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Tournesol : des bassins et des pratiques culturales en pleine évolution

14 févr. 2022

Une enquête réalisée par Terres Inovia en 2021 sur les pratiques culturales en tournesol montre que celles-ci sont en pleine évolution. Après analyse statistique pluriannuelle, des pratiques comme un semis précoce, dès que les conditions de ressuyage et de température sont réunies, sont favorables à des rendements en tendance plus élevés.

En tendance pluriannuelle, la sole de tournesol progresse en France. Ainsi entre 2019 et 2021, elle est passée de 603 616 ha à 699 000 ha (+ 16%). Le tournesol est, par exemple, plus présent aujourd'hui que de 2000 à 2015 dans le Centre – Val de Loire, la Bourgogne-Franche Comté et le Grand Est. La culture devient également significative dans le Sud des Hauts-de-France (Oise notamment).

Des rendements moyens très élevés en 2021

La production est en majorité oléique (77%), une proportion qui reste stable par rapport à la précédent enquête. En outre, la campagne de tournesol 2021 a été marquée par des rendements moyens très élevés : la moyenne nationale à 31 q/ha est un record historique depuis au moins les années 1990.

Le tournesol représente, en moyenne, 17% de la Surface Agricole Utile (SAU) des fermes (taux stable par rapport à 2019). La diversification des rotations se consolide et les successions longues et diversifiées, avec notamment du tournesol, sont majoritaires mais les rotations courtes de type tournesol-blé restent présentes dans le Sud-Ouest, après une phase de recul.


Surfaces départementales en tournesol en 2021 (source Agreste)

Des couverts végétaux plus fréquents avant tournesol

Les couverts végétaux implantés avant tournesol poursuivent leur progression. En 2021, ils étaient implantés sur 41% de la sole tournesol, contre 35% en 2019 et 10% en 2009.

Les mélanges à base de légumineuses sont majoritaires (55% ha de tournesol) suivis de ceux à base de crucifères (43%) et de phacélie (30%). A noter : sur la moitié Nord, les qualités d’implantation des couverts ont été pénalisées par les conditions très sèches de l’été 2020. 

 

​​​​​​​Tournesol après couvert végétal de féverole sur l'exploitation de Françoise Parayre, agricultrice en Haute-Garonne et partenaire du réseau Syppre Lauragais animé par Terres Inovia.

​​​​​​​Des semis précoces favorables à des rendements plus élevés

Les semis de tournesol 2021 se sont étalés essentiellement en avril (jusqu’à la première décade de mai dans le Sud-Ouest). C’est une période optimale de semis de la culture lorsque les conditions de température du sol et de ressuyage sont réunies.

En effet, à condition de semer le tournesol sur un sol ressuyé et suffisamment réchauffé à 5 cm de profondeur (>8°C) pour obtenir une levée régulière, les producteurs ont, en tendance pluriannuelle (étude statistiques réalisée sur les enquêtes de 1996 à 2021), tout intérêt à semer tôt le tournesol, c’est-à-dire dès avant le mi-avril, pour obtenir  des rendements plus élevés et éviter (ou limiter) les éventuels frais de séchage, en particulier dans la moitié Nord de la France.
Quant à la densité de semis, elle a peu évolué, la moyenne nationale s’établissant à 73 000 graines/ha. Il s’agit d’éviter les densités de semis élevées (> 75 000 graines par ha) en écartement entre rangs large (> 75 cm) pouvant accroître le risque de verse.

Le désherbage de prélevée reste prédominant

Dans une majorité des bassins, le désherbage de prélevée seul est prépondérant. Seule la région Rhône-Alpes, à forte pression d’ambroisie à feuille d’armoise (première plante invasive et allergène en France métropolitaine), pratique des stratégies de prélevée et de post levée. 

A noter : le taux de binage inférieur à la moyenne pluriannuellle a été observé en 2021, lié en partie aux conditions pluvieuses de mai et juin dans de nombreuses régions. Si 73% des agriculteurs jugent leur parcelle propre, ce taux a baissé au fil des années (75% en 2019 et 85% en 2013), les conditions pluvieuses ayant favorisé l’enherbement tardif des parcelles. 11% d’ha ont été traités avec un fongicide, taux stable par rapport à 2019. Les cibles principales citées sont phomopsis et phoma.
En outre, un quart de la sole de tournesol ne reçoit aucun engrais azoté, qu’il soit minéral ou organique (produits résiduaires organiques) et presque un hectare sur deux (47%) n’a ni phosphore ni potasse. A souligner : pour toute impasse en ces éléments P & K, une analyse de sol préalable est nécessaire. L'application de bore est réalisée sur 54% des surfaces (ce taux était à 29 % en 2006).
Enfin, en lien avec la pluviométrie de 2021 nettement supérieure à la moyenne durant la floraison et le début du remplissage des graines, le recours à l’irrigation a été très peu fréquent (2% des surfaces de tournesol contre 6% lors de la précédente enquête de 2019).

Des récoltes plus tardives que la moyenne

En 2021, les dates de récolte se sont étalées de la deuxième décade de septembre à la première d’octobre. Ces récoltes ont été globalement plus tardives que la moyenne à cause d’un été globalement frais, et particulièrement humide en juillet, qui a ralenti le cycle de la culture mais aussi contribué à un remplissage amélioré des graines. Heureusement les conditions de maturation ont été par la suite favorables, sans pluies excessives. L'humidité moyenne des graines à la récolte dépasse les 9% en 2021 et le recours au séchage a été nécessaire dans certains bassins, en particulier dans le Grand Est. La bonne adéquation entre la date de semis et la précocité variétale, à adapter selon la zone de culture, ressort de nouveau comme un des éléments clés de réussite agronomique et économique de la culture.

Méthode mise en oeuvre

Cette enquête sur les pratiques culturales du tournesol en agriculture conventionnelle a été réalisée sur la base de 1 317 réponses de producteurs dans les différents bassins de production en France métropolitaine, sous forme d’un questionnaire en ligne envoyé par courriel grâce à un fichier d’adresses transmis par FranceAgriMer auprès de Terres Inovia et à usage exclusif pour cette enquête. Le nombre de réponses est en hausse par rapport à l’enquête précédente en 2019.