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Préparation de campagne

En savoir plus sur l’orobanche rameuse

Article rédigé par
  • Christophe JESTIN (c.jestin@terresinovia.fr)
En savoir plus sur l’orobanche rameuse
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    Modifié le : 12 juil. 2023

    La plante parasite et ses hôtes

    L’orobanche rameuse ou Phelipanche ramosa est une plante parasite non chlorophyllienne. Présente sous forme de graines dans le sol, elles ne peuvent germer qu’en présence de molécules émises par les racines de certaines plantes, avant de se fixer sur ces dernières.

    Elle est capable de parasiter de nombreuses espèces végétales, aussi bien des cultures d’hiver que de printemps (colza, chanvre, tabac, melon, tournesol, tomate…) mais aussi des adventices que l’on peut retrouver dans les parcelles de colza (ammi majus, gaillet grateron, géraniums, érodium, calépine…).

     

    orobanche rameuse

    Orobanche rameuse en fleur

     

    Symptômes

    A l’automne, il faut arracher les pieds de colza pour observer des tubercules d’orobanches aux racines.  Entre avril et juin, une fois émergées hors du sol, les tiges ramifiées de l’orobanche rameuse sont visibles à l’œil nu, assez trapues et d’une hauteur de 10-30cm. Les fleurs vont du violet pale au bleu. Avant floraison du parasite, il est souvent difficile de détecter sa présence dans une parcelle. C’est au moment de la récolte que les orobanches arrivées à maturité sont surtout visibles par leur impact sur la culture.

    Tubercules d'orobanche rameuse

    Orobanche rameuse en fleur

    Orobanche rameuse en fleur

    Dégâts d’orobanches sur colza en sortie hiver (variété résistante et non résistante)

    Dégâts d’orobanche sur colza au stade silique (variété sensible entourée de variétés à bon comportement)

    Les infestations sont souvent très hétérogènes sous formes de foyers. Elles débutent généralement par quelques pieds de plantes parasitées, avec des conséquences limitées. Au fil des années, les foyers s’élargissent favorisées par le retour des espèces hôtes jusqu’à envahir toute la parcelle.

    Nuisibilité

    Les dégâts occasionnés peuvent entrainer un effet dépressif sur la vigueur des plantes, un nanisme du colza associé à une chlorose des feuilles, jusqu’à une disparition des pieds pour les variétés les plus sensibles.

    Les pertes de qualité et de rendement peuvent atteindre 100% de la récolte pour les situations les plus infestées si aucune mesure de lutte n’est prise.

     

    Importance

    Depuis 2010, Terres Inovia assure un suivi de la zone d’extension du parasite.
    Ce travail de surveillance est réalisé à travers une enquête en ligne participative.

    Je participe

    L’orobanche rameuse est présente principalement dans l’Ouest de la France, en Poitou-Charentes et en Vendée. Elle est également détectée de plus en plus régulièrement dans le Nord-Est de la France (et notamment dans l’Aube, essentiellement sur chanvre et sur quelques parcelles de colza). Elle est trouvée de façon très localisée sur quelques parcelles, dans le Sud.  Une fois installée, ce bioagresseur est très persistant dans le sol avec des graines qui peuvent avoir une durée de vie supérieure à 10 ans.

    Carte des parcelles recensées

    Consulter les parcelles de colza autres espèces, touchées par l'orobanche rameuse.

    Consulter

     

    Cycle de vie

    L’orobanche rameuse possède un haut degré de dépendance et de synchronisation à celui de sa plante hôte, c’est‐à‐dire que la durée de son cycle de développement varie en s’adaptant à celui de son hôte. Son cycle est de 40 semaines sur colza, mais de 14 à 16 semaines sur tabac, tomate, sarrasin, chanvre.

    Son cycle se divise en deux phases distinctes :

    • Une phase souterraine, qui intègre une phase de préconditionnement et la germination de la graine, sa fixation et sa pénétration dans les tissus de l’hôte avant développement d’une tige souterraine.
    • Une phase aérienne, correspondant à l’émergence d’une tige, floraison et fructification.

