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Protéagineux : des cultures à potentiel mais des résultats encore hétérogènes

12 oct. 2023

Les surfaces de protéagineux, types hiver et printemps confondus, augmentent mais les rendements sont encore hétérogènes selon les régions en lien avec l’année climatique particulière.

Le bilan démontre l’importance de la recherche et de l’accompagnement technique pour les cultures de protéagineux : les parcelles implantées dans des contextes adéquats de réserves hydriques et sur lesquelles les solutions techniques et agronomiques poussées par Terres Inovia ont été mises en œuvre, ont obtenu, dans l’ensemble, de meilleurs résultats. L’innovation variétale est et sera un levier essentiel pour soutenir la production française de protéagineux dans les années à venir au regard de la sensibilité aux effets du changement climatique de ces cultures.

« La campagne protéagineux se conclut par des résultats hétérogènes mais les protéagineux ont un réel potentiel de développement dans notre pays. Ils participent à la diversification des assolements, à la préservation de la biodiversité mais aussi à notre souveraineté protéique. C’est en diffusant les bonnes pratiques techniques et agronomiques et en continuant les travaux de recherche que nous pourrons collectivement améliorer les rendements et les résistances de ces cultures aux aléas climatiques et aux maladies », déclare Gilles Robillard, Président de Terres Inovia.

Surfaces, rendements, volumes et prix

Les surfaces de protéagineux sont en augmentation sur la campagne au niveau national avec 288 600 ha de pois protéagineux, féverole et lupin, contre 256 200 ha en 2022, soit une hausse de 13%.

Dans le détail, on compte environ 202 400 ha de pois protéagineux (dont 150 200 ha en culture pure et 52 200 ha en mélange avec des céréales), 81 300 ha de féverole et 4 900 ha de lupin.

Du côté des rendements, les résultats sont variables. Le rendement moyen en pois (en culture pure) approche 32 q/ha, avec des performances variables entre 20 et 60 q/ha selon l’état sanitaire et la profondeur de sol. La féverole affiche un rendement moyen de 27,2 q/ha, avec des résultats compris entre 10 et 50 q/ha selon le type de sol. Enfin, le lupin présente un rendement national moyen de 22,0 q/ha.

Les premières estimations en volume pour la campagne seraient d’environ 658 000 t en pois dont 474 000 t en culture pure (566 000 t en 2022 dont 400 000 t en culture pure), 221 000 t en féverole (158 000 t en 2022) et 11 000 t en lupin (volume identique à la récolte 2022).

Dans un contexte de prix globalement orienté à la baisse pour la plupart des matières premières par rapport à la campagne précédente, l’écart de prix entre pois jaune (qualité alimentation humaine) et blé meunier en rendu Rouen, reste d’un niveau élevé, en moyenne de +60€/t sur la période juilletseptembre 2023.

Par ailleurs, le pois, la féverole et le lupin, comme toutes les légumineuses, ne sont pas soumis aux problématiques liées à l’azote (prix, disponibilité) et constituent un très bon précédent pour la culture suivante.

Evénements marquants de la campagne protéagineux

Terres Inovia estime qu’un quart des surfaces de pois était cette année consacrées au type hiver. Les premières estimations de l’Institut indiquent que les variétés d’hiver de lupin et de féveroles ont été les plus largement implantées sur les parcelles en 2022.

Les semis : focus sur les protéagineux d’hiver

La campagne est caractérisée par une année plutôt chaude et un hiver peu marqué par des épisodes de gels mais avec de fortes amplitudes thermiques en sortie d’hiver qui ont fragilisé les cultures trop avancées en stade.

Ainsi, malgré de bonnes conditions de semis, les implantations trop précoces de pois et féveroles (fin octobre, début novembre), fréquentes cette année, ont été les plus impactées en sortie hiver. En effet, l’hiver clément a permis un bon démarrage végétatif et une croissance dynamique.

Les fortes amplitudes thermiques et les gelées tardives ont impacté l’état sanitaire de nombreuses parcelles dans la moitié Nord de la France, et plus spécifiquement les semis précoces. Le temps humide des mois de mars, avril et mai a favorisé le développement de maladies, qui ont dicté le potentiel des cultures en cas de protection insuffisante, à l’exception du Sud de la France plus épargné par ces stress.

Les cultures de pois d’hiver ont été touchées par un complexe de maladies aériennes (ascochytose, colletotrichum et bactériose). Certaines parcelles de féverole d’hiver ont fait
face au botrytis, ponctuellement accompagné d’ascochytose. En lupin d’hiver, de nombreux cas
d’anthracnose ont fait leur apparition.

Focus sur les protéagineux de printemps

les semis des pois, féveroles et lupins de printemps se sont déroulés précocement cette année (de janvier dans le Sud à fin février dans le Nord). Cependant, le printemps froid a retardé les levées et le démarrage de la croissance végétative. Ainsi, l’avance prise grâce aux semis précoces, habituellement bénéfiques pour éviter les stress climatiques de fin de cycle, a été ôtée par la fraîcheur printanière. Toutefois, le développement racinaire et la nodulation
ont été opérés dans de bonnes conditions hydriques grâce aux pluies régulières de mars-avril.

Les conditions climatiques ont permis également de limiter l’activité des sitones, ravageurs
dommageables pour l’alimentation azotée, ainsi que l’arrivée précoce d’autres ravageurs (pucerons, tordeuses).

Floraison, gousses et graines

Focus sur les protéagineux d’hiver

la floraison a été efficace, même si plus courte que d’autres années, débouchant sur un nombre de gousses et de graines correct. Le remplissage des pois a été impacté par les fortes chaleurs de juin, induisant des PMG moyens. Les féveroles et lupins, avec leur cycle plus long, ont pu bénéficier d’un meilleur remplissage avec le retour de pluies mi-juin début
juillet.

Focus sur les protéagineux de printemps

La floraison et le remplissage des gousses se sont heurtés à la dégradation des conditions climatiques. Le manque de recharge des réserves hydriques durant le mois de mai a amené les protéagineux à réaliser leur floraison dans un stress hydrique plus ou moins marqué selon le potentiel des sols.

Mais le principal stress pour les protéagineux de printemps est venu des fortes températures de début juin qui ont écourté la floraison et impacté le début du remplissage. Seules les parcelles tardives ont pu bénéficier du retour des pluies de juin pour rattraper le remplissage. En conséquence, le nombre de grains est faible et le PMG moyen. De fortes hétérogénéités de potentiel ont été observées, ces dernières étant largement liées à la réserve hydrique des sols. La qualité protéique est cependant élevée, liée à une nodulation et une finition du remplissage réalisées dans de bonnes conditions. Cette très bonne qualité protéique est toutefois contrebalancée par la présence de bruches toujours actives en féveroles et montantes en pois.
 

Les bonnes pratiques agronomiques pour conduire les cultures de protéagineux

Au regard du bilan de la campagne, Terres Inovia rappelle que certains choix agronomiques et
techniques ont permis d’obtenir de meilleurs résultats et de limiter les effets du gel et des maladies :
• Importance de la date de semis : premier facteur face à l’exposition au gel, les semis trop
précoces ayant été davantage impactés pour les cultures d’hiver,
• Importance de la qualité d’implantation : semer dans de bonnes conditions favorise une
plante plus robuste,
• Le choix variétal est essentiel : les nouvelles génétiques affichent, pour la plupart, un meilleur
comportement (tolérance au froid, architectures moins sujettes aux maladies). L’utilisation
d’outils d’aide à la décision comme myvar a toute son importance,
• Le bon positionnement de la protection contre les maladies.

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