularis)

    calépine plante adulte

    Calépine plante adulte

    • Cotylédons ovales, arrondis, non symétriques
    • Limbes de la plantule tachés de fines ponctuations noirâtres
    • Premières feuilles entières ; les suivantes en forme de violon
    • Plante totalement sans poils, de 25 à 60 cm de haut, de couleur vert-jaunâtre glauque
    • Petites fleurs à pétales blancs inégaux
    • Siliques en forme de citron, portées par des pédoncules arqués vers le haut

    Capselle (Capsella bursa pastoris)

    capselle

    Capselle

    • Cotylédons de petite taille, en forme de losange, avec un pétiole court
    • Plantule à feuilles alternes en rosette. Les premières feuilles ont un limbe entier, elliptique. Les suivantes sont de plus en plus dentées, mais peuvent présenter des formes diverses
    • Présence de poils simples et ramifiés, en étoile sur les premières feuilles, et la base des feuilles adultes (critères sûrs de détermination, observables à la loupe)
    • Plante de 20 à 50 cm de haut
    • Petites fleurs blanches
    • Fruits caractéristiques, triangulaires et aplatis

    Diplotaxis fausse roquette (Diplotaxis erucoides)

    Diplotaxis

    Diplotaxis en floraison

    • Spécificité géographique : est présent principalement dans le Sud
    • Cotylédons glabres et petits, en forme de cœur allongé
    • Plantule à feuilles alternes ; l’axe hypocotylé est très court
    • Feuilles obovales. Les premières sont dentées, puis elles deviennent de plus en plus divisées, avec une pilosité caractéristique, coudée couchée
    • Plante adulte de 30 à 60 cm de hauteur
    • Fleurs en grappes, blanches veinées de rose, virant au violet en vieillissant
    • Siliques courtes, de 20 à 35 mm, avec un pédicelle court et poilu

    Moutarde noire (Brassica nigra L.)

    champ de moutardemoutarde plante adulte

    1. Champ de moutarde - 2. plante adulte

    • Spécificité géographique : se rencontre fréquemment dans les colzas du Sud-Ouest, dans les sols argileux. Elle est très concurrentielle.
    • Cotylédons en cœur déformé et profondément échancrés
    • Plantule à feuilles alternes avec premières feuilles divisées ou à lobes

    Myagre perfolié (Myagrum perfoliatum)

    myagre perfolié

    Myagre perfolié

    • Spécificité géographique : localement très présent dans le Sud, se trouve surtout sur les sols calcaires ou argilo-calcaires.
    • Cotylédons assez grands et elliptiques (15-20 mm de long)
    • Plantule assez charnue, cireuse, d’un vert bleuté
    • Premières feuilles sinuées ; les suivantes lobées et divisées, avec une nervure blanche, large et saillante en face inférieure
    • Plante adulte glabre, de 30 à 110 cm de hauteur
    • Fleurs petites, jaune pâles, en grappes
    • Fruits : silicules trapézoïdales caractéristiques, contenant 3 loges dont seule la basale renferme une graine fertile

    Passerage des champs (Lepidium campestre)

    passerage des champs

    Passerage des champs

    • Cotylédons elliptiques, de 12 à 15 mm
    • Plantule en rosette. Premières feuilles ovales, entières ; les suivantes plus allongées, lobées
    • Plante adulte de 20 à 50 cm de haut
    • Fleurs en grappes denses, divisées, de couleur blanche
    • Poils denses et courts donnant à la plante une couleur grisâtre
    • Fruits : silicules ovales, couverts d’écailles, échancrées au sommet

    Rapistre rugueux (Rapistrum rugosum)

    rapistre

    Rapistre rugueux

    • Spécificité géographique : rencontré principalement dans le Sud, est également présent en Bourgogne et dans le Centre-Ouest. On le retrouve fréquemment, et parfois abondamment, dans toutes les cultures. Il affectionne particulièrement les sols calcaires.
    • Cotylédons moyens, échancrés et glabres
    • Plantule avec feuilles faiblement poilues et peu divisées ; les suivantes poilues, lobées puis divisées
    • Plante adulte de 40 à 140 cm de haut, vert pâle, avec des ramifications se développant souvent à l’horizontale
    • Fleurs de petite taille, jaune citron
    • Fruits : silicules pointues, de 4 à 10 mm de long, indéhiscentes avec 2 articles dont l’inférieur contient une graine

    Ravenelle (Raphanus raphanistrum)

    ravenelle plantuleravenelle plante adulte

    1. Plantule - 2. Plante adulte

    • Spécificité géographique : se cantonne préférentiellement aux sols siliceux, argilo-siliceux et limoneux (par exemple Boischaut, Perche, Sologne et boulbènes du Sud-Ouest). Elle est très nuisible en cas de levée tardive du colza ou lorsque le gel est insuffisant pour la détruire, comme c’est le cas sur la façade atlantique. Une lutte spécifique fondée sur une intervention précoce est alors indispensable, surtout pour les colzas implantés fin août.
    • Cotylédons de grande taille, en forme de cœur, échancrés, sans poils. La longueur du pétiole est supérieure à celle du limbe
    • Feuilles alternes, disposées en rosette ; divisées, jusqu’à la nervure médiane ; hérissées de poils raides, rugueuses au toucher
    • Fleurs blanches ou jaunes très pâles, souvent veinées de violet