    Tubercules d'orobanche rameuse

    Orobanche rameuse émergée

    Orobanche rameuse en fleur

    Orobanche rameuse mature

    Cycle de l’orobanche rameuse sur colza d’hiver

     

    La plante parasite présente sous forme de graines (0.2-0.3 mm) dans les sols, se fixe en général dès l’automne pour le colza, après stimulation de germination des graines d’orobanche par les exsudats racinaires de son hôte. Une fois fixée sur le système racinaire, l’orobanche détourne nutriment, eau et sels minéraux pour croitre et se multiplier. Jusqu’à la reprise de végétation, son développement reste souterrain. Des tubercules se forment au milieu des racines. A partir de la montaison du colza, se forme une tige le plus souvent ramifiée à partir des tubercules, qui émerge hors du sol. Celle-ci développe une hampe florale dont les fleurs sont ornées de bleu violet. Après fructification, chaque hampe va libérer des milliers de graines de la taille de grains de poussières.

    De nouvelles fixations au printemps sont possibles, mais elles sont supposées moins préjudiciables pour le colza.

     

    Facteurs favorables

    Les capacités invasives de l’orobanche rameuse en font un bioagresseur redoutable à éradiquer :

    • Elle est capable de produire des milliers de graines par pied, de taille minuscule (0.2-0.3 mm) se disséminant facilement par le vent, les animaux, les machines agricoles…
    • Les graines peuvent avoir une durée de vie supérieure à 10 ans dans le sol, et résistent au passage dans le tractus digestif des animaux.
    • Elle a un spectre d’hôtes très large, en parasitant de nombreuses cultures et plantes adventices. Elle peut adapter son cycle à celui de son hôte.
    • Elle se développe dans de nombreuses conditions pédoclimatiques.

    Différents facteurs culturales et climatiques favorisent son développement et son extension.

    Sol et climat

    L’orobanche rameuse semble se développer dans toutes les conditions pédoclimatiques françaises, bien qu’il semble qu’elle apprécie davantage les sols argilo-calcaires.

    Les conditions optimales d’infection et de développement sont des températures comprises entre 10-25°C. Les excès d’eau sont défavorables à son développement.

    Pratiques culturales

    Le retour fréquent du colza dans la rotation et d’autres cultures hôtes favorisent l’augmentation de l’inoculum.

    Un mauvais désherbage favorise la multiplication de l’orobanche rameuse, capable de parasiter de nombreuses adventices.

    D’autres facteurs favorisent également la dissémination de la plante parasite par ses graines tels que le broyage des résidus de colza avec des orobanches matures aux pieds, ou l’absence de nettoyage des outils d’une parcelle contaminée à une parcelle saine.

    Autres facteurs

    L’interaction parasitaire peut être modulée par la microflore du sol. Certains micro-organismes favoriseraient la germination des graines d’orobanche et leurs attachements aux racines de leur hôte. Cette interaction tripartite semble spécifique au colza.

    D’autres associations microbiennes semblent corrélées à une réduction d’infestation et à l’apparition de symptômes nécrotiques.

     

    Diversité de l’agent pathogène

    Différents travaux d’analyses génétiques et d’infestations croisées sur plusieurs populations de P.ramosa de la France et l’Europe montrent qu’il existe plusieurs groupes génétiques. Ces groupes se distinguent par leur distribution géographique, une préférence d’hôtes et certains traits phénotypiques (degrés de ramification, taille des tiges, couleurs des fleurs…). Il a été observé la présence exclusive du groupe I à l’Ouest de la France avec une préférence à parasiter le colza et le tabac, et une incapacité à parasiter le chanvre. Ce type se différencie également des autres populations par une croissance moindre sur des espèces communes.

     

    Leviers de lutte

    Face au risque d'infestation croissante des parcelles par ce parasite, Terres Inovia et ses partenaires en région préconisent un plan de prophylaxie et de lutte pour limiter l'expansion du parasite, abaisser son stock grainier dans les sols, et limiter sa nuisibilité sur les cultures. Ces conseils sont distillés tout au long de la campagne dans votre suivi de parcelle. Des mesures agronomiques et prophylactiques sont à associer systématiquement à un choix variétal adapté.

    Les leviers de lutte chimique ou de biocontrôle ne sont pas aujourd’hui autorisés en France et/ou inefficaces pour assurer une protection du colza contre l’orobanche rameuse du colza.

