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Le choix d’un couvert adapté est crucial pour maximiser sa réussite et les bénéfices obtenus et limiter les risques. Ce choix passe par l’identification des espèces adaptées et par l’optimisation du mélange pour valoriser leur complémentarité.
Le choix des espèces doit intégrer de nombreux critères comme les bénéfices recherchés, la succession culturale et la conduite culturale prévue. Deux outils permettent d’aider au choix en intégrant ces différents critères :
Outil ACACIA V4 - GIEE Magellan
Les couverts d’interculture apportent de nombreux bénéfices agronomiques et environnementaux (détaillés dans le § service), le choix des espèces à intégrer dans le couvert peut donc être orienté par les principaux objectifs attendus vis-à-vis du couvert. Les espèces, du fait de leurs caractéristiques morphologiques et physiologiques propres, fournissent des services agronomiques et environnementaux différents, dont des exemples sont donnés dans le tableau 1.
Tableau 1. Exemple de services fournis par les couverts végétaux, et des principales espèces adaptées à ces services.
Le choix des espèces à intégrer dans le couvert se raisonne également en fonction des autres cultures de la rotation, et en particulier de la culture suivante. En effet, le couvert peut avoir des effets bénéfiques comme négatifs pour ces cultures, ces effets sont présentés dans le tableau 2 ci-dessous.
Le principal objectif est de limiter les risques sanitaires, en évitant de choisir des espèces de couverts favorisant la multiplication des mêmes bioagresseurs (ravageurs, champignons du sol...) que ceux des cultures. D’une manière générale, il est donc recommandé d’éviter les espèces de la même famille botanique que celle de la culture principale, mais les risques sont différents selon les espèces et les bioagresseurs (Tableau 2). Par ailleurs, les couverts peuvent aussi limiter les risques de bioagresseurs, notamment grâce à l’effet de biofumigation (cf. article service).
Par exemple, en lien avec l’aspect sanitaire :
Au-delà de la gestion du risque sanitaire, le contrôle du couvert et des repousses dans la culture suivante est également un critère à prendre compte. Certaines espèces risquent d’arriver à floraison et de monter en graines, comme le sarrasin par exemple, ce qui conduit à un risque de salissement pour la culture suivante, voire même à l’échelle de la rotation pour les repousses de sarrasin. Le ray grass d’Italie en interculture risque lui de repiquer, et de pénaliser le désherbage de la culture suivante.
Enfin, le choix des espèces se raisonne également selon l’effet sur la fourniture d’azote pour la culture suivante, qu’elle soit positive ou négative. Certains couverts de graminées, notamment lorsqu’ils sont avancés en stade, peuvent avoir un effet dépressif sur la culture suivante (mobilisation d’azote juste après la destruction du couvert). A l’inverse, les couverts de légumineuses apportent généralement de l’azote à la culture suivante.
Tableau 2. Effets des principales espèces de couverts végétaux sur la culture suivantes et les autres cultures de la rotation (Source = Arvalis, Terres Inovia, ITB)
Enfin, le choix des espèces du couvert dépend également de la conduite culturale que l’on souhaite adopter – et au matériel disponible sur l’exploitation : les espèces doivent être adaptées à la période de semis (et à la durée de l’interculture), au mode de semis et au mode de destruction du couvert.
On retrouve trois principales périodes d’implantation des couverts végétaux : semis post-moisson (juillet) de couvert estival, semis intermédiaire (en août) de couvert automnal et semis tardif (en septembre/octobre) de couvert hivernal.
La période de semis conditionne particulièrement le choix des espèces : les espèces présentent des caractéristiques physiologiques différentes, plus ou moins adaptées aux différentes périodes de semis (Figure 1 et Tableau 3).
La date de semis est aussi à raisonner en fonction de la précocité de floraison des espèces choisies, il est en effet recommandé d’éviter de les laisser venir à graine pour ne pas pénaliser le désherbage des cultures suivantes.