    Sanve/Moutarde des champs (Sinapsis arvensis)

    champ avec sanvesanve plante adulte

    1. champ infesté - 2. plantule

    • Spécificité géographique : marque une nette prédilection pour les sols argilo-calcaires et se rencontre dans 10 % des parcelles de colza.
    • Cotylédons de grande taille, plus larges que longs, en forme de cœur. La longueur du pétiole est égale à celle du limbe
    • Feuilles alternes disposées en rosette ; lobées, rarement divisées, velues mais lisses au toucher
    • Plante adulte de 30 à 80 cm de hauteur
    • Fleurs jaunes

    Sisymbre officinal (Sisymbrium officinale)

    sisymbre

    Sisymbre officinal

    • Spécificité géographique : se retrouve dans toutes les grandes zones de culture du colza.
    • Cotylédons petits, elliptiques
    • Plantule en rosette couverte de poils simples
    • Feuilles pétiolées, divisées, à lobes profonds, pétiole violacé ; lobe supérieur en forme de hallebarde
    • Plante adulte de plus de 1 mètre de haut, raide
    • Fleurs petites, jaune pâle
    • Siliques petites (1 à 2 cm), étroitement appliquées contre la tige

    logo inflowebLes adventices citées dans cette page font l'objet d'informations complémentaires dans le site Infloweb.

    Répartition géographique des principales crucifères adventices du colza

    repartition geographique des principales cruciferes adventices du colza

    Dégâts et pertes

    Les crucifères adventices sont à l’origine de pertes de rendement importantes et d’une mauvaise qualité de récolte. Elles exercent une compétition directe et précoce sur le colza en raison de leur grande taille et de leur développement plus rapide. Elles peuvent entraîner jusqu’à 50 % de perte de rendement en cas d’infestation massive.

    Leur présence peut aussi affecter la qualité de la récolte du colza en augmentant sa teneur en glucosinolates. Par ailleurs, les graines de certaines espèces (sanve) sont toxiques pour le bétail.

    Combiner les moyens de lutte

    Aucune solution n’est parfaite pour lutter contre les crucifères, mais la combinaison de plusieurs techniques (moyens de lutte agronomiques, mécaniques et chimiques) permet de résoudre tout ou partie des problèmes rencontrés.

    Les pratiques agronomiques

    Mettre en œuvre un maximum de leviers agronomiques permet de compléter l’action des produits phytosanitaires voire de réduire leur utilisation.

    Le faux-semis reste la meilleure des solutions préventives. Il sera efficace sur la plupart des crucifères dont les graines sont non-dormantes, à condition d’être soigné (affinage du sol, 5 cm de profondeur maxi). Le faux-semis est une technique à répéter tout au long de la rotation, dans chaque interculture (idéalement début septembre ou début mars).

    Dans les essais Terres Inovia, la pratique d’un déchaumage profond puis d’un déchaumage superficiel a montré un meilleur déstockage de ravenelle et de moutarde des champs en interculture (levées plus nombreuses que les autres modalités). L’absence de déchaumage ne permet pas de faire lever de sanve et moins de ravenelle que les déchaumages.

    Effet du travail du sol en interculture colza-blé

    ravenelle et sanvre comparaison

    Ainsi, pour faire lever un maximum de ravenelles et de sanves, réaliser un travail profond post-récolte (fin juillet) puis un travail superficiel rappuyé fin août.

    Cependant, comme le meilleur moyen de faire lever des repousses de colza (dans l’interculture après la récolte du colza et avant un blé) est de ne pas toucher le sol après la récolte ou de réaliser un travail superficiel post-récolte de profondeur maximum de 7-8 cm (en tout cas de ne pas réaliser de travail profond post-récolte qui enfouirait les graines), le meilleur compromis de gestion de repousses colza ET de gestion des crucifères adventices est donc de réaliser un travail superficiel post-récolte puis un travail superficiel et rappuyé fin août.

    Enfin, il ne faut pas oublier que la réussite des faux-semis est fortement conditionnée à la météo estivale, la date des interventions de travail du sol, leur profondeur ainsi que l’outil utilisé pour les réaliser.

    Exemples travail du sol colza

    • Un assolement diversifié avec des dates de semis étalées freinera l’extension de certaines espèces mais sans « casser » totalement les cycles : les levées peuvent avoir lieu aussi bien au printemps qu’en fin d’été et début d’automne.
    • NB : le labour, en revanche, aura peu d’effet sur les crucifères car les graines ensevelies ne perdront pas de sitôt leur capacité germinative. Certains chercheurs ont même démontré que la viabilité des graines tend à augmenter avec la profondeur d’enfouissement.

    La lutte mécanique en culture

    Le désherbage mécanique (bineuse, herse étrille et houe rotative) se révèle intéressant sur les crucifères à condition de profiter de plages météo propices et d’intervenir très tôt sur des adventices faiblement enracinées : stade fil blanc-cotylédon pour la herse étrille et la houe rotative ; 2-3 feuilles pour le binage. Ne pas hésiter à intervenir plusieurs fois si les conditions le permettent.

    Périodes d'intervention des outils mécaniques sur colza

    Le désherbage chimique

    Le désherbage de prélevée peut suffire sur quelques crucifères réputées faciles à contrôler, à condition d'opter pour le bon produit ou le bon programme (exemple : sisymbre, capselle, faible infestation de moutarde noire).

     

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    Dans un contexte de réduction de l’utilisation des herbicides et de progression des phénomènes de résistance, la gestion des adventices doit se réfléchir à l’échelle de la rotation en intégrant les leviers agronomiques, en raisonnant les interventions chimiques et en introduisant des techniques complémentaires comme le désherbage mixte et mécanique.

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