    Quelques projets de recherche et de développement passés et en cours à Terres Inovia pour lutter l’orobanche rameuse

    Durant la période 2010-2013, un partenariat regroupant Terres Inovia, le laboratoire de biologie et de pathologie végétale (LBPV) de l’université de Nantes et les Chambres d’agriculture de Vendée (CA85) et des Deux-Sèvres (CA79) s'est formé pour : mieux cartographier la présence de la plante parasite en France, quantifier l’efficacité de pratiques culturales susceptibles de réduire le stock grainier de l’orobanche. Au cours de ce projet, nous avons pu :

    • Créer une enquête en ligne sur le site de Terres Inovia, qui a permis de mieux appréhender les différents foyers d’infestations;
    • Identifier trois types génétiques (I, II et III) de l’orobanche sur le territoire français, avec une quasi-exclusivité du type I dans l’Ouest et une dominance du type II dans le Nord-Est;
    • Tester des pellicules de colza comme moyen de lutte, et dont l’évaluation au champ a montré des résultats d’efficacité relative;
    • Evaluer le comportement d’espèces adventices (76) et cultivées (34) sous infestation artificielle, dont l’évaluation de certaines au champ. Ceci a permis d’identifier les espèces susceptibles de multiplier l’orobanche, mais aussi d’identifier certaines espèces cultivées non-hôtes ou faux-hôtes, potentiellement capables de réduire le stock grainier au champ.

    Entre 2016 et 2018, Terres Inovia s’est attelé à explorer l’intérêt du levier azoté couplé à différentes dates de semis pour lutter contre l’orobanche rameuse. L’objectif était de réduire les infestations et par conséquent la nuisibilité sur le colza. Les conclusions de ces travaux sont restées mitigées :

    Avec une variété à comportement moyen, pas de risque d’augmenter le niveau d’infestation en fertilisant le colza sous différentes formes N, sans interaction avec une date tardive ou précoce mais les mesures ne permettent pas de généraliser et/ou de valider un effet N sur le niveau d’infestation.

    Comme attendu, on observe un effet date de semis : un semis tardif reste défavorable aux accroches précoces d’orobanches mais avec des risques agronomiques augmentés (altises, faibles biomasses).

    Les conditions expérimentales et la puissance du dispositif n’ont pas permis de conclure sur l’effet potentiel de la fertilisation N*date de semis sur la nuisibilité de l’orobanche rameuse sur colza. Toutefois la modalité « fientes de volaille » semblerait se démarquer en tendance positivement.

    En 2021/2022, Terres Inovia a participé avec la CA85, Terre Atlantique et Océalia au projet LUTOR pour évaluer différentes solutions opérationnelles pour lutter contre l’orobanche rameuse du colza. Retrouver la synthèse des résultats ICI.

    De 2019-2023, Terres Inovia a participé au financement d’une thèse en collaboration avec Nantes Université (Laboratoire LBPV), pour identifier et caractériser les microorganismes du sol qui pourraient être impliqués dans l’interaction orobanche-colza, en particulier ceux qui pourraient réduire l’impact parasitaire observée dans certains champs. Ces travaux ont abouti à :

    • mettre en évidence l’implication d’un microbiote du sol qui facilite la germination et des graines d’orobanches et leurs attachements sur le système racinaire du colza
    • mettre en évidence des micro-organismes susceptibles d’être favorable au colza, en réduisant les infestations et en provoquant des nécroses sur les orobanches.

    Plusieurs candidats ont été proposés au sein du microbiote favorable et défavorable à l’orobanche rameuse. Les travaux se poursuivent pour valider l’implication de ces micro-organismes.

    La recherche se poursuit. La filière oléagineuse via SELEOPRO participe au financement du projet COBRA (Université Nantes/INRAE IGEPP). L’intérêt de ce projet réside notamment dans la capacité à identifier des mécanismes de résistance à des phases précoces de développement de l’orobanche, notamment dans les espèces apparentées au colza. Ces résultats contribueront à proposer de nouvelles variétés de colza durablement résistantes.

    Documents à télécharger

    • Orobanche rameuse : une lutte difficile mais des solutions existent - Perspectives Agricoles - janvier 2015 Télécharger le pdf
    • Fiche orobanche rameuse : les clés pour l’identifier et limiter son extension et sa nuisibilité - 2020 Télécharger le pdf
    • Orobanches du colza et du tournesol : les clés pour lutter - Phytoma n°724 - mai 2019 Télécharger le pdf
    • Orobanche rameuse du colza : la plante parasite exige une grande attention - Perspectives Agricoles - mai 2017 Télécharger le pdf
    • Article dans la revue "Innovations agronomiques" - 2014 Télécharger le pdf
    • Recueil du colloque l'orobanche rameuse - 2013 Télécharger le pdf
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