Figure 1. Conditions de sol favorables à la germination de différentes espèces. Source = GIEE Magellan
Tableau 3. Périodes de semis favorables pour différentes espèces de couverts végétaux. Source : Terres Inovia, Arvalis, ITB
Les couverts d’interculture peuvent être implantés de manières différentes (cf. article implantation). Chaque espèce est plus ou moins adaptée aux différentes modes de semis, du fait de leur PMG et aptitude germinative, qui conditionnent la profondeur de semis. La règle générale est d’implanter en profondeur les grosses graines et superficiellement les petites graines, sans les exposer en surface pour éviter leur dessèchement.
Tableau 4. Adaptation des espèces aux différents modes de semis
Enfin, chaque espèce est plus ou moins sensible aux différents modes de destruction possibles (cf. article destruction), la sensibilité des principales espèces de couvert à différents modes de destruction est présentée dans le tableau 5.
Tableau 5. Sensibilité de différentes espèces de couverts végétaux à différents modes de destruction. Sources : Terres Inovia, Arvalis
La variabilité de caractères entre variétés au sein d’une même espèce peut être importante, c’est le cas par exemple pour les moutardes, les radis, les vesces ou encore les trèfles blancs, violets et d’Alexandrie.
Figure 2. Taux de floraison de moutardes blanches anti-nématodes le 23 octobre (rose) et le 17 novembre (jaune) pour un semis du 16 août (Source ITB)
Figure 3.Taux de floraison de radis fourragers anti-nématodes le 23 octobre (violet clair) et le 17 novembre (violet foncé) pour un semis du 16 août (Source ITB)
Le mélange d’espèces dans un couvert végétal est aujourd’hui la norme. Ces associations présentent de nombreux avantages :
L’outil ACACIA, développé par le GIEE Magellan, permet de construire en autonomie un mélange adapté à son contexte et ses objectifs, et fournit les points clés à respecter pour la conduite du mélange, ainsi qu’une simulation de son coût. Il est disponible gratuitement ici : |
Pour bien réussir ces mélanges, plusieurs règles sont à respecter :
Figure 4. Schéma illustrant les architectures aérienne (a) et racinaire (b) des espèces d’un mélange. Source : Terres Inovia, GIEE Magellan
Choisir un nombre cohérent d’espèces pour le mélange, en visant entre 3 et 6 espèces :
Eviter de mélanger des espèces dont les profondeurs de semis ne sont pas compatibles. En effet, une petite graine (trèfle, niger, sorgho) positionnée trop profondément ou une grosse graine (féverole) semée trop superficiellement verra son peuplement pénalisé. La profondeur de semis du mélange doit permettre de combiner les profondeurs de semis optimales de chaque espèce du mélange, et se trouve donc à l’intersection des plages de semis de chaque espèce (Figure 5).
Figure 5. Choix de la profondeur de semis optimale du mélange. Par exemple, pour un mélange d'avoine brésilienne, sorgho fourrager, phacélie et moutarde d'Abyssinie, la profondeur optimale est de 2 cm.
Source : ACACIA, GIEE Magellan
Adapter la proportion de chaque espèce du mélange et la densité de semis à la situation
En règle générale, la densité de semis de chaque espèce du mélange correspond à la densité recommandée en pure divisée par le nombre d’espèces du mélange. Quelques adaptations sont possibles pour tirer le maximum du mélange. Par exemple :
En tenant compte des pertes à la levée liées aux conditions climatiques (sécheresse), du mode d’implantation et des conditions de semis (semis direct, présence de paille…) et de l’objectif de biomasse (pour production de fourrage par ex.), il peut être pertinent d’augmenter la densité de semis de 10 à 30% pour l’ensemble du mélange.
Tableau 6. Exemples de mélanges adaptés à différents types d'interculture. Source = Terres Inovia
Guide Magellan Semis Direct (2019)
Cultures intermédiaires, Impact et conduite, Arvalis (2011)
Fiches couverts Arvalis
Couverts d’interculture : Comment choisir des espèces adaptées, Perspectives Agricoles (2020)
Interculture : à chaque situation ses espèces de couvert, Perspectives Agricoles (06/2023)